Festival de Cannes – 20 mai 2013
Takashi Miike est un réalisateur japonais très productif (il lui est arrivé, dans sa carrière, de réaliser entre 2 et 3 films par an) qui avait déjà eu les honneurs d’une sélection à Cannes avec son remake 3D du classique Hara Kiri. Cette fois ci, sa contribution n’a plus rien de classique et relève même du nanard. Le scénario à la limite du mauvais goût (ne vous fiez pas aux deux phrases du résumé) est plombé par le jeu pachydermique des acteurs et même le réalisateur ne parvient pas à insuffler de la vie dans ce qui aurait pu être un bon film d’action.
À 11h, je me retrouve en salle Debussy pour Omar, film palestinien présenté en sélection Un certain Regard. Le film est fort, choc, puissant, beau et, en dehors de toute considération politique ou religieuse, est un concentré de cinéma pur. Hany Abu-Hassad, crée une tension et une empathie étonnante, On vibre, on pleure, on rie aussi. Bref, c’est un de mes coups de cœur de cette sélection, décidément, chaque année, très riche.
Ce lundi, je me suis prévu une grosse journée de projection… 5 pour être précise. Difficile de faire autre chose en parallèle avec ce programme chargé. J’ai à peine le temps de chercher quelque chose à boire (on oublie vite de s’hydrater) que je m’insère dans la file d’attente sans fin pour le nouveau film de James Franco, As I Lay Dying.
Adapté d’un roman de Faulkner, ce film est la somme de ce qui est le plus insupportable au cinéma : un réalisateur qui aime se filmer, que se regarde le nombril, une envie de toujours en faire plus (et du coup trop) et un premier degré à toute épreuve. C’est bien simple, je n’avais jamais vu une salle cannoise se vider aussi vite. Il faut dire que le film est inexplicablement monté en splitscreen ce qui ne facilité ni la compréhension ni le visionnage. On sent une vraie déception dans la salle et je fais bien évidemment partie des mécontents.
Exceptionnellement, le film de Valéria Bruni-Tedeschi en compétition officielle, Un château en Italie, est présenté à la presse dans la grande salle Lumière l’après midi. Ce qui veut dire montée des marches, ce qui veut dire bordel sur la croisette. Je mets environ 20 minutes pour parcourir 200 mètres, peste environ 400 fois, me prend une caméra dans les lunettes mais finis par m’installer dans la belle salle pour ce film que j’attendais vraiment comme une respiration.
Et qu’elle est belle cette respiration ! Le style de la réalisatrice s’est affiné, son humour est devenu ravageur, son casting même est une véritable friandise. Avec le ton qui la caractérise, elle réussit l’exploit de nous raconter une nouvelle fois le drame de sa propre famille avec pudeur et impudeur. Elle prend des risques, se met en scène, ne se protège jamais en même temps qu’elle protège ceux qui l’entoure. On ressent une vraie sympathie pour elle et ses personnages. Une sympathie méritée.
À peine le temps d’engouffrer une salade qu’il faut déjà faire la queue pour le troisième film en compétition du jour (folle journée) : La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino. Avec le réalisateur italien est dans les petits papiers du sélectionneur (avec plusieurs sélections à son actif) et ce film, était très attendu des cinéphiles.
Une fois encore, on retrouve les envies de grandeur de ce réalisateur qui maîtrise à merveille l’art de composer un cadre. Mais si certains plans sont grandioses, le fond, lui, coule à pic. Le scénario tient en effet sur un post it et le long métrage de 2h20 n’est surtout qu’une succession de fêtes berlusconiennes où la vulgarité côtoie le pathétique.
Pour une fois, je n’ai pas envie de sortir. La croisette ne me tente pas, pas plus qu’un verre au Petit Majestic. J’ai froid, mal aux yeux, mal au cou et je n’ai pas envie d’attendre 45 minutes pour entrer dans une soirée où j’aurais supplié la moitié des invités de m’incruster. Il est donc relativement tôt quand je rentre à l’appartement pour me reposer. Une nuit de 7 heures m’attend, un grand luxe qu’on ne refuse pas et qui me permettra de voir venir la fin du festival avec plus de légèreté.
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Lucile Bellan
A (re)découvrir sur Artistik Rezo :
– Festival de Cannes – 19 mai 2013
– Sélection officielle du festival de Cannes 2013
[Visuels : Lucile Bellan // File d’attente pour le film de James Franco // le réalisateur Hany Abu-Assad (avec le micro) et l’équipe du film Omar]
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