L’histoire commence de manière classique : quatre potes sur les bancs d’un lycée au milieu des années 90 se retrouvent autour d’une passion commune pour le rock, et notamment les Smashing Pumpkins qui font l’unanimité au sein du groupe. De Billy Corgan et ses citrouilles, Lionnel, Seb, Tom B. et Tom F. admirent avant tout les contradictions : délicatesse neurasthénique et fureur hystérique en cohabitation permanente, comme sur ce morceau de Siamese Dreams intitulé… justement: “Soma”. Et bien que leur gloutonnerie musicale les ai poussé à ingurgiter durant toutes ces années d’apprentissage les albums de Supergrass, Oasis, The Divine Comedy, Electric Soft Parade ou Jet, Soma n’a jamais eu d’autre prétention que de jouer une musique qui lui est propre, n’utilisant ces illustres influences que pour relever ici ou là un plat déjà consistant.
Avec de telles ascendances anglo-saxonnes, la langue anglaise est adoptée d’office, pour sa musicalité et les émotions qu’elle seule sait transmettre (ce qui n’empêche pas le français de faire une incursion remarquées sur “James Dean”).
Véritable groupe de scène, avec plus d’une centaine de concerts à son actif , Soma passe la vitesse supérieure et sort bientôt son premier album. Tel le groupe américain légendaire Cheap Trick, Soma est incapable de trancher entre l’évidence des mélodies pop et l’agression salvatrice du rock; “Jewel and the Orchestra” est à l’image de ses créateurs et oscille constamment entre ces deux tendances, qui ne sont jamais aussi fortes que lorsqu’elles se télescopent lors d’heureuses collisions.
Comme “Get Down” qui ouvre l’album et contient le tube (qui mériterait d’être planétaire) “Get Down”, qui ressemble à l’improbable combinaison entre un riff des Hives et les envolées pop de The Killers, tout en ayant l’urgence et le pouvoir d’attraction d’un “My Sharona” des Knack.
Tout de suite après: “The Backyard” tout aussi décomplexé, où le riff bien rock des couplets et la puissance pop du refrain s’entremêlent jusqu’au final rugissant des décibels empreints de nostalgie: « On voulait un truc à la fois pop classieuse et rock nerveux pour faire le lien entre les morceaux pop et les titres rock de l’album. Avec ces deux entités qui cohabitent, cette chanson est celle qui nous résume le mieux au final. »
Les chœurs aériens de “Funeral Party” et son coda festif vous invitent à un enterrement d’un genre un peu particulier.
Suivent ensuite dans le désordre “James Dean” qui confronte l’insouciance autodestructrice des années
“live fast, die young
“ à notre société occidentale actuelle, aseptisée et conformiste; c’est aussi le thème de “Frisco”, cavalcade échevelée dans les rues de San Francisco à la poursuite des fantômes de William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac, qui planent encore sur la capitale des beatniks.
Petite comptine orchestrale, “Jewel and the Orchestra” convoque mélodicas et cymbales à une incursion furtive dans un univers mélancolique proche de The Divine Comedy: « Cette chanson a été composée pendant l’enregistrement au studio Black Box. Après une journée harassante, j’ai pris la guitare et j’ai chanté cette chanson comme ça. Antoine (le réalisateur) et Vincent (le directeur artistique) se sont retournés dans la cabine et ont demandé “C’est de qui, ça ?” Et vu que tous les instruments étaient déjà rangés, on s’est mis en tête de l’enregistrer avec ce qui traînait dans une vieille cagette : un mélodica, des cymbales toutes pétées, des maracas, une vieille cabine Leslie, des toms usés et une guitare acoustique… C’est ce qui donne à la chanson son cachet unique. On a commencé à deux heures du mat’ et on ne s’est pas couchés tant que le morceau n’était pas dans la boîte ! »
Sur “So Fine”, Soma fait montre de toute son érudition pop sixties (celle des Turtles, des Zombies ou encore des Beatles) et brode des arrangements délicats qui se transforment pour les soixante dernières secondes en un flamboyant gospel rappelant les Beach Boys.
Enfin avec son riff percussif et monocorde, “20 Minutes” martèle son urgence métronomique sur fond de disco-rock; un tube vénéneux bouclé en 3’32” chrono qui n’a pas fini de déchaîner les foules et d’affoler les ondes. Du moins, c’est ce qu’on leur souhaite.
L’ultime morceau “Vanity” et ses incessants allers-retours rythmiques clôt l’album sur une impeccable pépite douce-amère.
Féru de gros son et d’arrangements, le groupe a tenu à enregistrer les chansons de”Jewel and the Orchestra” en analogique au studio Black Box d’Angers (Last Shadow Puppets, Klaxons, dEUS, Deportivo…) sous la houlette d’Antoine Gaillet (Mademoiselle K, M83…). Ils réaliseront ensuite un rêve en faisant mixer l’album à Los Angeles par une de leurs idoles, Dave Sardy, qui a notamment produit Oasis, Cold War Kids, Jet ou les Dandy Warhols. Soma devenant le premier groupe français avec lequel l’américain acceptera de travailler.
Dans “Le Meilleur des Mondes“, Aldous Huxley décrit le Soma comme un médicament aux propriétés anxiolytiques, une drogue supprimant toute forme d’émotion ; avec “Jewel and the Orchestra” le groupe vient d’en produire l’antidote.
Après leur admirable prestation du 25 Novembre 2009 à Paris (Scène Bastille) où grâce à leur talent de compositeurs, d’instrumentistes et leur ingénieux jeu de scène, ils ont volé la vedette aux deux autres groupes présents ce soir là, retrouvez dès le 20 Février 2010 l’un des meilleurs groupes de l’hexagone en tournée dans toute la France.
A voir de toute urgence le brillant clip de “Get Down” et son inspiration très
Quentin Tarantino (période Reservoir dogs).
en version censurée
http://www.youtube.com/somaofficiel#p/a/u/1/O6neEjZfDbQ
en version non-censurée
http://www.myspace.com/somafrance