Les Diablogues – Jean-Michel Ribes – Théâtre Marigny
Tragédie classique, ping pong, plongeon, musique dans le placard, Gobe-douille… Absurdes et cocasses, les textes de Dubillard, remis au goût du jour par le metteur en scène Jean-Michel Ribes, jonglent brillamment avec la langue française. Ultra léchées, les joutes verbales tombent parfois dans le non-sens : un effet de style recherché qui permet d’exploiter tout le potentiel humoristique de la pièce.
Que le public y soit sensible ou non, le charme des Diablogues réside bel et bien dans cet échange de mots, ces dialogues de sourds. Dans cet univers à part, où l’absurde prime, les deux actrices nous rappelle qu’à deux, c’est mieux ! Deux pour jouer, deux pour échanger, deux pour s’engueuler… Dans cette métaphore du monde, où les personnages sont le commun des mortels et les dialogues les questionnements du monde, on jubile devant la pertinence de certains sketchs et le bien fondé de ces calembours.
A l’affiche, deux grands noms de la comédie française, Muriel Robin et Annie Gregorio. De ces deux actrices au potentiel comique incontestable, on s’attendait à plus d’énergie, plus de mimiques. Leur maîtrise du texte et la perfection de leur jeu ne suffisent pas à nous faire rire auxéclats. Mais en vérité, l’intérêt des Diablogues ne réside pas dans la force humoristique des deux interprètes. Leur talent et leur présence prennent le pas sur le minimalisme de la mise en scène et le décor bien trop kitsch pour le propos. Totalement au service du texte, elles parviennent à nous faire oublier que ces deux femmes, afférés sur scène, exultent dans l’anonymat : pas d’avenir, pas de passé, pas de prénom, pas d’identité. Nous sommes subjugués par la simple complicité qui anime nos deux héroïnes. Amies à la vie comme à la scène, Muriel Robin et Annie Gregorio réussissent le tour de force de transmettre l’admiration qu’elles éprouvent l’une envers l’autre. Bien plus qu’une aventure scénique, les Diablogues de Jean-Michel Ribes sont un hommage à l’art, un honneur aux textes de Dubillard.
Portés par deux adeptes du one woman show, on croyait bêtement que ces Diablogues allaient nous faire passer du sourire au fou rire. Mais après réflexion, on comprend que la beauté de la pièce réside en fait dans la poésie du texte, dont la subtilité, l’absurdité et la cocasserie valent bien plus qu’un éphémère éclat de rire.
Mathilde Degorce
Les Diablogues
De Roland Dubillard
Mise en scène de Jean-Michel Ribes
Avec Muriel Robin et Annie Gregorio
Décor : Jean-Marc Stehlé // Lumières : Marie Nicolas
Costumes : Juliette Chanaud
Jusqu’au 31 décembre 2009
Du mardi au samedi à 19h
Tarifs : 33€, 38€ et 43€
Théâtre Marigny
Carré Marigny
75008 Paris
M° Champs Elysées Clemenceau ou Franklin Roosevelt
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