Solidays 2012 – Jour 3 : (We’re) only happy when it rains!
1995 réchauffe
Après une large parenthèse studieuse à l’espace presse, il est temps de jeter un œil sur les énigmatiques Airnadette qui proposent une prestation théâtrale aussi novatrice que loufoque. Derrière la mise en scène, le choix des costumes (inspirés du film Rambo et d’écoliers attardés notamment) et des bandes-son (Paint In Black, Wayne’s World…) s’avère cohérent et original. Peu commune, l’idée du groupe remporte les suffrages de ce début de soirée. Programmé dans le même temps, le groupe General Elektriks joue des titres originaux, jamais linéaires, et reprend Bowie. A la basse, Jessie Chaton se déambule autant que lorsqu’il officie comme leader au sein de Fancy. Après un premier ravitaillement (nécessaire) au stand pizzas et quelques glissades dans les allées boueuses, arrivée à la scène «Paris» pour voir si la réputation de Charlie Winston n’est pas usurpée. Constat : l’esthète anglais mène la barque avec un sourire permanent, heureux d’être là. Musicalement, l’auteur de Like a Hobo se montre aussi habile à la guitare que derrière son piano. Vocalement discipliné, il se permet quelques montées remarquées alors que le froid s’installe progressivement au coeur du site. Pour se réchauffer, rien de mieux que d’aller sous l’immense toile du « Domino » où les 1995 (1,9,9,5) posent leurs rimes avec fougue.
Le jaguar n’est pas mort
Décontracté en conférence de presse quelques heures plus tôt, le collectif l’est aussi devant le public à qui il demande de “faire trembler la terre” après une version boostée de La Suite. Doués dans leurs textes, bons performers, les 1995 ont sûrement pris exemple sur Joey Starr qui révise ses gammes en sourdine avant d’investir la scène de la « Bagatelle » pour de bon. Trois DJ’s aux platines, un bassiste, un guitariste, un batteur. L’équipe du « jaguar » est au complet pour mettre le feu aux poudres. Toujours protestataire, Joey joue la carte de la violence saine en s’attaquant gentiment aux problèmes sociétaux, servi par un son largement emprunté au métal. Malgré les ans, la légende vivante du hip-hop français saute et crie comme ses cadets. Seul bémol, une voix quasi-inaudible qui ne décrédibilise pas le concert du colosse pour autant.
Fidèles au poste depuis le début d’après-midi, des centaines de personnes décident de quitter le site après avoir affronté les turbulences météorologiques. Dommage, ils n’auront pas pu profiter des déferlantes lancées par Garbage en clotûre du festival.
Garbage, comme une évidence
Meilleur concert des Solidays ? A écouter la set-list du soir, il était difficile de faire mieux. Le secret de Garbage? Posséder une chanteuse hors-norme et des musiciens/producteurs qui connaissent la musique dans ses moindres détails. Servi par un son colossal, le groupe du Wisconsin arrive à convaincre les survivants du festival à coups de tubes savamment exploités pendant l’heure allouée. Après un début électrique (Automatic Systematic Habit, I Think I’m paranoid), Shirley Manson s’essaie au français qu’elle décrit comme « la plus belle langue du monde. » Le public ne s’y trompe pas et met de la voix quand Stupid Girl ou Queer sont évoqués. Limités par le temps, les Garbage vont à l’essentiel jusqu’à cette version originale de Only Happy When It Rains, avant-dernière chanson d’un show splendide, conclut par un instant de communion inattendu. Alors que le concert prend fin, les bénévoles restés jusqu’au bout viennent sur scène et participent au final Cherry Lips dans une ambiance folle. Partie en retrait, la chanteuse laisse la parole à Luc Barruet (directeur/fondateur de Solidarité Sida) qui remercie chaleureusement les festivaliers, et de leur rappeler l’importance de cette lutte qui semble interminable.
Olivier Cougot
Photos par Jacob Khrist
A découvrir :
– le diaporama réalisé sur Flickr par Jacob Khrist
Et sur Artistik Rezo :
– Solidays 2012 – Jour 1
– Solidays 2012 – Jour 2
– Festivals de musique de l’été 2012 (rock, variété française et internationale)
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