Claude Monet au Grand Palais
Découvrir – ou redécouvrir – l’œuvre de Claude Monet consiste à partir en voyage, dans des contrées proches et lointaines à la fois, sans affaires ni boussole, avec une paire d’yeux pour unique bagage. Nul besoin de carte pour se promener dans la campagne ou le long des côtes françaises, pour arpenter les pavés parisiens, ou pour admirer un brouillard londonien : l’artiste est le seul guide, conducteur d’un train qui démarre une fois les portes de l’exposition franchies. Ainsi les premières toiles de l’exposition du Grand Palais proposent d’emblée au visiteur une immersion dans l’œuvre de Claude Monet : du Pavé de Chailly à Bougival en passant par Le Havre et Etretat, un tourbillon de textures, de tons et de couleurs, aux contrastes marquants, emporte le curieux, suivant le cours de la Seine dont les reflets sont autant de « virgules impressionnistes » sur les toiles.
« La poésie des gares »
Arrivé à Argenteuil, le train repart pour Paris, pour son jardin des Tuileries mais aussi pour son versant plus moderne, dont l’archétype est la gare Saint-Lazare, nouvelle étape du voyage où résonnent en échos ces écrits d’Emile Zola : « On y entend le grondement des trains qui s’engouffrent, on y voit des débordements de fumée qui roulent sous les vastes hangars. Là est aujourd’hui la peinture… Nos artistes doivent trouver la poésie des gares, comme leurs pères ont trouvé autrefois celle des forêts et des fleuves. » Il est cependant déjà temps de quitter le Paris en liesse du 30 juin 1878 pour retrouver la campagne, et notamment Vétheuil, havre de paix choisi par l’artiste pour son contraste avec la modernité des sites peints auparavant. Sans cesse à la recherche de lieux et de motifs pour mettre son art à l’épreuve, Claude Monet emmène les visiteurs sur les côtes normandes, sur les rives de la Méditerranée, panorama « si beau, si clair, si lumineux », et à Belle-Ile en Mer, « pays superbe de sauvagerie » où il peut enfin se confronter à l’océan.
Giverny et ses nymphéas
L’exposition du Grand Palais a cela de fantastique qu’elle offre une plongée dans toute l’œuvre de Claude Monet, prenant le visiteur par la main pour lui faire découvrir l’ensemble de l’univers du peintre, comme ses portraits ou ses peintures de figures où la nature n’est jamais loin, tant il n’eut de cesse de peindre, là encore, à l’air libre. De la nature morte aux séries représentant des peupliers ou les meules de foin, il n’y a qu’un pas que l’artiste parvient à franchir allègrement. Ainsi le visiteur ne ressent aucun passage de frontières au moment de redécouvrir Rouen et sa cathédrale, Venise et ses palais ou Londres et son Parlement à la poésie et à l’onirisme si marquants. Le voyage se termine comme une évidence par Giverny et ses nymphéas, « ces paysages d’eau et de reflets […] devenus une obsession ».
Oscillant entre un accrochage chronologique et thématique, l’exposition du Grand Palais propose à ses visiteurs une merveilleuse balade dans l’univers coloré et poétique de Claude Monet, véritable invitation au voyage. Là, tout n’est qu’ordre et beauté…
Solène Zores
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A lire sur Artistik Rezo :
– Claude Monet, son musée au Musée Marmottan Monet
– Claude Monet (1840-1926)
Claude Monet
Du 22 septembre 2010 au 24 janvier 2011
Du vendredi au lundi de 9h à 22h, le mercredi de 10h à 22h, le jeudi de 10h à 20h.
Fermeture à 18h les 24 et 31 décembre.
Fermé le 25 décembre.
Prix d’entrée : 12 € // Tarif réduit : 8 € (13-25 ans, demandeurs d’emploi, familles nombreuses).
Galeries nationales du Grand Palais
3, avenue du Général-Eisenhower
75008 Paris
M° Champs-Elysées Clémenceau
[Visuel : Femme au jardin, 1866, Claude Monet. Musée de l’Ermitage, St Petersbourg. © photographie : Musée de l’Ermitage / Vladimir Terebenin, Leonard Kheifets, Yuri Molodkovets]
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