La Source – Opéra Garnier
1866. L’Opéra Garnier n’existe pas encore et c’est vers la salle de son prédécesseur, rue le Peletier, qu’il faut se rendre pour découvrir La Source, nouveau ballet de l’Opéra de Paris. Chorégraphiée par Arthur Saint-Léon sur la musique de Léo Delibes et Ludwig Minkus, l’œuvre fut interprétée 69 fois avant de disparaître suite à l’incendie qui ravagea la salle en 1873. Résultat : presque toute trace du ballet fut réduite en cendre. La fin d’un mythe ? Pas si sûr. Lorsque l’ancien danseur étoile Jean-Guillaume Bart entend pour la première fois la partition en 1990, il ne se doute pas que vingt ans plus tard, cette œuvre sera de nouveau en haut de l’affiche de l’Opéra Garnier avec son nom gravé en grand.
Cette nouvelle Source est non seulement un beau pari, mais surtout un rêve devenu réalité pour un chorégraphe épris du ballet classique et de romantisme, avant tout guidé par la musique. Sa réussite tient à une équipe qu’a su intelligemment rassembler Brigitte Lefèvre, directrice de la Danse de l’Opéra de Paris, avec au premier rang le couturier Christian Lacroix. Bénéficiant du soutien de Swarovski, ses costumes semblent eux aussi sortis d’un long sommeil entre tulle de soie, tweed et saris scintillants. Il suffit ainsi de voir s’élancer ces vingt Nymphes et leurs ports de bras pour s’en rendre compte.
Mathias Heymann, elfe prodige
Elles ne sont cependant pas les seules à briller sur scène. Autour d’elles, le danseur Etoile Mathias Heymann n’en finit pas d’impressionner et de récolter les applaudissements les plus élogieux. Son elfe Zaël, copie du lutin Puck dans le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, est si marquant, enjoué et présent que le ballet pourrait porter le nom de son personnage. On aura en effet beau chercher : de « source », il n’y en a malheureusement aucune trace dans la scénographie d’Eric Ruf. Au lieu de cela trônent une forêt de guindes et un « palais » de velours faisant directement écho au rideau de scène en toile peinte de la scène de l’Opéra Garnier. D’après son collège dramaturge Clément Hervieu-Léger : « le décor n’est plus la reconstitution d’un lieu, mais l’expression d’un paysage mental. » Admettons : quitte à toutefois penser qu’un peu plus d’herbe, d’eau, de fleurs et de monuments auraient été les bienvenus. L’imagination quant à elle émanera surtout de la musique enlevée et brillante de Delibes face à celle mélancolique de Minkus. L’ensemble de ces talents réunis permet en tout cas de placer La Source comme une création unique du Ballet de l’Opéra de Paris. Grâce à sa captation audiovisuelle le 4 novembre, on sera rassuré de savoir qu’il restera une trace entière et nécessaire de ce ballet qui inspira même Edgar Degas pour son tableau Portrait de Mlle Eugènie Fiocre dans le ballet “La Source”.
Edouard Brane (Twitter: Cinedouard)
La Source
Livret d’après Charles Nuitter et Arthur Saint-Léon
Musique de Léo Delibes et Ludwig Minkus
Réalisation : Marc-Olivier Dupin // Chorégraphie : Jean-Guillaume Bart // Décors : Eric Ruf // Costumes : Christian Lacroix // Lumières : Dominique Bruguière // Dramaturgie : Clément Hervieu-Léger et Jean-Guillaume Bart // Direction musicale : Koen Kessels
Les Etoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet Orchestre de l’Opéra national de Paris
Diffusion en direct le vendredi 4 novembre à 19h30 dans les salles de cinéma avec Gaumont/Pathé en France et à l’étranger.
Opéra Garnier
8, rue Scribe
75009 Paris
M° Opéra
[Crédits Photos : Anne Deniau / Opéra national de Paris]
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