Un nouveau Lac des cygnes pour le Ballet du Rhin
Directeur du Ballet du Rhin depuis 2017, Bruno Bouché souhaite donner à sa compagnie une dimension européenne fondée sur la maîtrise de l’héritage classique et l’ouverture au monde actuel et ses évolutions. Pour sa deuxième saison, il a choisi de monter une nouvelle version du Lac des cygnes et d’en confier la chorégraphie à Radhouane El Meddeb, chorégraphe contemporain venu du théâtre.
Depuis sa création en 1877 sur la partition mythique de Tchaïkovski, le Lac des cygnes n’a cessé d’inspirer les chorégraphes, pour des versions fidèles au conte ou plus engagées grâce aux différents niveaux de lecture que l’intrigue, faite d’amour impossible, de poids du destin et de fatalité, permet. Radhouane El Meddeb, lui, a choisi de s’affranchir de tout fil narratif. Sur un plateau délimité par des portants où pendent des tutus immaculés, les danseurs interprètent des variations – solo, pas de deux, scène de ballets – tirées de la version de Rudolf Noureev pour l’Opéra de Paris, de manière isolée ou bien dans une succession de reprises par d’autres interprètes voire la troupe toute entière, sans distinction de sexes ou de niveau hiérarchique : ainsi un solo sera-t-il repris par le corps de ballet ou les hommes se feront cygnes…
La particularité de la pièce est qu’il n’y a ni rôle attitré ni personnage ; au fur et à mesure de ce déroulement sans intensité dramatique, on a l’impression d’assister à une répétition. Sorti de leur contexte, que signifient les battements des bras des danseuses s’ils ne sont qu’un exercice technique et non l’artifice destiné à faire chavirer le spectateur – comme le prince Siegfried le héros – dans le monde fantastique et maudit du lac ? La variation des grands cygnes dansée par quatre garçons a tout d’un défi – relevé avec maestria certes – de séance de travail. D’ailleurs, n’est-ce pas la fin de l’échauffement quand les danseuses retirent leurs chaussons ?
En souhaitant se détacher de l’aspect supposé anecdotique de la narration, Radhouane El Meddeb a sans doute voulu mettre en exergue l’intemporalité de l’œuvre et exprimer sa fascination pour les grands ballets classiques sans être prisonnier de ses codes. Pourtant, faut-il voir la narration comme un artifice daté ? n’est-ce pas plutôt un moyen redoutablement efficace pour faire naître émotions et réflexions dans l’esprit du spectateur en l’ouvrant à des perspectives autres que celles de son quotidien. L’enchainement de scènes à l’esthétique raffinée, exécutées élégamment, ne permettent guère de basculer dans un univers d’émotions. Et n’est-ce pas ce à quoi on s’attend avec Le Lac des cygnes ?
Stéphanie Nègre
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