“Vidéo Club” : Yvan Attal et Noémie Lvovsky piégés par une caméra invisible
La nouvelle comédie de Sébastien Thiéry est un régal de drôlerie et de méchanceté. À partir d’une banale dispute dans un couple, l’auteur détricote le fil des mensonges et des petites tromperies que chacun des conjoints cache à l’autre, et qui sont révélés ici par le moyen d’images filmées. Ce terrible espionnage d’un couple en détresse est servi par une paire d’excellents comédiens : Yvan Attal et Noémie Lvovsky plus vrais que nature dans une mise en scène de Jean-Louis Benoit.
Happening dans une cuisine
Quoi de plus banal qu’un couple ? Jean-Marc et Justine, mariés depuis vingt-cinq ans, se disputent gentiment au moment de mettre la table dans leur cuisine ouverte. L’un n’aime pas les betteraves dans la salade, l’autre les longs voyages en voiture, ces deux-là se retrouvent fatigués, après le travail, se cherchent, se titillent, jusqu’à ce qu’il reçoivent, simultanément, le même mail sur leur portable avec un mystérieux lien, Etretat 21/06/2002, la date et le lieu de leur mariage. Naturellement, ils décident tous deux de cliquer sur ce lien qui s’ouvre, dévoilant pour chacun des deux protagonistes la part sombre de leur intimité. Et là, apparaît ce qui devrait rester caché : Jean-Marc se débarrasse de manière peu convenable de son assiette dans le dos de sa femme, laquelle éponge sa tristesse de manière toxique avec certaines substances que l’on ne dévoilera pas. Et nous, spectateurs, voyons la face sombre de leur quotidien projetée sur grand écran face à nous, comme le revers peu reluisant d’une médaille faite de matériaux hélas bien friables.
Qu’est-ce qu’un couple ?
Et c’est bien une anatomie d’un couple attaqué par le quotidien des mensonges et des vices cachés, propre à chaque être humain, que réalise l’auteur avec un sens de la formule et une ironie non dissimulée, s’amusant à fouiller les abimes de la conjugalité d’une plume acide, comme en terrain connu. Pour couronner le tout, cette saga, bousculée par le tsunami déstabilisant des vidéos quotidiennes qui tombent avec la régularité d’un métronome sur le téléphone portable de chacun, évolue vers le cinéma fantastique avec un singe géant, venu de nulle part, qui vient menacer un soir le mari. Yvan Attal est formidable en publicitaire surbooké, dépassé par son impayable système de défense. Noémie Lvovsky, en placide épouse saisie par cet hallucinant compte à rebours, fait face avec un engagement sans faille, d’un naturel confondant. Il faut ajouter que tous deux sont délicatement mis en scène par Jean-Louis Benoit. Quand une comédie est réussie, c’est qu’elle nous charme avec humour sur des sujets qui nous touchent profondément. C’est le cas pour cette création qui coche toutes les cases de la réussite.
Hélène Kuttner
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