Molières 2016 : une excellente cuvée avec un Pommerat triomphant
Molières 2016 : une excellente cuvée avec un Pommerat triomphant |
Quatre Molière pour l’auteur et metteur en scène Joël Pommerat, un Molière pour la comédienne Dominique Blanc, un autre pour Catherine Frot dans le théâtre privé et deux Molières pour « Qui a peur de Virginia Woolf », spectacle de théâtre privé par un metteur en scène venu du public. Et si aujourd’hui le public et le privé abolissaient leur frontière ? On s’en réjouit !
On l’attendait mais pas à ce point : sur le thème de la Révolution Française vue du côté de Louis XVI, le très discret Joël Pommerat s’est vu remettre trois Molière, celui du théâtre public, du metteur en scène et de l’auteur francophone pour « Ca ira (1) Fin de Louis », un spectacle choral et participatif qui a fait l’unanimité aux Amandiers de Nanterre cette saison et en tournée. Le quatrième Molière couronne « Pinocchio », pour le jeune public à l’Odéon. A 53 ans, ce grand artiste qui envisage le théâtre comme un spectacle total atteint une reconnaissance impressionante, à la mesure de son intense créativité. Surprise non moins méritée que celle d’Alain Françon, exdirecteur du Théâtre de la Colline, qui rafle avec la pièce d’Albee « Qui a peur de Virginia Woolf » le Molière du metteur en scène de théâtre privé ! Avec lui le formidable Wladimir Yordanoff est moliérisé, alors qu’on aurait pu attendre aussi une récompense pour Dominique Valadié, grandiose dans cette pièce qui a fait salle comble au Théâtre e l’Oeuvre grâce à Frédéric Franck, son directeur sortant. Bien entendu, après que le cinéma lui ait déjà offert un César, Catherine Frot obtient le Molière pour « Fleur de Cactus », une comédie loufoque où elle était aussi drôle que piquante, dirigée par Michel Fau. Peu surprenants mais oh! combien justes les Molière de Dominique Blanc qui vient d’entrer à la Comédie Française (« Les Liaisons Dangereuses » au Théâtre de la Ville) et de Charles Berling, bouleversant dans la pièce d’Arthur Miller « Vu du pont » que le metteur en scène flamand Ivo von Hove avait monté à l’Odéon. Du coté du privé, on est ravis du Molière des « Cavaliers », une belle adaptation du roman de Joseph Kessel et de celui des « Fiancés de Loches », produit avec très peu de moyens et des comédiens musiciens à l’énergie compulsive au Palais Royal. Quant à Christian Hecq, il avait concocté avec des créateurs d’images et des marionnettes une merveilleuse adaptation du roman de Jules Verne « Vingt mille lieues sous les mers » pour la Comédie Française et là aussi, ce travail méritait d’être salué par un Molière. Comme d’habitude me direz vous, on ne couronne que les institutions ou les lieux repérés. Mais les frontières géographiques et artistiques finissent par tomber. Tant mieux ! Hélène Kuttner Découvrez le palmarès complèt en cliquant ici A découvrir aussi sur Artistik Rezo : |
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