“Y Olé” : Montalvo célèbre la vie à Chaillot
Y Olé De José Montalvo Avec Karim Ahansal dit Pépito, Rachid Aziki dit ZK Flash, Abdelkader Benabdallah dit Abdallah, Emeline Colonna, Anne-Elisabeth Dubois, Serge Dupont Tsakap, Fran Espinosa, Samuel Florimond dit Magnum, Elizabeth Gahl, Rocío Garcia, Florent Gosserez dit Acrow, Rosa Herrador, Chika Nakayama, Lidia Reyes, Beatriz Santiago et Denis Sithadé Ros dit Sitha Jusqu’au 3 juillet 2015 Du mardi au samedi à 20h30 Tarifs : de 11 à 35 € Réservation en ligne Durée : 1h10 Théâtre National de Chaillot M° Trocadéro |
Jusqu’au 3 juillet 2015
Dans un spectacle en forme de feu d’artifice en hommage à ses racines d’immigré andalou, José Montalvo fait danser le flamenco sur le Sacre du printemps de Stravinsky en y mêlant hip-hop et comédie musicale. Un métissage joyeux et tendre qui dit l’amour de la vie et la nostalgie de l’enfance. Une explosion de corps et de couleurs Y Olé commence sur un rythme trépidant, une explosion de corps et de couleurs qui flambent au rythme hallucinant du Sacre du printemps de Stravinsky, œuvre incantatoire qui célèbre la nature païenne au fil du sacrifice d’une jeune fille et qui procède d’une juxtaposition de ruptures rythmiques et mélodiques. À cette essence formidablement slave, à ces dissonances d’un autre temps de notre mémoire, à ces recherches totalement novatrices du compositeur russe, Montalvo appose une chorégraphie andalouse et nerveuse, portée par des danseuses de flamenco rayonnantes de beauté, de talent et d’énergie. Robes aux couleurs éclatantes de rose, de rouge ou de vert, corps dessinant une géométrie tranchante de fouettés, jambes sciant l’espace et ports de tête royaux, cette composition foudroyante de vie colle au rythme hallucinant des percussions de Stravinsky avec un orgueil vital non dissimulé. Les hommes ne sont pas en reste, déboulant sur le plateau sur la tête ou en roulades de break dance, marchant sur leurs bras. D’autres glissent dans des postures burlesques, à la Buster Keaton, le regard mouillé de désir porté sur ces femmes-fleurs à la Pina Bausch. Métissage chorégraphique José Montalvo plonge dans ses racines d’immigré espagnol en imprégnant le spectacle d’images de mer et de bateau échoué, arche de Noé d’une jeunesse multi-culturelle, qui vient accueillir les danseurs par des projections en fond de scène. Si la première partie du spectacle est flamboyante et laisse le spectateur hors de souffle, la seconde partie change de couleur et délaisse Stravinsky pour choisir le calme et la gravité mélancolique des chants populaires, fandangos ou tangos chantés par Fran Espinosa. Mélopées déchirantes en andalou qui racontent le déracinement, sur lesquelles les danseurs inventent un florilège d’influences artistiques : scènes de groupe guerrières façon West side story, castagnettes entraînant un flamenco musclé, duos d’amour puis d’abandon qui ploient les corps dans des postures déliées et élastiques à la Merce Cunningham. Melting pot Il y a même des tubes anglo-saxons des années 50 comme Dream a little dream of me chanté par Ella Fitzgerald ! On peut reprocher à ce collage un manque de fluidité, après le feu d’artifice de la première partie. Les scènes paraissent davantage juxtaposées, chacune formant un univers d’histoires et d’influences. Mais le talent et la beauté des 16 artistes sur le plateau, la qualité visuelle des projections et des lumières qui sculptent la scénographie font vite oublier ce petit manque d’unité. La danse ici amène un tel bonheur, la technique des artistes atteint une telle précision et une telle inventivité que les spectateurs, jeunes et âgés, ne peuvent échapper à cette offrande généreuse et enthousiaste. On ressort de là conquis, ébloui, heureux durant cette heure et dix minutes de spectacle. Un cadeau. Hélène Kuttner [Photos © Jean Couturier] |
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