La Tour du 13ème à Paris : 102 artistes de Street Art et Graffiti
Un immeuble de neuf étages, le long des quais de Seine, à deux pas de la Bibliothèque Nationale de France. Sur les façades, d’immenses gouttes de peintures dont l’orange vif se signale de loin. Mais aussi une créature hybride de Ludo, ou des lapins en cavalcade signés Pantonio.
A l’intérieur, c’est plus d’une centaine d’artistes de la scène urbaine qui ont pris possession du lieu !
En attente de démolition, l’immeuble a été investi depuis sept mois à l’initiative du galeriste Mehdi Ben Cheikh, d’Itinerrance, déjà à l’origine d’une série de murs dans le treizième arrondissement.
« J’ai voulu amener le meilleur de la scène street art à Paris, qui selon moi peut redevenir avec ce mouvement la capitale des avant-gardes qu’elle était avant la seconde guerre mondiale » explique-t-il.
Les étages s’organisent par nationalités, les anciens appartements ayant été dévolus à un ou plusieurs artistes. Et chacun a recréé un univers à l’échelle de quelques pièces.
« Il s’agit d’obliger à entrer dans le monde de l’artiste », raconte encore Mehdi Ben Cheikh. « On est entouré, on perd ses repères – c’est une façon de se retrouver dans leur peau ! »
Poétique avec une chambre secrète imaginée par Etnik ou une rêverie architecturale de Katre, politique avec la scène portugaise bien représentée (notamment par Vhils) : la palette est vaste.
Tous se sont prêtés gratuitement à l’exercice. Et ont parfois accepté de s’éloigner de leurs propres repères.
« J’ai l’habitude de travailler dans des friches, sans me préoccuper d’être vu ni de plaire à qui que soit d’autre que moi ; ici, je sais que je serai confronté à un public », explique le graffeur Rea 1, alors qu’il s’affaire sur une installation en trois dimensions au rez-de-chaussée.
« Dans mon pays, il n’y a pas de murs légaux, explique de son côté Maryam, jeune artiste venue d’Arabie saoudite. Nous peignons beaucoup les uns chez les autres. Là, c’est une expérience très nouvelle pour moi ».
Le résultat ? Un condensé des voies multiples explorées aujourd’hui par l’art venu de la rue.
« L’art urbain représente toutes les dimensions de l’art contemporain, du figuratif au conceptuel, c’était une occasion de le montrer», plaide Mehdi Ben Cheikh.
La traversée s’achève dans les sous-sols, par une installation de Lek et Sowat, avec Legz, autour du thème du fil d’Ariane.
« C’était un lieu avec une charge émotionnelle très forte, d’emblée – on a tous eu dix ans et peur d’aller à la cave », explique Sowat.
Dans la continuité de leur travail du Mausolée, ils ont prélevé des objets abandonnés sur place – vélo d’enfant, fleuret, carcasse de poussette…- puis les ont repeints et mis en lumière.
«C’est le côté Duchamp de cette installation – c’est parce qu’on peint tel ou tel objet qu’on décide que c’est de l’art ».
Un minotaure de plâtre, créé par Rôti (également l’auteur d’une fresque sur la façade), est au centre de ce labyrinthe symbolique.
Pour s’y perdre, direction le 5 rue Fulton. Le lieu sera ouvert au public le 1er octobre. Pour un mois, avant destruction…
Propos recueillis par Sophie Pujas
Les artistes participent à ce projet:
108 (Italie), 2mil (Brésil), Add Fuel (Portugal), AGL (France), Agostino Lacurci (Italie) , Alëxone (France), Alone (ou A1one) (Iran), Amin (France), Aous (Arabie Saoudite), AweR(Italie), zooz (Arabie Saoudite), Belem (Portugal), Bom.K (France), BToy (Espagne), C215 (France) , Celeste Java (France), Cope2 (USA), Corleone (Portugal), Dabro (Tunisie), Dado (Italie), Dan23 (France), David Walker (UK), Eime (Portugal), eL Seed (Tunisie), Ethos (Bresil), Etnik (Italie), Fenx (France), Flip (Brésil), Gael (France), Gilbert (France), Guy Denning (UK), Herbert Baglione (Brésil), Hogre (Italie), Hopnn (Italie), Indie 184 (USA), Inti Ansa (France), Inti Castro (Chili), Jaz (Argentine) JB Rock (Italie), Jimmy C (Australie), Joao Samina (Portugal), Jonone (USA) , Joys (Italie), Julien Colombier (France), Kan (France), Katre (France) , Kruella (Portugal), Legz (France), Lek (France), Liliwenn (France), Loiola(Brésil), Ludo (France), Madame Sanbor (France), Mar (Portugal), Marko93 (France), Mario Belem (Portugal), Maryam (Arabie Saoudite), Matéo Garcia Leon (France), Maz(Arabie Saoudite), MoneyLess (Italie), Mosko (France), Mp5 (Italie), Myre (France), Nano (Chili), Nebay (France), Nemi Uhu (France), Nilko (France), Orticanoodles (Italie), Pantonio (Portugal), Paulo Arraiano (Portugal), Peeta (Italie), Philippe Baudelocque (France), Rapto (Brésil), Rea 1 (France), Rodolphe Cintorino (France), Roti (France), Sambre (France), Sean Hart (France), Sebastien Preschoux (France), Senso (Italie), Seth (France), Shaka (France), Shoof (Tunisie), Shuck2 (France), Sowat (France), Spazm (France), Speto (Bresil), STeW (France), Stinkfish (Mexique), Sumo (Luxembourg), Tellas (Italie), Tinho (Bresil), Tore (France), Uno (France), Uriginal (Espagne), Vexta (Australie), Vhils (Portugal), – + – (ou Maismenos) (Portugal).
La Tour du 13ème
5, rue Fulton
75013 Paris
M° Quai de la Gare
[Visuels : Côté droit de la façade de la tour du 13ème arrondissement de Paris, 2013 // Côté gauche de la façade de la tour du 13ème arrondissement de Paris, mur de eL Seed, 2013 // Façade cour intérieure de la tour du 13ème arrondissement de Paris, mur de Ludo et Pantonio, 2013 // Mur au 3ème étage de la tour, Vhils, 2013 // Mur dans la tour de Maryam, 2013 // Facade de la tour, mur de Roti, 2013 // Intérieur de la cave de la tour, Installation de Lek et Sowat, 2013 // Installation Minotaure de Roti, 2013 // Vue de la Tour du 13ème arrondissement de Paris, mur de eL Seed, 2013 – Photos : Vanessa Humphries]
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