Un « Antifaust » déroutant de Sylvain Creuzevault à la Colline
Un « Antifaust » déroutant de Sylvain Creuzevault à la Colline Une création collective de la Compagnie du Singe Mise en scène de Sylvain Creuzevault Avec Antoine Cegarra, Eric Charon, Pierre Devérines, Evelyne Didi, Lionel Dray, Servanne Ducorps, Michèle Goddet, Arthur Igual, Frédéric Noaille, Amandine Pudlo et Alysée Soudet. Du mercredi au samedi à 20h, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30 Tarifs : de 8 à 30 euros Réservation en ligne ou par tél. au 01 44 62 52 52 Durée : 3h30 La Colline-Théâtre national |
Du 2 novembre au 4 décembre 2016, puis tournée jusqu’en juin 2017
Après le TNS de Strasbourg, l’acteur metteur en scène Sylvain Creuzevault et son collectif le Singe présentent à Paris avec le Festival d’Automne « Angelus Novus », une création démoniaque et spectaculaire de plus de 3 heures autour du mythe de Faust, sous forme d’une série de déconstructions des mythes contemporains. Un projet séduisant pour un résultat déroutant, porté par des acteurs à l’énergie explosive. Goethe, Faust et Méphisto détournés par l’actualitéHabitués des aventures mémorables qui mêlent théâtre et politique, théâtre et philosophie, « Notre terreur » sur l’idéal révolutionnaire et « Le Capital et son singe » sur le Karl Marx, la compagnie du Singe et son metteur en scène Sylvain Creuzevault se sont attaqués au mythe de Faust en miroir de l’Angelus Novus du peintre Paul Klee, une aquarelle saisissante peinte en 1920, représentant selon le philosophe allemand Walter Benjamin un ange aux yeux éqarquillés, pris dans la tempête de l’Histoire, regardant avec effroi l’avenir et le progrès comme des catastrophes prévisibles. Il se retourne donc vers le passé en tentant d’en tirer quelques leçons et de réveiller sans succès les morts. Cette idée d’un progrès démoniaque, plus dangereux que lumineux aujourd’hui, semble bien être le fil conducteur d’un spectacle expérimental mené tambour battant, avec une énergie explosive mais qui, à force de multiplier les pistes et les références, perd le spectateur dans la pelote emmêlée de ses multiples digressions. Générosité des comédiens Comme toujours, une équipe de comédiens de choc, inventifs, gonflés, bourrés d’énergie campent des personnages du 20° siècle qui basculent ensuite dans une mythologie biblique, puis dans un opéra de poche. Antoine Cegarra, Eric Charron, Pierre Duérines, aveline Didi, Lionel Dray, Servanne Ducorps, Michèle Goddet, Arthur Igual, Frédéric Noaille, Amandine Pudlo et Alysée Soudet passent de leur propre identité d’acteur face public, dans un dispositif frontal et resserré, derrière une série de tables-podium, à une série de personnages farfelus voire burlesques, qui frisent la caricature. On suit donc Marguerite Martin, biologiste généticienne française, compagne et maîtresse de Théodor Zingg, compositeur et chef d’orchestre et de Kacim Nissim Yildirim, docteur en neurologie allemand. Ces trois là rivalisent d’érudition, d’ambition et de narcissisme, s’ébattent devant nous comme deux coqs de basse-cour autour d’une poule, avant de partir en voyage. Une performance tous azimuts Il y a des fulgurances extrêmement drôles dans la première partie du spectacle durant laquelle les acteurs, empruntant à l’actualité des clins d’oeil familiers, jouent à fond la complicité avec le public. On singe les débats universitaire où personne ne cède la parole, où la volonté de séduction enflamme le désir sexuel, on caricature la position du chercheur en génétique qui ressemble de plus en plus à sa souris de laboratoire, on rejoue le conflit de générations par la pénétration de tableaux d’actualité avec des vidéos de Nuit Debout, des violences policières et de la colère des jeunes. On regrette cependant que l’énergie et le talent des comédiens ne s’expriment que dans une excitation constante et un débit vocal précipité. Et surtout que le texte, au bout du compte, se noie dans ses propres interrogations à force de clichés. Opéra en allemand Car il est bien difficile de comprendre ensuite ce qu’il advient des protagonistes. La rencontre avec Lilith, première épouse d’Adam et créature démoniaque qui tua ses enfants, ange noir, qui nous plonge dans un Moyen-Age de sorcellerie, vient perturber le propos anti-capitaliste quand Faust réapparait sous les traits de son double négatif, perverti, anarchique et rimbaldien dans l’opéra en allemand de Creuzevault composé musicalement par Pierre-Yves Macé. L’atmosphère vire donc à la mélancolie dépressive et à la fin du monde dans un tableau à la Castellucci avec des panneaux de décor empruntés à François Tanguy, vision nihiliste et sans appel de notre monde en perdition dont on aimerait quelque lumière. Hélène Kuttner [Crédits Photos : © compagnie ] |
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