Seznec – Théâtre de Paris
Avec L’Affaire du courrier de Lyon ou Je m’appelais Marie-Antoinette, Robert Hossein affichait sa passion pour la justice et la vérité du peuple. Aujourd’hui encore, ses projets confirment son goût pour la controverse et son désir de donner la parole à un public fortement sollicité. Avant L’Affaire Dominici et L’Affaire Weber prévues cette année, c’est le procès de Seznec qui préoccupe le metteur en scène, soucieux de recréer avec rigueur le débat houleux de l’époque, en y ajoutant « un équilibre formel entre les arguments de la défense et ceux de l’accusation ». Un programme annoncé qui se défend néanmoins de chercher à orienter son public, à qui il est offert à la fin du spectacle de décider du sort de l’accusé, en son âme et conscience.
Théâtre de Paris, face à un décor de salle de tribunal, les spectateurs-jurés assistent aux premières minutes du procès de Guillaume Seznec. A gauche l’accusation, à droite la défense. Au milieu de la scène, un greffier servant d’huissier et tout en hauteur, surplombant le tout, un journaliste, sorte de voix-off omnisciente qui suspend l’action afin de résumer de temps à autre ce qui est en train de se jouer. De la scène à la salle, les témoins vont et viennent, se croisent et se répondent entre eux. Une image de la cour quelque peu désordonnée mais dont on oublie volontiers les approximations, séduits par un texte passionnant qui sait retracer avec exactitude les tenants et les aboutissants d’une affaire connue pour sa complexité.
Pourtant, à trop vouloir imiter la réalité, Robert Hossein en oublie le théâtre. Ainsi, sa mise en scène bien trop statique investit l’espace sans réellement l’habiter et le faire vivre. Trop théâtral en revanche est le surjeu de ses comédiens, qui miment sans retenue les émotions les plus excessives. Ainsi, face à une Olga Korotyayeva (Mme Seznec) à l’accent breton peu convaincant ou à un Pierre Dourlens à la présidence trop agitée, le jeu plus modulé de Philippe Carois (Seznec) s’impose avec plus de simplicité.
Même déconcertés par l’emphase des acteurs et l’immobilité de la mise en scène de Robert Hossein, loin de nous l’idée de lui en tenir rigueur. Après délibération, c’est un public fidèle qui choisit immanquablement de condamner le « coupable » verdict d’hier en lui opposant l’ « innocent » jugement d’aujourd’hui. Car si elle ne nous convainc pas toujours, cette impression d’avoir réellement son mot à dire ne manque pas de divertissement.
Laetitia Ratane
Seznec, un procès impitoyable
D’Olga Vincent et Eric Rognard
Réalisé et présenté sur scène par Robert Hossein
Assistante mise en scène : Catherine Gondran
Avec :
Guillaume Seznec: Philippe Caroit
Présentateur: Robert Hossein
Journaliste: Jean-Paul Solal
Président: Pierre Dourlens
Procureur: Erick Desmarestz
Avocat: Yannick Debain
Greffier: Philippe Rigot
Femme de Seznec: Olga Korotyayeva
Bagnard: Jean Antolinos
Intervention filmée: Maitre Paul Lombard
Témoins : Martine Pascal, Herve Masquelier, Danik Patisson, Frederic Anscombre, Joel Ravon, Giles Dumenil Laguerre, Dominique Roncero, Claude Lancelot, Vincent Labie, Patrick Bordes, Gerard Boucaron, Steve Bedrosian, Henri Deus, Jenny Bellay
Gendarmes: Maurice Patou, Pierre Hossein
Décor : Christian Vallat // Costumes : Martine Mulotte
Lumières : Jacques Rouveyrollis, Christian Brean
Prolongation jusqu’au 20 avril 2010
Représentations du mardi au samedi à 20h30
Matinées le samedi à 16h30 et le dimanche à 15h30
Tarifs : 46€ // 36€ // 26€ // 17€ (hors frais de réservation)
Jeunes de moins de 26 ans : 10 € (les mardi, mercredi et jeud
Location : 01.48.74.25.37 – Fnac 08.92.68.36.22 (0.34 €/min)
Théâtre de Paris
15, Rue Blanche
75009 Paris
M° Trinité – Blanche ou Saint -Lazare
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