Bonnard, entre amis. Matisse, Monet, Vuillard… – musée Bonnard
L’exposition s’articule autour de plusieurs personnalités liées à Bonnard tels que Vuillard, Monet, Matisse, Manguin… Elle abordera en trois chapitres les thématiques communes à chacun des artistes : les portraits croisés de Bonnard, Vuillard & les Nabis ; la Normandie chère à Monet et à Bonnard ; les variations sur la fenêtre que traitèrent Matisse, Bonnard, Manguin et d’autres.
L’exposition est constituée d’une cinquantaine d’œuvres et d’une majorité de peintures prêtées par les plus grandes institutions internationales et nationales comme le musée Pouchkine de Moscou, le musée d’Orsay, la galerie Larock-Granoff de Paris et des collectionneurs privés.
Bonnard, Vuillard & les Nabis : Portraits croisés
Le cercle de jeunes camarades auquel Bonnard est affilié dès ses débuts, Les Nabis, fondé par Paul Sérusier en 1888, se compose de douze membres : Bonnard, Denis, Rippl-Ronaï, Valloton, Ranson, Vuillard et Roussel, ses amis les plus proches….
C’est l’histoire de jeunes peintres qui se rencontrent sur les bancs de l’école, à l’Académie Julian ou autour de la Revue blanche. Avant de faire partie d’un courant artistique, il s’agit avant tout d’une histoire de rencontres, d’amitiés et de regards croisés. Ce groupe que la critique accuse « d’être infantile » est uni par la proximité de leurs conceptions esthétiques. Influencé par Gauguin, il revendique l’autonomie de la couleur et de la ligne. L’absence de perspective et l’utilisation de tons purs le caractérise.
Les relations privilégiées entre chacun des artistes est aussi l’occasion d’échanger des portraits croisés témoins de la force de cette amitié et de leur admiration réciproque. Jozef Rippl-Ronai a d’ailleurs écrit dans ses Mémoires que « Vuillard et Bonnard […] n’auraient pu évoluer l’un sans l’autre : ils avaient fortement besoin l’un de l’autre ».
Avec leurs amis ils cherchent à exprimer l’inexprimable, à « sentir » comme le conseillait Cézanne, qu’ils admirent pour son indépendance. Ces portraits croisés, indépendants de « l’apparence visible », sont censés représenter davantage l’intériorité du sujet et plus généralement la place de l’homme dans le monde. Hors du temps, ils se font l’écho de leurs rencontres avec les modèles, de leurs dialogues silencieux.
Bonnard & Monet : La nature, entre simplicité et démesure
Bonnard rend visite à Monet pour la première fois en 1909 en compagnie de Vuillard. A cette date, Bonnard s’est dégagé de toute influence de groupe, il développe ses propres recherches sur la couleur et la lumière. Il apprécie depuis longtemps la Normandie pour ses ciels et sa lumière changeants mais la présence du Maître des Nymphéas ne fera qu’accroître son désir de s’y installer. L’année suivante, Bonnard découvre Vernonnet, au bord de la Seine à moins de 5 km de Giverny. Il achète en 1912 une maison « Ma Roulotte », qu’il conserve jusqu’en 1938. Bonnard rend visite régulièrement à Monet, figure tutélaire « qui a libéré la peinture française », de qui il reçoit conseils et encouragements.
Leur correspondance témoigne de cette admiration et de ce respect. Pour Monet l’avis de son cadet compte énormément « je serais content de vous voir [….] aujourd’hui […] parce que je voudrais vous montrer où en sont mes grandes machines» écrit Monet à Bonnard en avril 1916. L’impressionnisme, dont l’esthétique est fondé sur la sensation est pour Bonnard « un nouvel enthousiasme, une sensation de découverte et de libération […] l’impressionnisme a apporté la liberté […] ». C’est dans ce nouvel environnement que la palette de Bonnard s’éclaircit et sa facture connaît en ces lieux bucoliques une nouvelle liberté.
Bonnard comme Monet vouent un véritable culte à la nature. Ils partagent la même passion pour leur jardin ; Monet dans la démesure (travaux, format, environnement) et Bonnard dans la simplicité et la transcription sensible de la couleur, dans une même quête d’harmonie. Monet avec la patience d’un jardinier, invente un paysage, un jardin dit « impressionniste » par la profusion végétale débordante et la succession des harmonies colorées. Bonnard, quant à lui, s’adonne au paysage sans s’obliger à reproduire tous les éléments du motif réel. Seuls quelques détails rappellent le modèle initial. Fasciné par les visions changeantes de cette nature, Bonnard réagit au temps. «L’art n’est pas la nature» elle est une vision qui lui suggère une idée initiale, une « première inspiration ». La couleur est le moyen d’expression qui l’aide à recomposer sa sensation dans son atelier et non en plein air à la différence de Monet.
Bonnard & Matisse… : Variations sur la fenêtre
Matisse avec lequel Bonnard a eu une correspondance importante et qu’il qualifie de « meilleur d’entre nous », partage une dévotion entière pour la peinture. Chacun à sa manière explore la thématique de la fenêtre avec autant de débats possibles. Cet élément du quotidien, chargé de symbolique, fascine de nombreux artistes qui ont joué de ses subterfuges. Elle relève d’une théorie de la peinture depuis Alberti.
Bonnard et Matisse partagent la même idée de la peinture : celle-ci n’est « pas imitation de la nature mais transcription d’émotions ». Tous deux traitent du dialogue intérieur/extérieur de manière distincte. Matisse cherche la cohérence et s’aide pour cela de la photographie pour garder trace des états successifs. Son esthétique dialogue entre raison et émotion. Bonnard, quant à lui, aspire à traduire un espace ouvert dans un moment fixé en s’appuyant sur les notes prises dans ses agendas et ses carnets. « Au peintre, il suffit que les fenêtres soient larges afin que pénètre, telle la foudre, l’éclat du jour, qui frappe avec toutes les subtilités tout ce qu’il peut rencontrer. »
Bonnard s’attache à étudier la sensation lumineuse unissant intérieur et extérieur, « la multitude de touches colorées qui forme la vision », définissant les éléments du tableau. Matisse s’intéresse au thème de la fenêtre en tant que libre circulation et non en souhaitant rapprocher l’intérieur de l’extérieur. Il se focalise sur l’espace « qui ne fait qu’un depuis l’horizon », qu’il traite par l’usage de surfaces colorées et de teintes pures. D’autres peintres, comme Manguin ou Camoin, s’intéressent à ce thème, cet élément de passage qui permet de faire circuler « l’air » à l’intérieur du tableau.
Bonnard, entre amis. Matisse, Monet, Vuillard…
Du 20 mai au 16 septembre 2012
De 10h à 20h du mardi au dimanche
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Plein tarif : 7 € // Tarif réduit : 5 €
Famille (2 adultes et 2 enfants + de 12 ans) : 14 €
Musée Bonnard
16, boulevard Sadi Carnot
06110 Le Cannet
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