Vous avez dit classiques ?
Les Amoureux de Marivaux par les mauvais élèves On ne badine pas avec l’amour de Musset Saint-Cloud : le 3 février
La Double Inconstance de Marivaux Racine par la Racine La Place Royale de Corneille Châteauroux : Le 2 fév. Les Fourberies de Scapin de Molière |
A chaque saison, les voici qui reviennent comme des valeurs sûres, comédies ou drames troussés de main de maître par les maîtres du théâtre classique, de Molière à Marivaux, sans oublier nos frères ennemis Corneille et Racine. Revisités par de jeunes artistes, les voici rafraîchis, plus percutants que jamais, qui nous content nos amours et nos jalousies, notre mal être et nos passions égocentriques, notre goût du pouvoir et de l’artifice. Das valeurs sûres, à goûter en famille !
1) M comme Marivaux et comme Mauvais Elèves Ils sont quatre Mauvais Elèves, quatre merveilleux jeunes acteurs à s’emparer, avec une énergie et une fantaisie éblouissante, de scènes d’amour de Marivaux. Valérian Béhar-Bonnet, Elisia Benizio, Bérénice Coudy et Guillaume Loubier sont talentueux, drôles et gracieux. Surtout, dirigés par le couple d’humoristes Shirley et Dino, ils savent tout faire : jouer, chanter à capella, danser et jouer d’un instrument. Les scènes sont agrémentées de tubes des années 70 signées Moustaki ou Gainsbourg, ce qui fait délicieusement écho aux situations cocasses. Un régal ! « On ne badine pas avec l’amour » est l’une des pièces les plus jouées dans les cours de théâtre. On y décrit la rencontre intime et cruelle entre deux cousins destinés à s’épouser, Perdican, le brillant diplômé en droit, qui semble déjà tout connaître de la vie, et Camille, jeune fille à l’idéal aussi démesuré que son orgueil. En écho à ces deux êtres qui vont par méprise sacrifier une de leur camarades de jeu, deux curés, Bridaine et Blazius, rivalisent de bêtise et de flagornerie. La joyeuse troupe de l’Attrape Théâtre, sous la direction de Christophe Thiry, s’empare de ces personnages avec beaucoup de sincérité et une belle ardeur. Sébastien Ehlinger, Perdican, et Anna Sorin, Camille, sont éblouissants.
Une reprise attendue à la Comédie Française, où Clément Hervieu-Léger met en scène un Alceste d’aujourd’hui, incarné avec un romantisme désenchanté par un magnifique Loïc Corbery qui porte un imperméable à la manière de Belmondo dans « A bout de souffle » de Godart. Pas de perruques ni de poudre sur le nez, mais une vision délibérément actuelle ou atemporelle de cette étude de moeurs qui se joue entre deux escaliers, dans un lieu de passage et d’ échange ou tout peut arriver. Fiévreux et sauvage, Alceste se rebelle et laisse ses camarades sur le carreau, Philinte son meilleur ami et Célimène sa compagne. Eric Ruf, le nouvel administrateur du Français, jouait Philinte à sa création avec une belle tempérance et tous les comédiens interprètent avec finesse et folie cette pièce superbe.
La dernière production de la Comédie Française, mise en scène par Anne Kessler, qui y est sociétaire, fait un véritable tabac. Il faut dire que la comédienne a multiplié les effets d’abîme et de miroir, faisant de la pièce une répétition des comédiens en jean, puis en habits du XVIII° siècle. Loïc Corbery, toujours lui, prête son avantageux physique de jeune premier au Prince amoureux d’une belle paysanne, Sylvia. Pour la garder auprès de lui et tenter de rendre réciproque son amour, il l’isole par l’entremise de Flaminia, son amie entremetteuse, qui fait de même avec Arlequin qui aime en retour Sylvia. On le constate, tout est toujours simple chez Marivaux, mais les ficelles sont nouées pour mieux révéler les sentiments de ceux qui souhaitent les cacher. Eric Génovèse, Adeline D’Hermy, Georgia Scalliet et Florence Viala complètent la brillante distribution de ce divertissement profond. S comme Scapin et ses Fourberies
Depuis le Festival d’Avignon, le spectacle autour du grand dramaturge ne cesse de jouer les prolongations à Paris. Il faut dire que ces cinq comédiens inventifs et spirituels, vifs et talentueux, s’amusent devant nos yeux, dans des costumes baroques, à extraire de l’oeuvre de Racine les plus belles scènes et les alexandrins les plus majestueux des onze tragédies sous la direction de Serge Bourhis. Entre le grand siècle et Frederico Fellini, Disneyland et la Comédie Française, les masques japonais et le rap, l’histoire de Bajazet, de Bérénice ou de Phèdre regagne une nouvelle saveur, sans sérieux ni pathos. Humour, vérité et énergie de la dramaturgie, Racine ne nous quitte plus et nous l’adorons encore plus. A recommander aux jeunes qui en redemandent. Savez-vous que Corneille était très bien informé des problèmes des amoureux et que bien avant Marivaux et Musset, il connaissait et décrivait leurs tempéraments velléitaires et inconstants ? Voyez Alidor, un jeune garçon bien fait et riche, qui commence à se lasser de l’amour qu’Angélique lui porte !
La Compagnie Les Géotrupes est une troupe de choc menée de manière magistrale par Christian Esnay, acteur confirmé qu’on a vu jouer chez Yann Joel Colin ou Olivier Py. Dans ces « Fourberies de Scapin » qui viennent d’être présentées à Châtillon, il campe le rôle titre, hâbleur et malin comme un singe, qui raccommode et arrange les pères contre leurs fils, et les fils pour retrouver l’amour de leurs dulcinées et un peu de fortune. Un magicien italien qui agit comme un petit voyou, la tendresse en bandoulière. Ce spectacle, grâce à des comédiens sur-vitaminés qui changent de personnages à tour de rôle, est un délicieux hommage au théâtre dans ce qu’il a de plus accessible et de plus populaire, sans grosse machinerie ni décor. D’ailleurs, il tourne avec succès partout en France.
On les avait repérés avec “Beaucoup de bruit pour rien” de Shakespeare montés à la manière d’un western. Voici la Compagnie des Nomadesques revenus au Ranelagh avec ce “Mariage de Figaro”, mené à 100 à l’heure par de jeunes comédiens super-vitaminés qui font de cette comédie sociale une espagnolade farcesque, entre flamenco et comedia dell’arte, sans jamais gommer la verve révolutionnaire du propos. Beaumarchais donne la parole à un enfant trouvé, Figaro, sorte d’Arlequin malicieux et tendre, qui va sauver Suzanne, la servante de la Comtesse, du droit de cuissage que le Comte veut exercer sur elle en l’épousant. Les péripéties de Chérubin, le page amoureux de la Comtesse, maheureuse car trompée par un mari volage, et celles de Marceline et du vieux Bartholo, ridicules à souhait, sont traitées en vaudeville dans des décors et des costumes auc couleurs acidulées, au rythme pétaradant des portes qui claquent. On rit, on est embarqué, touché aussi par le talent et la fraîcheur des comédiens qui n’économisent pas leur générosité. L’adaptation de la pièce est efficace et juste, tant cette “Folle Journée” est aussi celle du triomphe des petits contre les nantis et la revanche des femmes contre les seigneurs trop machos. Une grande pièce décidément à recommander à partir de 10 ans. Hélène Kuttner |
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