Femme non-rééducable au théâtre de l’Atelier : une belle rencontre entre théâtre et journalisme
Femme non-rééducable Théâtre de l’Atelier Mise en scène de Arnaud Meunier Texte de Stefano Massini Avec Anne Alvaro, Régis Royer et Régis Huby Du 13 mars au 28 mai 2014 Réservation en ligne Théâtre de l’Atelier |
Anne Alvaro ravive avec ardeur et pudeur la voix mal éteinte de la journaliste Anna Politkovskaia ; une belle rencontre entre théâtre et journalisme.
Qui n’a jamais entendu parler d’Anna Politovskaia et de sa mort tragique, assassinée par balles devant son appartement en 2006 ? À l’heure où la Russie revient sur le devant de la scène avec ses ambitions territoriales et nationalistes, alors que où l’on constate des tentatives de manipulation de l’information et de son utilisation comme d’une arme, ce « mémorandum théâtral » sur la journaliste tombe à point nommé. Anne Alvaro campe un genre de nouvelle Antigone, au service de la vérité. Envers et contre tout, intimidation, menaces de mort, de viol, cette femme classée « non-rééducable » par le pouvoir, résiste. Sa seule arme ; sa plume qu’elle porte dans les plaies de la guerre de Tchéchénie. La journaliste révèle une réalité sans fard, l’horreur de la guerre, les abus de l’armée, les exactions, les viols des femmes… Celle qui se « limite à raconter des faits. Les faits : tels qu’ils se produisent », refuse également de se ranger dans « un camp » et s’attache à retranscrire une vérité complexe et nuancée face à la vision du conflit en noir ou blanc imposée. Le texte de Stefano Massini nous plonge dans la vie d’Anna Politkovskaia, de ses préoccupations les plus concrètes et quotidiennes, comme manger ou boire, à sa détention en 2001 ou à sa tentative d’empoisonnement dans l’avion qui la menait à la prise d’otage de Beslan, en Ingouchie, en 2004. Un théâtre documentaire, dénué de commentaires, qui s’inscrit dans le prolongement de l’activité de la journaliste; faire éclater la réalité à la lumière. Voix chevrotante, stature droite, Anne Alvaro incarne avec justesse cette femme de conviction aguerrie. La comédienne porte avec pudeur, une intense émotion contenue, avec un mélange de force et de délicatesse cette voix bâillonnée. Sous nos yeux se joue une authentique rencontre entre l’actrice et son personnage. La solitude, l’isolement qui pèse sur ses épaules sont également palpables. Anne Alvaro n’est pas seule en scène, accompagnée par Régis Royer. Mais les différents personnages qu’il joue, tour à tour, ne sont jamais définitivement incarnés. La création son et lumière du spectacle est une indéniable réussite. Le violon électro-acoustique de Régis Huby, seul véritable interlocuteur d’Anna, apporte une touche mélancolique et révèle la puissance du silence environnant. Le musicien évolue discrètement en arrière-plan, sur écran. Est-il réel ou une simple image vidéo ? Lorsque la journaliste rejoint l’espace scénique qui se dévoile au second plan, on comprend alors à quel point cette réalité, que l’on imaginait virtuelle, n’a jamais été aussi tangible… Jeanne Rolland A découvrir sur Artistik Rezo : |
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