Treemonisha – Théâtre du Châtelet
Traité comme un conte fantastique, Treemonisha séduit par de multiples aspects. Les chanteurs, danseurs et comédiens sont tous remarquables : on ne se lasse pas d’entendre les voix de Grace Bumbry (saluée par une ovation à la tombée du rideau) et de Willard White. Chaudes, généreuses, elles donnent le ton pour une production qui donne tout à un public émerveillé. Le décor et les lumières jouent sur un aspect à la fois surnaturel et enfantin, qui fait de ce Sud des États-Unis en pleine mutation, une terre où les miracles sont possibles. Y compris celui de voir une jeune femme noire éduquée devenir chef de sa communauté.
Blanca Li assure à la fois la mise en scène et la chorégraphie de cet opéra aux airs de ragtime, et cela se sent : si, trop souvent, les numéros dansés arrivent au milieu des scènes chantées comme un cheveu sur la soupe, ce n’est pas le cas ici. La scène où dansent et chantent les travailleurs de coton est à ce titre exemplaire : alors que le coton envahit la scène, les comédiens se meuvent avec grâce, et le tout est naturellement enchâssé dans l’action.
Comme dans toute comédie musicale qui se respecte, tout est bien qui finit bien : les marchands de mauvais sorts se repentissent, l’héroïne est sacrée chef de communauté, et tout se termine dans la joie et dans la bonne humeur. Mais les thèmes abordés, tels que l’importance de l’éducation et la lutte contre l’analphabétisme, la place des femmes dans la société, l’intégration des Noirs aux États-Unis, montrent la maturité et surtout l’extrême clairvoyance de cette oeuvre. Qui est qualifiée de premier opéra américain, et célèbre les potentialités de cette terre de promesses mieux que n’importe quel discours politique.
Treemonisha est avant tout la superbe découverte d’un opéra méconnu du répertoire américain, ainsi qu’un splendide hommage à Scott Joplin, dont le talent ne peut être réduit à la bande originale de L’Arnaque. Remarquablement interprété, dans une mise en scène à la fois respectueuse du livret et audacieuse dans ses choix artistiques, ce spectacle se doit de figurer parmi les meilleures comédies musicales américaines – le tout sur un entraînant air de ragtime !
Audrey Chaix
Treemonisha
De Scott Joplin
Mise en scène et chorégraphie de Blanca Li
Avec Grace Bumbry, Willard White, Adina Aaron, Cristin-Marie Hill…
Six représentations du 31 mars au 9 avril 2010
20h les mercredi 31 mars, vendredi 2 avril, dimanche 4 avril, mardi 6 avril, jeudi 8 avril et vendredi 9 avril
Durée : environ 2h avec entracte
Tarifs : de 5 à 80€
Réservations au 01 40 28 28 40
Théâtre du Châtelet
1 place du Châtelet
75001 Paris
Métro Châtelet, lignes 1, 4, 7, 14
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