Trisha Brown : Quatre dernières pour la route
Quatre pièces De Trisha Brown Du 7 au 13 novembre 2015 Tarifs: 11€ – 35€ Réservation: 01 53 65 30 00 Durée : 1h30 Théâtre National de Chaillot |
Du 7 au 13 novembre 2015 A Chaillot, le Festival d‘Automne fête un événement historique, non sans écraser une larme. Car l’histoire de la danse suit son cours, et parfois se retire. La compagnie de Trisha Brown, cofondatrice du célèbre collectif de la Judson Church de New York, chorégraphe-phare de la Post-Modern-Dance, nous présente son bouquet d’adieu : Quatre pièces très représentatives de l’œuvre de Trisha, créées à des époques variées de sa carrière. En effet, il pourrait s’agir de la dernière apparition sur une grande scène parisienne de cette compagnie qui incarne à elle seule les origines et l’évolution de la Post-Modern Dance, des années 1960 jusqu’au XXIème siècle. Il n’y aura plus de nouvelle création de Trisha, souffrante depuis quelque temps et jusqu’à nouvel ordre. ll ne lui a pas été possible d’accompagner la compagnie au Théâtre National de Chaillot où elle avait triomphé tant de fois, que ce soit avec des créations ou son répertoire. « Present Tense » s’appelle l’une des quatre pièces choisies pour cette tournée. Il faut donc profiter de cet instant si Post-Modern et dansant! En profiter pleinement, comme quand on se remplit les poumons d’air de montagne, pur et rafraîchissant. Car cette danse-là est si différente de celle qui domine en Europe, aujourd’hui. L’univers de Trisha Brown est porté par une légèreté et un optimisme qui nous ramènent directement dans l’enfance d’une danse, à un moment où tout est encore possible. Et on voit dans ces mouvement, un peu partout, le corps de Trisha, si élancé qui a conditionné un vocabulaire chorégraphique auquel on atteste toujours une merveilleuse « fluidité ». Le terme est devenu un peu « tarte à la crème » en danse contemporaine, et c’est pourquoi il est instructif de voir ces pièces de la grande Américaine. Chez elle, la « fluidité » ne concerne pas « que » le mouvement, mais l’état même du corps. Vivace et léger, le mouvement coule telle l’eau du ruisseau. C’est toute la différence. Present Tense Les quatre pièces de ce programme ont été créées en 1976, 1981, 2003 et 2011. Mais toutes ont une source commune et unique, à savoir les bras et les jambes si élancés de Trisha, membres paradoxaux qui transforment en lévitation l’énergie d’une personne, à priori tenue par une certaine raideur. La pièce la plus étonnante est par ailleurs celle qui clôt le programme. Avec son univers ludique et ses couleurs éclatantes, « Present Tense » (2003) est une vraie pièce tous publics. La musique de John Cage est ici aussi joyeuse que les relations très vives entre les danseurs qui incarnent comme des personnages. En s’amusant ensemble, on expérimente quelques lois de la construction, de l’architecture et de la physique, face à une toile dans l’esprit street art, qui semble pourtant sortir d’un livre pour enfants. Le plus étonnant est par ailleurs de voir que Brown, chez qui on sent partout une influence de l’architecture contemporaine défiant le ciel de New York, a pu créer une pièce aussi lumineuse et tournée vers l’avenir, quasiment au lendemain du terrible attentat islamiste de 2001 contre les Twin Towers, alors que le pays était encore sous le choc. Le passé traumatisant, le titre de « Present Tense », le renvoi à l’enfance pour mieux évoquer l’avenir… Un manifeste? Solo Olos Son of Gone Fishin’ Entre les deux, « Son of Gone Fishin’ », pièce hypnotique (mais pas par la machine à rythme d’une Lucinda Childs) propose, dans la complexité des structures qui se créent parmi les six danseurs, des face à face intenses, duos intrusives qui se voient concrétisés dans « Present Tense » où les partenaires éphémères ont le droit de se toucher l’un l’autre, longuement et en toute simplicité. « Son of Gone Fishin’ » est la cunninghamienne des quatre propositions, par son vocabulaire et par le procédé aléatoire qui détermine la musique une la compagnie utilisait. Avant chaque représentation, on tirait au sort parmi un grand nombre d’enregistrements. Toutefois, tous venaient de Robert Ashley, compositeur américain non sans lien avec l’univers minimaliste. Cependant, la musique entendue le soir de la première, pur produit du synthétiseur des 1980’s, a nettement vieilli, et ça s’entend d’autant plus que la danse a gardé toute sa pertinence. Rogues Thomas Hahn [ Photos : Naoya Ikegani Saitama Arts Foundation, Nathaniel Tileston, Nan Melville, Stephanie Berger, Lois Greenfield, Stephanie Berger] |
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