Miss Carpenter – Marianne James – Théâtre Rive Gauche
Elle incarne cette fois « the best actress Oscar 1967 », alias Miss Carpenter, 82 printemps et tout son mordant… confrontée à la dure réalité de son quotidien, à savoir l’alcool, le chômage, les huissiers, les auditions humiliantes et la solitude… entre autres. Pourtant, pas question de nous infliger quelque pathos que ce soit. Au contraire, notre Marianne nous a concocté un cocktail aussi culotté que revigorant, où l’autodérision côtoie le trash, la tendresse, le charme et où l’humour déploie toutes ses couleurs.
Car, sous couvert d’extravagance, Marianne James reflète l’élégance, y compris quand elle ose tout… même le pire. Sa Miss a la langue -de vipère- bien pendue, un ego surdimensionné, une mémoire pour le moins sélective mais elle a un chien fou (ah ah, vous verrez ça !) et, dans la déchéance, reste toujours flamboyante. Son imaginaire résistant à toute épreuve, elle nous fait voyager dans le temps et l’espace, faisant revivre à travers elle toutes ces grandes actrices du passé qui ont enflammé le grand écran et les spectateurs, comme la dure réalité de toute comédienne rattrapée par le temps et qui galère de casting en casting.
Eric-Emmanuel Schmitt et Steve Suissa, ses metteurs en scène -il en fallait bien deux pour ce monstre de scène- lui ont mijoté un show à sa démesure, où tout est permis et qui transcende son talent. Miss Marianne s’offre ainsi le luxe d’avoir trois Boys (Bastien Jacquemart, Romain Lemire et Pablo Villafranca) des comédiens, danseurs et chanteurs aussi à l’aise en smoking qu’en pagne. Elle les tyrannise à loisir mais la complicité qui transpire entre ces quatre personnages transforme cela en autant d’affrontements joyeusement loufoques… et sexy.
Les péripéties et états d’âme torturée de la Diva s’enchaînent sur un rythme impeccable, nous laissant à peine le temps d’éclater de rire tant les clins d’œil, les trouvailles hilarantes, les running gags fantasques et les surprises jubilatoires, visuels comme textuels, se multiplient à l’infini.
Je n’oublierai pas de vous parler des décors soigneux, des accessoires rigolos et des costumes aussi flamboyants qu’extravagants -au passage, on notera l’omniprésence du vert, couleur tabou au théâtre, un des nombreux codes dont on se joue ici. J’ajouterai surtout la confirmation que Marianne James est une immense comédienne… qui n’a rien oublié de sa rencontre avec Django Edwards sur Ultima Récital. Autant dire qu’elle est toujours aussi barrée et que ça fait un bien fou !!!
Caroline Fabre
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Miss Carpenter
De Marianne James et Sébastien Marnier
Mise en scène de Steve Suissa et Eric-Emmanuel Schmitt
Lumières : Jacques Rouveyrollis
A partir du 12 septembre 2013
Du mardi au samedi, en alternance, soit à 19h, soit à 21h
Matinée le dimanche à 17h30
Tarifs : 45€ (Carré Or), 37€, 30€, 25€ et 12€
Durée : 1h20
Théâtre Rive Gauche
6 rue de la Gaîté
75014 Paris
Tél : 01 43 35 32 31
M° Montparnasse, Edgar Quinet ou Gaîté
[Photographie : © Fabienne Rappeneau]
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