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Les Fausses confidences ou le jeu de l’amour

27 mai 2015
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Les-Fausses-confidences---Odeon

Les Fausses confidences

De Marivaux

Mise en scène de Luc Bondy

Avec Isabelle Huppert, Jean-Damien Barbin, Manon Combes, Louis Garrel,
Yves Jacques, Sylvain Levitte, Jean-Pierre Malo,
Bulle Ogier, Bernard Verley et Georges Fatna et Arnaud Mattlinger

Jusqu’au 27 juin 2015

Du mardi au samedi à 20h
Le dimanche à 15h
Rrelâche le lundi

Tarifs : de 6€ à 36€

Réservation au
01 44 85 40 40

Durée : 2h10

Théâtre de l’Odéon
Place de l’Odéon
75006 Paris
M° Odéon

www.theatre-odeon.eu

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Comme sur un grand échiquier du désir, chaque scène, chaque dialogue agit comme un nouveau coup pour conquérir la belle Araminte, dans Les Fausses confidences, mises en scène par Luc Bondy au Théâtre de l’Odéon. Suspens savamment distillé, de fines scénographie et performances captivent la salle autour d’une passionnante partie.

On se souvient du damier blanc et noir qui composait le plateau du Tartuffe de Luc Bondy. Dans « Les Fausses Confidences » de Marivaux, on imaginerait tout aussi bien bien un échiquier. Le sentiment amoureux, mathématiquement, gagne pied à pied du terrain et l’on assiste à une partie menée d’une main de maître.

fc_3_pascal-victorLe timide et jeune Dorante est amoureux transi d’Araminte, riche veuve d’un rang social supérieur. La belle à ses yeux inaccessible, le soupirant lui voue un amour platonique jusqu’à ce que son ancien valet mette son grain de sel et joue les entremetteurs. Tel un metteur en scène il orchestre leur rencontre, attise peu à peu la flamme de la rentière. Le principal obstacle à déjouer est incarné par la mère d’Araminte. Celle-ci souhaite tirer bon parti du mariage de sa fille avec un comte. Mais il lui faudra bientôt se rendre à l’évidence  ; le triomphe de l’amour sonne l’ « échec et mat » de son ambition sociale.

Car Dorante a un avantage de taille et possède dans son équipe un redoutable cerveau. Dubois maîtrise parfaitement les lois du désir. Machiavélique, il déguise ses véritables intentions, utilise les gens et les situations pour parvenir à ses fins. A coup de révélations, de fausses ou vraies confidences, sa stratégie se déploie.

La scénographie fluide, dont les panneaux coulissant et les changements de décor, réalisés à vue, suggère les bouleversements intérieurs et les passions souterraines qui emportent les personnages.

fc 1 pascal-victorLa performance d’Isabelle Huppert, d’une rare finesse et d’un talent comique avéré, vaut à elle seule le déplacement. La comédienne incarne une bourgeoise contemporaine, habillée en Dior, vouant un culte à ses nombreux souliers qui parsèment le sol. Comme étriquée par les convenances et la bienséance, ses mouvements sont limités. Ses jambes sont entravées par une jupe serrée. Mais peu à peu, à mesure qu’elle accueille le désir, elle s’ouvre corporellement. Ses vêtements, sa coiffure se relâchent. Après moult tergiversations, la belle cède doucement et l’on assiste à la naissance, au développement graduel de ses sentiments amoureux. La comédienne fait résonner toute la palette de couleurs de son cœur dont elle fait tinter jusqu’à la plus subtile touche. Une partition gestuelle poussée, une intonations et un phrasé travaillés, un mélange troublant de contrôle, de détente et de lâcher prise, caractéristique des plus grands, révèlent une artiste au sommet de son art.

Bulle Ogier avec sa canne, son vison et ses lunettes noires, déambule à petits pas nerveux et dessine une marâtre d’un comique irrésistible, très théâtrale, autoritairiste, qui ménage comme il faut ses entrées et sorties de scènes. Manon Combes dans le rôle de Marton, talentueuse jeune actrice est une jolie surprise. Derrière les dimensions comiques et ridicules de son personnage elle révèle un caractère sincère et touchant. Rien à redire concernant la performanceambiguë de Yves Jacques, en jouisseur machiavélique. Il dépeint un Dubois manipulateur cynique mais également sypathique. On aurait cependant apprécié plus de surprise de la part comédien Louis Garrel qui, effacé dans son rôle d’amoureux effarouché, livre une partition somme toute relativement monochrome.

Jeanne Rolland

[Visuels : Les Fausses Confidences, Théâtre de l’Odéon, 2015 © Pascal Victor]

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