Un Dibbouk entre réel et songe par Benjamin Lazar
Le Dibbouk De Shalom An-ski Mise en scène de Benjamin Lazar Avec Paul-Alexandre Dubois, Simon Gauchet, Eric Houzelot, Malo de la Tullaye, Benjamin Lazar, Anne-Guersande Ledoux, Louise Moaty, Thibault Mullot, Léna Rondé, Alexandra Rübner, Stéphane Valensi, Nicolas Vial et les musiciens Martin Bauer, Patrick Wibart et Nahom Kuya. Jusqu’au 17 octobre 2015 Tarifs : de 6€ à 23€ Réservation au 01 48 13 70 00 ou en ligne Durée : 2h20 Théâtre Gérard Philippe RER D, M° 13 Basilique Saint-Denis |
Jusqu’au 17 octobre 2015
Une légende dramatique fantastique issue du théâtre juif du début du XXe siècle est actuellement jouée au TGP de Saint-Denis. Le metteur en scène et comédien Benjamin Lazar la monte dans une nouvelle adaptation, avec des chants et des musiques originales et au plus près de la poésie du texte. Envoûtant. Entre deux mondes C’est peut être la légende la plus connue et la plus jouée du théâtre yiddish, celle qui mêle le plus puissamment le monde réel au mysticisme issu des contes d’Europe centrale et orientale. Dans une petite communauté juive hassidique de Russie, Khonen, qui aime Leye, voit leur union entravée par un mariage d’intérêt. Le jeune homme est pauvre et pieux. Il va s’abîmer dans la prière et le jeûne pour oublier son chagrin en s’éloignant chaque jour davantage de la loi juive qui lui ordonne d’adopter une attitude plus raisonnable. A bout de force et saisi par le désespoir, il meurt, alors que par un processus surréaliste son âme va s’introduire dans le corps de sa bien-aimée. Transmutation des âmes, possession démoniaque, le « dibbouk » est en Leye qui se transforme en jeune fille révoltée et sauvage. Au plus près de la poésie du texte Comment rendre vivante et accessible cette légende qui date de plus d’un siècle et qui est le produit d’un folklore aussi prégnant ? Comme à son habitude, Benjamin Lazar débarrasse le conte de ses accessoires folkloriques en nous en restituant l’essence. Aidé de sa complice Louise Moaty qui interprète de manière fabuleuse l’héroïne, il s’est basé sur la traduction en russe et la version en yiddish, mêlant les deux langues avec l’hébreu dans une adaptation française de longue haleine avec des chants de toute beauté. La musique est également très présente avec des musiciens sur des instruments baroques, violes, serpents, cymbalum et percussions, qui nous plongent dans un monde merveilleux et mystérieux, alors que les comédiens, simplement vêtus, échangent barbes, longues capes et chapkas, pour incarner les étudiants de l’école rabbinique ou les membres de la famille. Une incarnation vibrante Véritable ode à l’amour comme peut l’être Roméo et Juliette, le Dibbouk porte aussi un regard brûlant sur toutes les questions que l’on peut se poser sur la vie, sur la transgression des lois et des codes religieux, sur l’obéissance aux dogmes et le courage face à la peur et à la superstition. En cela, l’histoire de cette possession diabolique racontée et chantée nous conduit « au delà » du bien et du mal prescrits par la morale, dans un « entre deux » en forme de défi à tous les clichés et les croyances. Nous l’avons dit, Louise Moaty incarne à la perfection Leye, face à Stéphane Valensi qui compose un extraordinaire Rabbin Azriel, qui doit l’exorciser. Douze comédiens convaincants pour interpréter une cinquantaine de rôles dans des lieux différents avec un minimum de décor, c’est suffisant pour nous faire voyager dans un monde disparu mais dont l’évocation est aujourd’hui bouleversante. Hélène Kuttner [Photos © Pascal Gely] |
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