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Vania ou Tchekhov parmi nous au Vieux-Colombier

28 septembre 2016
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vania

Vania

D’après Oncle Vania de Tchekhov

Mise en scène et scénographie de Julie Deliquet

Accompagnée de Julie Scobeltzine 
Jean-Pierre Michel et Laura Sueur, Mathieu Boccaren, Julie André, Laura Sueur, Tonia Galievsky et Bruno Sermonne

Avec Florence Viala, Laurent Stocker, Hervé Pierre, Stéphane Varupenne, Noam Morgensztern,Anna Cervinka, Dominique Blanc

Du 23 septembre au 6 novembre 2016

20h30 du mercredi au samedi 15h les dimanches 19h les mardis

Tarifs : 12 à 32 €

Réservation par tél. au 01 44 58 15 15

Durée : 1h30

Théâtre du Vieux-Colombier
21, rue du Vieux Colombier
75006 Paris
M° Saint-Sulpice
(ligne 4)

www.comedie.française.fr

Vania Julie Deliquet c Simon Gosselin coll.CF 4851 copieJulie Deliquet, par un travail collectif talentueux, a remanié et travaillé la pièce Oncle Vania pour mieux révéler et servir son auteur. Pari gagné ; Tchekhov semble si proche que nous avons l’impression ce soir, à la Comédie Française, d’être assis à la même table que lui.

Une grande table en bois est dressée. Les spectateurs, conviés autour, dans un dispositif bi-frontal, se font face. Les personnages attendent que nous soyons installés. Une horloge indique 20h30. Il est l’heure de passer à table. Non, l’heure du spectacle. On s’y perd.

Astrov, médecin de campagne, discute avec Vania. Serebriakov, professeur à la retraite, fait régner ses volontés dans la ferme provinciale où Vania vit avec sa mère et Sonia, fille de l’intellectuel. Alors que la famille a placé tous ses espoirs en cet homme, pour lequel elle a travaillé jusqu’au sacrifice, les fruits de ce travail ne sont pas au rendez-vous. Le présumé brillant professeur n’a pas rencontré le succès escompté. Déception et frustration se mêlent à une jalousie terrible. Vania est éperdument amoureux d’Éléna : mais c’est Serebriakov que la belle a épousé.

Autour d’une même table, ou d’un même film, spectateurs et comédiens sont conviés. Dans ce dispositif bi-frontal, le public fait partie intégrante d’un spectacle qui brouille les frontières entre réalité et fiction. Le texte remanié, à la portée plus universelle, est fait nôtre.

Un « Corps commun » à plusieurs têtes

Vania Julie Deliquet c Simon Gosselin coll.CF 5187

Le travail dirigé par Julie Deliquet, fondatrice du collectif In Vitro, se révèle particulièrement approprié pour monter Tchekhov. Les personnages du dramaturge forment un « corps commun ». L’écrivain, à travers son théâtre, explore « une assemblée dans sa diversité » (Georges Banu, Le Théâtre d’Anton Tchekhov, Ides et Calendes, 2016 ), une communauté où les individualités s’expriment et prennent la parole tour à tour. Julie Deliquet, à l’instar du dramaturge, décrit son effacement momentané, son positionnement en tant qu’ « observatrice », afin de permettre une « prise de pouvoir des acteurs et de l’équipe ». (Propos recueillis par Chantal Hurault, juin 2016)

Trop humain

Vania noie son chagrin dans la vodka. Le drame couve mais n’éclate pas et la tension dans l’air grandit. Nous sommes face à un champ de mines où un faux pas risque de tout pulvériser. Les intrigue se nouent et de dénouent, les êtres n’en finissent pas de se dévoiler, redévoiler, se dérobent à toute idée d’eux ou jugement simplificateurs. La communication défectueuse, les solitudes coexistent dans leurs douleurs, leurs failles béantes à en donner le vertige. Mais surgissent aussi des moments de joie, d’hilarité, de profonde tendresse et d’humanité ; clairières apaisantes au milieu de la forêt,  « brillants soleils » au milieu de ce « ténébreux orage ».

Vania Julie Deliquet c Simon Gosselin coll.CF 4796Le théâtre de Tchekhov recquiert des comédiens de grand talent qui sachent à la fois imposer des personnalités singulières et les révéler tout en finesse et en subtilité. Le spectacle fait briller de vraies pépites, comme Anna Cervinka, extraordinnaire dans le rôle de Sonia. Laurent Stocker et Paul Marie sont l’évidence même. Dominique Blanc, Noam Morgensztern, Florence Viala, tous les acteurs sont bouleversants dans ce drame profondément humain.

La pièce de Tchekhov est révélée en particulier grâce au talent mais également à la sobriété, l’humilité et la simplicité, essentielles, de Julie Deliquet. Car ce qui se joue parmi nous est le drame de l’humain tout simplement ; juste humain, trop humain, humain à en pleurer ou à en rire. Nous n’avons rien à redire. Il s’agit du plus beau travail sur Tchekhov qu’il m’ait été donné de voir.

Jeanne Rolland

A découvrir sur Artistik Rezo 
– Julie Deliquet et Vania au Français : « on a essayé d’inventer une méthode commune »

 

[Visuels : Vania, Théâtre du Vieux Colombier © Simon Gosselin, collection Comédie-Française]

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