« La Maison d’à côté » : une leçon d’humanité
La Maison d’à côté De Sharr White Mise en scène de Philippe Adrien Avec Caroline Silhol, Hervé Dubourjal, Léna Brébanet et Stéphane Comby Jusqu’au 14 mars 2015 Tarif : 32 € Réservation au Durée : 1h30 Théâtre du Petit Saint-Martin M° Strasbourg-Saint-Denis (lignes 4, 8 et 9) |
Jusqu’au 14 mars 2015
C’est une pièce américaine qui remporta en 2011 un gros succès à Broadway. C’est aussi la première pièce de Sharr White à être créée à Paris grâce à l’adaptation de Gérald Sibleyras. La comédienne Caroline Silhol y est bouleversante, en tenant du début à la fin le fil d’un personnage qui bascule dans les abîmes de sa mémoire. Quand les Américains s’attaquent au théâtre et que leurs pièces ont du succès, ils y mêlent suffisamment de réel et de passion, de rêve et de cauchemar, tout cela articulé sur une redoutable construction des scénarios. Leurs histoires se nourrissent en général de ce qu’ils semblent bien connaître pour en explorer tous les méandres. Sharr White, un jeune auteur, donne ici la parole à une femme, Juliana, scientifique brillante dans le domaine de la recherche des pathologies cognitives du cerveau. Belle, sûre d’elle, séduisante et travailleuse, Juliana est une femme à qui tout réussit et qui ne supporte bien sûr pas l’échec, ni la remise en question. Quand un beau matin, devant un auditoire de médecins spécialisés venus tout exprès à un congrès sur une île paradisiaque où se tiennent habituellement les symposiums des laboratoires pharmaceutiques, Juliana a subitement un trou de mémoire avec des hallucinations, elle perd pied. Et rembobine, avec plus ou moins de patience, pierre par pierre, l’histoire de sa vie. Dirigée avec beaucoup de subtilité par Philippe Adrien, dans une scénographie de toute beauté de Jean Haas avec des photos et des projections, Caroline Silhol se saisit du personnage de manière exceptionnelle, épousant toutes les facettes et les sentiments d’une femme qui perd ses repères, tour à tour douce ou agressive, lucide ou fantasque, drôle ou pathétique. À ses côtés, Hervé Dubourjal est parfait dans le rôle du mari et la toute jeune Léna Bréban irréprochable dans ses compositions. On sort de là chahuté mais humainement conquis. Hélène Kuttner [Crédit photos : Lot] |
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