Victor : un saisissant Grégory Gadebois à Hébertot
Victor De Henri Bernstein Mise en scène de Rachida Brakni Avec Éric Cantona, Grégory Gadebois, Caroline Silhol, Marion Malenfant et Serge Biavan Jusqu’au 15 janvier 2016 Tarifs : de 17 à 52 € Réservation Durée : 1h45 Théâtre Hébertot M° Rome ou Villiers |
Jusqu’au 15 janvier 2016 Signé par l’auteur dramatique Henri Bernstein, un trio classique qui tourne au vinaigre dans les années 50 à Paris avec un homme d’affaires pas très réglo, son copain qui a payé pour lui et l’épouse convoitée par les deux. Avec un Éric Cantona très en forme face à un Grégory Gadebois saisissant d’émotion entre Caroline Silhol et Marion Malenfant dans une mise en scène de Rachida Brakni. Un naturalisme raffiné Le prologue de la pièce nous plonge dans l’atmosphère cinématographique des années 50. Les lumières de Bertrand Couderc enveloppent l’espace de cette rue parisienne où attend Victor, sur son banc, à sa sortie de prison. C’est Grégory Gadebois qui incarne le héros de cette histoire d’hommes. Sa présence est magnifique d’humanité et de réserve. L’homme est calme, généreux et patient. Il a donné quelques années de sa vie pour son ami Marc par amour pour l’épouse de ce dernier, Françoise, pièce maîtresse de ce trio. C’est Françoise – Caroline Silhol délicieuse dans des robes de Cidalia Da Costa – que justement attend Victor et qui arrive avec sa finesse et sa blondeur. Les deux amants s’aiment passionnément, mais il y a Marc, le mari, qui n’entend pas perdre son épouse. Une femme pour deux hommes Éric Cantona joue Marc, costume impeccable et bagout de gagneur, macho et magouilleur à la fois. L’ex-footballeur s’est taillé un rôle à la mesure de son personnage, grande gueule et fin joueur. Il offre à sa femme bijoux, robes et train de vie luxueux, respecte son copain Victor et lui doit une fière chandelle, mais n’entend pas lui abandonner Françoise. Dans la belle scénographie de Catherine Buwal, Marc et Françoise sont liés par des intérêts financiers, alors que Victor, héros au cœur pur, n’entend aucunement rivaliser sur ce terrain. Il se retire donc vite de ce jeu infernal, dépité mais consolé par son ami de prison Jacques, campé par le formidable Serge Biavan, et par Marianne, à qui Marion Malenfant donne beaucoup de grâce et de charme. Des personnages proches de nous On sait que les guerres, si terribles qu’elles puissent être, permettent à certains de s’enrichir. Les magouilles financières de Marc, qui lui seront fatales, après qu’il a été un héros de guerre, sont le reflet fidèle de l’après-guerre tel que le connut Bernstein. À l’instar de Guitry, il sait manier la plume avec autant d’esprit pour peindre les hommes et les femmes dans l’amour que dans les affaires. Il les regarde amusé, avec humanité et humour. Grégory Gadebois tire de son personnage une puissance et une douceur magnétiques, une féminité dans la masculinité. Dans ses élans, dans ses précautions, il est magnifique de pudeur et d’émotion contenue. Durant deux heures, il tient la scène sans faiblir mais en frémissant. Quel acteur ! Hélène Kuttner [Photos © Lot]
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