Jean-Yves Thibaudet – Daniele Gatti – Théâtre des Champs-Élysées
Le programme débute par la Symphonie N° 96 de Joseph Haydn, l’une des Symphonies Londoniennes. Nous retrouvons la disposition scénique chère à Gatti, que seul le national propose à Paris : les violoncelles à gauche, derrière eux, les contrebasses, et à droite, en face des premiers violons, les seconds violons. C’est un orchestre d’une trentaine de cordes pour cette oeuvre.
Le thème rythmique du premier mouvement est très enlevé, l’orchestre est précis et la direction du chef italien semble toujours très stable et économe. Le deuxième mouvement, le plus surprenant de l’oeuvre, est à peine un mouvement lent. Son caractère théâtral et ses modulations abruptes sont du grand Haydn… si bien que le Menuet suivant, plutôt lent, s’enchaîne avec un caractère presque identique. Saluons le beau solo du Hautbois dans le Trio.
Plus relevé, le bref Finale va crescendo et emporte le public du Théâtre des Champs-Élysées dans de vifs applaudissements.
Plus connu aux États-Unis, où il vit à Los Angeles, qu’en France, le pianiste français Jean-Yves Thibaudet, 52 ans, possède aujourd’hui une grande renommée internationale.
Le Concerto en Sol de Ravel nécessite une redoutable précision rythmique. L’énergie qui se dégage de l’Orchestre est magnifique. Les sonorités quasi bruitées du premier mouvement sont impeccablement jouées. Le deuxième mouvement, au discours harmonique si étrange, l’un des plus étonnants du compositeur, débute par une magnifique cadence de piano. Le pianiste ne perd jamais la ligne et nous conduit vers une progression dramatique intense.
Le troisième mouvement témoigne de la grande virtuosité du pianiste, mais aussi de l’orchestre, enchaînant les plus subtiles sonorités.
En bis, Thibaudet interprète la Pavane pour une infante défunte.
Daniele Gatti aime les intégrales puisque chaque année il en propose une différente. Après Brahms, Mahler, et Beethoven, il attaque Tchaïkovski. Autrement dit, uniquement de grands classiques du répertoire, fréquemment joués.
Un orchestre de soixante cordes, et dès le premier mouvement, une sonorité profonde sous la direction flegmatique du chef italien. Composée par un compositeur de 28 ans, cette Symphonie est, aussi bien dans la thématique que dans l’efficacité orchestrale, exemplaire de son style. De la Valse du Scherzo aux tessitures graves des bois dans l’introduction du quatrième mouvement, l’Orchestre National magnifie les couleurs tchaïkovskiennes et saisit le public dans un apothéose sonore formidable.
Haydn Symphonie n° 96 « Le Miracle »
Ravel Concerto pour piano en sol majeur
Tchaïkovski Symphonie n° 1 « Rêves d’hiver »
Jean-Yves Thibaudet, piano
Orchestre National de France
Daniele Gatti, direction
Théâtre des Champs-Élysées
15, avenue Montaigne
75008 Paris
[crédit photo: Decca-Michael Tammaro]
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