Une Maison de poupées – Théâtre Athénée Louis-Jouvet
Le décor plonge immédiatement le spectateur dans les années 1960 : fauteuils en skaï, meubles en formica, tons ocres des murs en contreplaqué… l’appartement des Helmer est celui d’une famille aux revenus moyens, qui n’est pas sans rappeler les séries télévisées américaines datant des Trente Glorieuses. Coup de génie que ce décalage temporel par rapport au texte réel : en France, les femmes n’ont eu le droit d’ouvrir un compte sans l’accord de leur mari qu’en 1965, et Öhlund rappelle que le sujet de cette pièce n’est pas réservé au XIXe siècle.
Olivia Brunaux est lumineuse dans le rôle de Nora. Sa silhouette fine, renforcée par le pull et le corsaire noirs qu’elle revêt au début et à la fin de la pièce, souligne la fragilité dure de Nora, sa détermination ténue. Elle est capable par moments de porter ce brin de folie qui la secoue alors que le monde s’écroule autour d’elle. La jeune femme passe avec dextérité de l’insouciance qui fait le bonheur de son mari à la gravité qui marque ces actes qu’elle ne saurait regretter. Face à elle, Féodor Atkine est un Torvald délicieusement détestable avec ses remarques paternalistes qu’il ne sait même pas dégradantes.
L’ensemble de la troupe est porté par une traduction intéressante du texte d’Ibsen, qui l’actualise et l’inscrit dans la modernité qui est le parti pris d’Öhlund. Dommage alors que par moments, des scènes trop longues perturbent le rythme de la pièce. Ainsi, l’explication entre Christine et Krogstad sonne faux, semble plaquée sur le reste de l’intrigue. De même, les vidéos qui ponctuent les actes et mettent en valeur l’évolution psychologique de Nora, de l’enfance à la femme, diluent le propos : tout est déjà dans le jeu de la comédienne, et ces vidéos apparaissent alors redondantes.
Si cette production pêche, hélas, par manque de fluidité, et passe de scènes rythmées à des moments plus longs, elle reste intéressante, notamment parce qu’elle met le combat de Nora au coeur des mouvements de libération de la femme dans les années 1960.
Audrey Chaix
Lire aussi sur Artistik Rezo, Maison de Poupée au Théâtre de la Madeleine.
Une Maison de Poupées
Texte d’Henrik Ibsen
Mise en scène de Nils Öhlund
Avec Olivia Brunaux, Féodor Atkine, Alexis Danavaras, Emmanuelle Grangé, Bernard Mazzinghi
Du 6 au 22 mai 2010
A 20h – 19h les 11 et 18 mai, 16h le 16 mai, 15h le 22 mai
Durée : 2h environ
Réservations au 01 53 05 19 19 et sur le site du Théâtre.
Tarifs : de 11 à 30 €
Théâtre Athénée Louis-Jouvet
7 rue Boudreau
75009 Paris
Métro Opéra (lignes 3, 7, 8…), RER A Auber
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