La Trahison d’Einstein au Théâtre Rive Gauche
La Trahison d’Einstein Mise en scène de Steve Suissa Distribution : Francis Huster, Jean-Claude Dreyfus et Dan Herzberg Scénographie (décors) : Stéfanie Jarre // Lumières : Jacques Rouveyrollis // Costumes : Pascale Bordet // Musique : Maxime Richelme // Vidéo : Antoine Manichon // Assistant mise en scène : Stéphane Froelinger À partir du 30 janvier 2014 Tarifs : 45€, 37€, 30€, 25€ et 12€ Durée : 1h40 Théâtre Rive Gauche |
À partir du 30 janvier 2014 Le texte d’Éric-Emmanuel Schmitt peine à garder la tête hors de l’eau face à un tel déferlement d’effets tape-à-l’œil qui plombe la mise en scène de Steve Suissa qu’on a connu plus inspiré. Si Huster parvient cahin-caha à un minimum syndical, Dreyfuss s’enlise dans un cabotinage aussi exécrable que pathétique. Dommage. A l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, Albert Einstein, exilé aux Etats-Unis bien qu’étroitement surveillé par le FBI car soupçonné de communisme, rencontre un vagabond qui a largué les amarres avec la société. Le scientifique prix Nobel expose à ce va-nu-pieds son dilemme. Ses travaux qui peuvent mener à la fabrication de la première bombe atomique et contraires à son pacifisme viscéral ne sont-ils pas une trahison faite à l’humanité entière ? Comme avec son roman La Part de l’autre, Eric-Emmanuel Schmitt sonde une face plus obscure, plus méconnue d’une personnalité. Avec pour différence toutefois la réalité historique comme socle (« La Part de l’autre » était avant tout une fiction sur ce qu’aurait fait Hitler s’il avait réussi le concours d’entrée au Beaux Arts). Le sujet est passionnant et son rendu sous la plume de Schmitt réserve de belles envolées. Des effets jusqu’à saturation Hélas sur la scène, elles finissent par raser terre. Steve Suissa, qu’on a connu beaucoup plus discret et efficace, propose une mise en scène ultra lourdingue lestée d’un décor où l’œil ne sait où se promener, le tout dans une débauche de lumières, de vidéo et de musique. Tous sens en éveil, le spectateur risque de voir son attention déportée loin du texte. Totalement à l’étroit, les comédiens peinent à se mouvoir dans ce dispositif. Cela influe-t-il sur la pâleur de leur prestation comme si cette exiguïté scénique les privait de déployer un jeu digne de leur talent ? Difficile à dire. Mais l’impression de voir Francis Huster se contenter d’un strict minimum pour défendre ce physicien de génie qui n’en est pas moins homme constitue une frustration évidente. Son affrontement avec Jean-Claude Dreyfuss, grande figure des scènes qui avait enflammé son public il y a quatre ans avec son mémorable Mardi à Monoprix, tourne à vide, ce dernier hoquetant son texte à la limite de l’audible parfois et s’avérant carrément pathétique. Un duo qui ne fonctionne vraiment pas bien. C’est regrettable comme un rendez-vous raté. Franck Bortelle [Crédits photogrpahiques : DR] |
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