Festival de Cannes – 15 mai 2013
Le train est lui-même à l’image du microcosme cannois. Les journalistes commencent à écrire ou rattrapent sur leurs ordinateurs des films des réalisateurs des différentes sélections, les producteurs échangent des cartes de visite, les aspirants comédiens/réalisateurs tentent d’attirer le regard pour se faire connaître.
Personnellement, après avoir tout subi lors de ce voyage en train de 5 heures les années précédentes, j’ai opté cette fois ci pour la première classe. Voyager snob pour se mettre dans l’ambiance de mon festival. J’ai mis un moment à me rendre compte que la personne qui était assise sur la même rangée que moi était Jane Campion. Oui, la réalisatrice de talent récompensée cette année d’un Carrosse d’or. J’admire son aura, son détachement, son naturel (qui d’autre pourrait avoir l’air inaccessible en grignotant des bretzels et en sifflant des verres de vin rouge dans un tgv ?), je me laisse aller à la rêverie, je me grise de son talent, et, finalement, le trajet passe plus vite que prévu.
Mauvais calcul, cette année, mon train arrive en gare de Cannes à 20h, ce qui est exactement l’heure de fermeture du bureau des accréditations. Sans ce fameux pass, je ne suis pas habilitée à me rendre dans les salles de cinéma. Me voilà condamnée à l’inactivité (sous la pluie) jusqu’au lendemain midi. À moins que… Mon esprit a déjà fait la bascule vers mon « moi cannois ». Je dégaine mon portable (mon nouveau meilleur ami pendant 10 jours) et je fais marcher mon réseau pour trouver une solution.
20h, j’arrive en gare de Cannes avec ma valise gigantesque. Mon accréditation a été récupérée par un collègue qui l’a fait passer à un autre puis à un autre, je n’ai plus qu’à aller la chercher à un autre appartement avant de courir dans une salle. Ce micro-problème de taille a été réglé de main de maître, je n’ai plus aucun doute que le reste du festival se déroulera comme sur des roulettes.
30 minutes seulement après avoir posé le pied sur le sol cannois, je suis débarrassée de mon encombrante valise et je cours à travers la ville pour rejoindre une salle de cinéma. La machine est lancée, je suis plus motivée que jamais.
Je commence mon festival avec Heli, un film mexicain en compétition officielle du réalisateur Amat Escalante. Heli raconte l’histoire d’un jeune homme du même nom, droit et simple qui va être confronté malgré lui à une histoire de drogue ainsi qu’à la corruption des militaires et de la police. Un drame qui délaisse le véritable climat social mexicain pour ne se concentrer que sur la mise en scène et les performances techniques. Ce film choc (on aura entendu la salle de presse crier en chœur deux belles fois avant de la voir se vider peu à peu), est l’œuvre d’un grand metteur en scène mais trop malin pour savoir faire preuve d’humilité vis à vis de ses personnages comme de ses spectateurs, c’est bien dommage.
Il est plus de minuit quand je rejoins la colocation sous la pluie battante (d’où l’achat d’un parapluie à un vendeur ambulant comme il en pullule pendant le festival). Épuisée par le voyage, épuisée par le film, je décide de rester sage et de suivre la très attendue soirée officielle du film Gatsby le magnifique via twitter. J’attendrai la fin du feu d’artifice pour fermer les yeux et ne plus les ouvrir que vers 7h le lendemain matin.
Lucile Bellan
A (re)découvrir sur Artistik Rezo :
– Sélection officielle du festival de Cannes 2013
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