Sélection de l’ACID – Cannes 2012
« Comment l’homme suture sa place au monde qui l’entoure ? Cette question a d’autant plus de mérite d’être posée lorsque ce même monde se trouve en crise, en guerre ou en deuil. Le corps rentre alors en résistance et le cinéma le dévoile dans ses quêtes existentielles. La programmation ACID 2012 présente neuf propositions cinématographiques regardant par les prismes de leur matière filmique singulière et innovante ces silhouettes en questionnement. Le cinéma tend à recoudre les plaies de l’Histoire et les déchirements du collectif. Ce travail exutoire peut se conjuguer historiquement aussi bien au passé qu’au présent.
De la recherche cathartique et baroque de The End face à l’oppression des « années de plomb » au Maroc aux interrogations d’une inquiétude morale de Room 514 explorant les gouffres de l’état militaire israélien, les cinéastes appréhendent les rapports de l’être au pouvoir. Les fantômes de la guerre rôdent.
Ini Avan propose de retrouver à travers le retour au pays d’un ex combattant tamoul un corps social commun là où la guerre civile sri-lankaise a laissé ses fractures ouvertes. La personne peut être aussi dans le rapport de son corps au monde une vraie interrogation politique à elle seule. Noor propose une réflexion sur la place d’un transgenre au Pakistan quant à son identité sexuelle.
Casa Nostra regarde dans les creux de vie d’une famille en deuil les rapprochements d’une fratrie disloquée. La jeunesse insoumise de La Tête la première offre une croyance dans les mots en tant que découverte passionnelle de l’autre. Mais cet « autre » est aussi une marge à interroger.
Stalingrad Lovers ouvre les portes d’un purgatoire où errent les figures déchues de la drogue parfois en quête de rédemption quand Sharqiya ouvre les frontières désertiques d’un bout de terre israélien perçu comme une abstraction absurde où une famille de bédouin vit dans l’éternel recommencement de son expropriation. Alors, au cœur de ces conflits pourquoi ne pas croire en cette magie que seul le cinéma peut nous offrir comme opérateur de grâce. La Vierge, les coptes et moi amène à ce miracle, en nous donnant à voir dans la difficulté de sa réalisation la mise en chantier d’une apparition sacrée. La crise peut ainsi être aussi positive, captivante source de régénérescence conduisant au courage de cinéastes défiant les contingences économiques et politiques afin de nous révéler leurs regards au monde et en affirmant par leurs points de vue une puissance créative, moderne et originale.
Le cinéma devient alors vecteur d’une possible lumière de réconciliation de l’homme à son environnement et son histoire aussi grande ou petite soit-elle. »
Les cinéastes de l’ACID
Séances spéciales
> 3 films soutenus par l’ACID et sortant dans les prochains mois :
- Ab Irato, sous l’emprise de la colère de Dominique Boccarossa (France, 122 min., sortie prévue en automne 2012)
- El Puesto de Aurélien Lévêque (France, 75 min., sortie le 29 août 2012)
- L’Été de Giacomo d’Alessandro Comodin (France, Belgique, Italie, 78 min., sortie le 4 juillet 2012)
> Séance « Carte blanche à des cinéastes de l’ACID » :
- Le Cinéma français se porte bien de Stéphane Arnoux, Aurélia Georges, Jean-Baptiste Germain et Chiara Malta (France / 80 min.)
A découvrir sur Artistik Rezo :
– La sélection du Festival de Cannes 2012
– La sélection de la Semaine de la Critique 2012
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