Roméo et Juliette – Sasha Waltz – Opéra Bastille
Après la reprise de l’opéra dansé de Pina Bausch, Orphée et Eurydice, sur la musique de Gluck en février dernier, c’est au tour de Sasha Waltz de revenir sur la scène de l’Opéra Bastille avec Roméo et Juliette sur la partition de Berlioz. Est-il pourtant ici question d’opéra ? On préférera pour l’occasion parler de ballet chanté. L’œuvre de Berlioz porte en effet le nom de Symphonie dramatique avec chœurs, solos de chant et Prologue en récitatif choral. C’est donc plus de 100 artistes présents sur scène qui nous font face pendant 1h40 dans un décor minimaliste avec une chorégraphie abstraite… et pourtant si concrète.
Intemporel, le mythe Romeo et Juliette a su le devenir au fil de son existence et de ses multiples adaptations artistiques. C’est cette même intemporalité qui jaillit de la chorégraphie de Sasha Waltz dont l’unique décor est une plateforme blanche modulable. Tout de suite reviennent en nous les images du ballet de Wayne McGregor L’anatomie de la sensation présenté sur la même scène en juillet 2011. Là, les pages d’un livre encyclopédique défilaient devant nous, ici, la couverture d’un manuscrit s’ouvre comme dans un conte magique.
Du cœur de l’homme, de toutes les voix de la nature jaillit la divine symphonie
Ce conte, c’est précisément celui de deux êtres incarnés avec majesté par les deux danseurs étoiles Aurélie Dupont et Hervé Moreau (danseur l’on n’avait pas vu sur scène depuis trois ans). On est bien loin de la chorégraphie de Rudolf Noureev sur la musique de Prokofiev qui suit davantage l’œuvre de Shakespeare : Waltz suggère tandis que Noureev raconte. Il en est de même avec la musique de Berlioz qui offre au Chœur de l’Opéra de Paris une nouvelle occasion de briller au firmament.
Il y a d’abord ces strophes magiques du prologue interprétées par la voix tendre et romantique de Stéphanie d’Oustrac qui transporte d’emblée. Puis vient le serment final et moralisateur chanté par la basse de Nicolas Cavallier. Entre temps, Waltz sait surprendre avec un sensible pas de deux tandis que Romeo tentera plus tard de rejoindre sa Juliette dans un silence des anges, auxquels ressemble d’ailleurs le corps de Ballet.
Peut-être que Sasha Waltz donne trop à voir sans forcément montrer en scindant les différents groupes. Il demeure que la chorographie nous plonge dans un romantisme organique et contemporain, non seulement par la musique de Berlioz mais aussi grâce à la gestuelle conçue par la chorégraphe allemande. Une nouvelle preuve que le chant et la danse, quand ils sont associés, se marient à merveille.
Edouard Brane
Twitter : Cinedouard
Roméo et Juliette
Musique : Hector Berlioz
Chorégraphie (Opéra national de Paris, 2007) : Sasha Waltz
Décors : Pia Maier-Schriever, Thomas Schenk et Sasha Waltz // Costumes : Bernd Skodzig // Lumières : David Finn
Avec Stéphanie D’Oustrac (mezzo-soprano), Yann Beuron (ténor) et Nicolas Cavallier (basse)
Les Etoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris
Direction musicale : Vello Pähn // Chef du Chœur : Patrick Marie Aubert
tarifs : de 5 € à 140 €
Durée : 1h45 sans entracte
Opéra Bastille
M° Bastille
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