Les Eurockéennes de Belfort 2011
« Cher journal,
Tant de mots me viennent à l’esprit pour décrire le week-end que je viens de vivre que je ne sais par où commencer. Dans un premier temps peut-être, tout simplement par : « Waouh ! » Que de souvenirs accumulés durant ces trois jours, tous entremêlés et profondément immergés dans un océan de mousse blonde. Passons les détails du trajet et du parcours du combattant pour parvenir à atteindre le camping. Tout cela fait partie du jeu et une fois le saint Graal atteint, tout ceci n’était plus qu’une vague réminiscence des habituelles péripéties rencontrées lors de ce type de séjour. Le camping était tout à fait comme je l’avais imaginé. Impressionnant tant par sa taille que par l’effervescence qui y régnait et ce dès le vendredi après-midi mais, plus étonnant, encore le dimanche soir malgré une fatigue pesante et bien visible chez chaque festivalier. Si cette ambiance doit évidemment beaucoup à l’alcool coulant à grand flot dans le sang de la plupart d’entre eux, elle s’explique également par ce qui ressemble à grand élan de la solidarité. « Tous dans le même bateau ! » comme dirait l’autre. Douches froides et nuits polaires, matinées chaudes et après-midi arides, c’était la même galère pour tout le monde mais tous, du coup, se comprenaient et savouraient les bons moments partagés ensemble autour d’un feu comme d’une bière fraîche.
Battles et Metronomy a l’honneur
« Et la musique dans tout ça ? » me diras-tu. Que de surprises ! Vendredi soir, mes compagnons de fortune m’ont quitté pour se rendre au concert des Tings Tings qui, à leurs dires, était une belle réussite. La participation d’un musicien supplémentaire de la scène régionale a semble-t-il permis de développer leur présence scénique. Quant à moi, j’ai préféré me précipiter sur la scène de la Plage pour découvrir les truculents Battles. Autant dire que le jeu en valait la chandelle, l’électro-rock vivifiant de ce trio détonnant a parfaitement égayé et surexcité l’assemblée réunie face à eux au bord de l’eau. Beth Ditto a fait du Beth Ditto, donnant de la voix comme elle sait le faire, le côté exubérant et exhibitionniste des débuts en moins. On a vu des Tryo plus en forme mais leur prestation juste convenable a semblé suffire à convaincre leurs fans. Mais l’autre bonne nouvelle du soir vient de l’électro-pop pétillant du quartet britannique Metronomy suscitant l’enchantement du public qui n’enespérait peut-être pas tant dans la même soirée. Il y a fort à parier que ce groupe a encore de belles années devant lui.
Dès cette première soirée, la musique m’a porté au-delà des limites de mon corps déjà contraint de puiser dans ses réserves pour me ramener jusqu’au camping. Sur le trajet, les cadavres s’amoncelaient déjà ; une partie allait sans doute finir recyclée et l’autre récupérée par ses amis pour être couchée sous sa tente de dégrisement.
Du gros son rock à la bombe électro
Samedi, au terme d’une nuit peu réparatrice, la fatigue commençait déjà à se faire sentir ; pour certains la nuit aura été très courte et le mal de crâne difficile à atténuer. Pour ma part, la forte chaleur a eu raison de ma motivation de l’après-midi. Mon samedi concert débuta par la claque Motörhead qui malgré les années que l’on ne parvient plus à discerner sur leurs visages continuent à envoyer du lourd. Les décibels nous explosaient à la figure et le public s’est rapidement pris au jeu des pogos et n’en attendait sans doute pas moins du trio anglais. Les légendes du hip-hop House of Pain ont quant à eux exécuté un Set-List décapant sur la deuxième scène du festival pour le plus grand plaisir des amateurs du genre comme des néophytes, suivis à quelques minutes prêt sur la grande scène des Queens of the Stone Age. Si les as du stoner nous ont livré un concert plus qu’honorable, il a plané comme une sensation de déjà vu, due sans doute à une Play-List peu originale, qui s’est achevé comme à l’accoutumée, par un « A Song for the Deaf » toujours aussi génial. La soirée a pris fin sur la sortie de scènes des quatre DJ de Birdy Nam Nam, venus aux Eurockéennes afin de présenter les morceaux de leur troisième album. Un show de lumière moins ambitieux que pour la précédente tournée, si dans un premier temps la mayonnaise a parfois eu du mal à prendre le groupe a malgré tout bien cassé baraque, assurant un show qui aura eu le mérite de faire danser et planer le public de Belfort. A noter un remake de leur grand classique Abbesses tout simplement magistral. Il aurait simplement fallu qu’on en voie plus pour que le plaisir soit total.
Un Philippe Katerine fun, des Arctic Monkeys sous somniphères
Ce matin, en ce beau premier dimanche de juillet, le constat était effarant. Après une nuit tout aussi brève que la précédente, mon corps ne répondait plus de rien et malgré la grande fatigue la chaleur avorta toute tentative de sieste. C’est en traînant des pieds, mais bien déterminé à profiter de la dernière journée de ce festival hors norme que je partit avec ma fine équipe sur le site du festival. Comme une fois n’est pas coutume, nous n’y sommes arrivé que vers 19h, pile à temps pour le grand apéritif aux couleurs de Philippe Katerine. On pourra toujours dire ce que l’on veut sur lui, mais que ces reproches soient justifiés ou non, s’il y a bien une chose qu’on ne pourra lui enlever, c’est la qualité de ses prestations scéniques. S’il est loin de chanter juste, ce joyeux saltimbanque a le mérite de prendre un réel plaisir sur scène et à le communiquer en proposant des prestations folles et enjouées qui ont le mérite d’égayer une journée où il était bien compliqué de se maintenir éveillé. Sur la plage, Odd Future donnait de la voix et explosait les enceintes de la scène jusqu’à ce que surdité s’en suive. Il était presque inutile de s’attarder devant pour profiter de leur prestation tant le son était audible sur une grande partie de la presqu’île. Quelques réglages sont sans doute à prévoir du point de vue du son à l’avenir. Puis mes dernières forces m’ont porté jusqu’à la grande scène où devaient se dérouler les concerts des Arcade Fire et des Arctic Monkeys pour lesquels j’ai délibérément choisi de les conserver. Le talent fou des premiers nous a très vite explosé à la figure, forts d’une présence scénique époustouflante. A 200%, la troupe canadienne semblait en transe nous offrant une belle prestation ternie malgré tout par une mauvaise sono. Chargés de la clôture du festival, les Arctic Monkeys sont ma déception du festival. Malgré les gros tubes sortis d’entrée, le manque criant d’originalité et de folie de leur prestation m’a fait passer en quelques morceaux du stade de l’excitation à celui du sommeil paradoxal. Ce triste constat se retrouve particulièrement chez Alex Turner, un leader semble-t-il trop préoccupé par la justesse de son chant pour pouvoir prendre réellement son pied sur scène.
Au terme de ces trois jours de musique fous, il est temps pour moi de plier bagage, saluer mon compagnon du week-end, faire un dernier tour du camping et m’imprégner une dernière fois de son ambiance et son atmosphère au rythme des « apéro ! » vociférés par tous les soiffards du camping. La tête pleine de souvenirs, je repars, pour mieux revenir, les jambes lourdes mais l’esprit léger. Mais pour l’heure un autre périple m’attend, celui du trajet retour. »
Yann Soroka
A lire sur Artistik Rezo :
– Les meilleurs festivals de l’été 2011
– Le compte-rendu des Eurockéennes de Belfort 2011 par Olivier Cougot
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