Zelda et Scott – Renaud Meyer – Théâtre La Bruyère
Zelda et Scott De et mise en scène de Renaud Meyer Avec Sara Giraudeau, Julien Boisselier et Jean-Paul Bordes Décor : Jean-Marc Stehle A partir du 4 septembre 2013 Tarifs : 38 € (1ère cat.), 30 € (2ème cat.) et 22 € (3ème cat.) Location : 01.48.74.76.99 Théâtre La Bruyère |
A partir du 4 septembre 2013
Entre l’écriture fourmillante, la mise en scène si vivante et les interprètes, remarquables, touchants, vrais, fous, désespérés… impossible de vous dire ce que j’ai préféré ici. Mais une chose est sûre, vous allez adorer cette pièce ! Scott Fitzgerald a tout de suite vu en Zelda l’héroïne de ses romans. Il est égocentrique, elle volage. Qu’importe ! Ils sont riches, célèbres, font la fête nuit et jour et ils s’aiment. Alors, leur couple enflamme l’Amérique au début des années 20. Une dizaine d’années plus tard, celle-ci se relève de la crise de 29 quand eux sombrent en plein marasme. Scott, en perte de succès, carbure de plus en plus à l’alcool. Jaloux, violent, il emprisonne littéralement son électron libre de Zelda. Elle, s’étiole alors, avant que sa schizophrénie ne l’enferme dans un autre monde. Tout cela se déroule sous l’œil pas toujours très amical d’Ernest Hemingway, dont la carrière évolue à l’inverse de celle de Scott : d’abord jeune journaliste mais écrivain en mal d’éditeur, il sera, à la déchéance de Scott, auréolé de gloire… Moi qui n’aime pas trop le principe du biopic, j’ai adoré cette pièce. Sans doute parce que les comédiens n’y usent d’aucun artifice pour ressembler à leurs personnages, sinon à se jeter corps et âmes dans cette histoire, avant tout celle d’un homme et d’une femme à la relation chaotique. Aussi entre-t-on en empathie totale avec ce couple, de sa glorieuse insouciance à sa triste déchéance. Il faut dire que le casting est parfait, Sarah Giraudeau en tête. Je la vois évoluer au fil des années, de pièce en pièce et chaque fois, elle m ‘étonne, franchissant toujours un niveau supérieur. Elle est ici parfaite en garçonne délurée qu’aucune excentricité n’arrête, femme libre animée par la recherche du plaisir, bref « douée pour la vie » comme le dit Hemingway… comme sidérante en prisonnière d’une terrible maladie mentale. Impossible de vous décrire toutes les émotions par lesquelles elle nous fait passer ! Avec Julien Boisselier, formidable de bout en bout lui aussi, elle forme un couple flamboyant, sensuel -comme il nous rarement donné de voir au théâtre- et attachant au possible. Subjugués par leur naturel, on en oublie presque qu’ils campent des personnages. A leurs côtés, Jean-Paul Bordes joue parfaitement cet être trouble, troublé et troublant, qui, ayant du mal à trouver sa place dans ce monde frivole, aime autant qu’il envie -avant de les accompagner, voire de les pousser, vers leur perte- ses amis d’un temps. Il est vrai, tous trois ont à leur disposition un texte brillant où reviennent exister pour nous à la fois des personnages de légende et toute une époque. Très bien documenté, il est aussi plein de vie, de rires et de douleurs. Aussi nous fait-il basculer de la fête au drame, de l’amitié et de l’amour à la détestation, de la liberté totale à l’enfermement, de la vie à la mort, avec intelligence et exigence. Fait somme toute trop rare dans notre paysage théâtral, ce brillant auteur, Renaud Meyer, signe avec maestria une mise en scène extrêmement vivante et très cinématographique qui, de plus, intègre trois musiciens au swing endiablé, le Manhattan Jazz Band. Nul doute, non content de procurer une somme de moments intenses, l’ensemble donne aussi envie de (re)lire Scott Fitzgerald ou Ernest Hemingway comme de (re)découvrir le roman autobiographique de Zelda (Sayre). Caroline Fabre [Crédits photographiques : Zelda et Scott au Théatre La Bruyère avec Sara Giraudeau, Julien Boisselier et Jean-Paul Bordes. Photo Lot] |
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...