La Contrebasse au Théâtre de Paris
La Contrebasse De Patrick Süskind Mise en scène de Daniel Benoin Avec Clovis Cornillac Décor : Jean-Pierre Laporte Du 16 janvier au 11 mai 2014 Location : 01 42 80 01 81 ou www.theatredeparis.com Durée : 1h20 Théâtre de Paris |
Du 16 janvier au 11 mai 2014
Dans un décor d’une fulgurante efficacité, Clovis Cornillac joue tout en nuance la partition de Patrick Süskind. Un défi relevé haut la baguette par ce comédien d’exception. Du grand art. Oublions un peu le stakhanoviste du cinéma, l’homme aux presque 40 films en moins de 10 ans mais néanmoins pas toujours dignes de son immense potentiel. Sur scène, Clovis Cornillac est prodigieux. Une force apparemment indomptable, une puissance scénique qui semble faire corps avec celle, physique, qui lui ont souvent valu ces rôles de brute mal dégrossie au cinéma. Pour jouer avec le plus gros, le plus inconfortable, le plus difficilement maniable des instruments de musique, ça aide mais ça ne suffit pas. Reste à faire corps aussi avec le texte. La pièce du Bavarois Patrick Süskind est jalonnée de pépites. Un texte drôle, à la lisière de l’absurde parfois, entre Kafka et Jarry, et qui laisse entrevoir des béances existentielles terribles. Un contrebassiste, fonctionnaire puisqu’employé à l’Orchestre national, présente au public son instrument. Entre admiration et répulsion. Le madrigal du début cède en effet la place à une cohorte de reproches que l’encombrant outil de travail lui inspire parce que, dit-il, il est la cause de ses frustrations, de ses échecs amoureux et même d’une carrière professionnelle sans éclat. Pourquoi a-t-il donc choisi ça plutôt que le piano ? Qu’attend-il de la vie dans son appartement insonorisé à 95% où il s’enfile bière sur bière avant le prochain récital ? Va-t-il déclarer sa flamme à la soprano qu’il dévore des yeux sur scène alors qu’elle ne l’a jamais regardé ? Est-il prêt à se faire virer comme un héros ou va-t-il continuer sa besogneuse existence comme un pleutre et un amoureux transi ? Un décor ingénieux Le décor, constitué de deux murs de placards aux multiples portes, va ingénieusement habiller la scénographie énergique et très physique de Daniel Benoin. Au fur et à mesure que se dévoile le personnage, une porte s’ouvre et fait apparaître un élément matériel de l’existence de ce fonctionnaire rangé, méthodique jusqu’à la maniaquerie. Ces ouvertures vont précipiter ce drôle d’énergumène dans cette ivresse de la douleur, dans l’antre d’une folie existentielle. Un abime vertigineux que Cornillac restitue avec une capacité de jeu phénoménale. Littéralement, viscéralement habité par son personnage, le comédien livre une performance magistrale. Oublions la star de cinéma. Oublions un instant aussi Jacques Villeret auquel vont vouloir le comparer les plus anciens. Deux manières radicalement opposées d’aborder un tel texte ne se comparent pas. Elles se complètent car elles se mettent au service d’un même et unique plaisir, celui du public… Franck Bortelle [Crédits photographiques : Bernard Richebé] |
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