Tout doit disparaître : Philippe Decouflé occupe Chaillot
Pour la première fois, Philippe Decouflé réactive ses anciennes pièces, si ludiques et effervescentes. À Chaillot, il propose un parcours libre pour (re)découvrir un best-of de moments truculents, spécialement sélectionnés pour investir foyers, halls, couloirs… Et l’œuvre de Decouflé brillera de mille facettes, illuminée par des Opticons, inventés pour l’occasion. Laissez-vous surprendre !
Faisant partie de la première génération de la nouvelle danse des années 1980, Philippe Decouflé a fait aimer la danse française dans le monde entier, la France incluse. Coloriée, joyeuse, plastique, visuelle, ludique, souvent associée à la vidéo ou à la musique rock, elle séduit, divertit et enchante. Elle s’amuse de ses propres envolées et flirte avec le cirque. Philippe Decouflé a en effet crée deux spectacles pour le Cirque du Soleil. Inspiré et soutenu par certains artistes clé de la danse de notre époque, comme Merce Cunningham ou Alvin Nikolaïs, et Annie Fratellini côté cirque, il affectionne les endroits où se croisent l’art populaire et les vedettes, les mythes… Par exemple, le Crazy Horse où il signe en 2009 le premier show d’une nouvelle génération. Une révolution…
Cérémonies
Il s’est aussi fait un nom par les grandes messes suivies à la télévision autour de la planète, comme les cérémonies des Jeux Olympiques d’Albertville et de la Coupe du monde de rugby en 2007. Il faut dire qu’il avait fait ses preuves avec La Danse des Sabots sur les Champs-Elysées pour le défilé du bicentenaire de la Révolution française à Paris mis en scène par Jean-Paul Goude. On l’appelait alors le maître de cérémonies de la Ve République. Depuis, il peut aussi mettre en scène des défilés de mode ou inviter sur scène, pour ses dernières créations, le chanteur rock Nosfell et ses musiciens. Et ses créations des années 1990, notamment Triton, voire Shazam, si ce n’est Décodex, ont fait de sa compagnie DCA (pour Diversité, Camaraderie, Agilité) la coqueluche du public. De pièce en pièce, il a su prouver qu’on peut s’amuser, formidablement même, avec la danse contemporaine.
Balade
On l’avait souvent retrouvé à Chaillot, le Théâtre National de la danse. Pas étonnant alors si c’est précisément ici qu’il est accueilli pour une sorte de rétrospective ludique de son œuvre. Et il reste, alors qu’il approche de la soixantaine, un grand farceur au sourire espiègle, toujours prêt à s’amuser en sortant des sentiers battus. Pour revenir sur son parcours, il en trace donc un autre, pour une balade artistique à travers tout le théâtre.
D’un endroit à l’autre, il installe des castelets ou autre dispositifs pour accueillir des extraits des ses pièces, pour nous rafraîchir la mémoire, faire découvrir ou changer de regard – par un effet de loupe par exemple – sur ses créations de 1984 (Tranche de Cake) à 2016, où il mit en scène un spectacle en honneur à David Bowie à la Philharmonie de Paris. Ces extraits tournent en boucle et le public, lui, est libre de se balader et de créer ainsi son propre spectacle entre installations, performances et projections. Avec quelques rendez-vous fixes en salle où des séquences plus longues seront proposées dans les conditions originales des spectacles, comme Shazam ou Octopus, succès majeurs de la troupe.
Tout doit disparaître
On peut ici choisir entre différents « pass », et plus on débourse, plus on entrera tôt pour en profiter plus longtemps. Ce titre ironique et farceur n’est pas une opération de type « Decouflé en soldes », mais plutôt un rappel de la condition humaine, et bien sûr une façon de résister, pour justement prolonger l’existence et l’humour des œuvres. Mais la disparition fait aussi partie des classiques de la magie, et Decouflé aime les effets spéciaux ! C’est en ce sens qu’il faut s’attendre à des surprises, avec ses Opticons, des « machines à fabriquer des images à partir de vos mouvements ». La feuille de salle inclut un plan du théâtre que vous utiliserez comme si vous partiez à la chasse au trésor ! Inutile de dire qu’avec les spectacles de Decouflé, et particulièrement avec l’aventure de Tout doit disparaître, les enfants se régaleront.
Thomas Hahn
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