Absinthe – Théâtre de la Bastille
Chez Jean-Yves Chapalain, l’absinthe n’est cependant pas ce symbole des grands poètes français aux visions aussi improbables que géniales. Absinthe est une jeune fille, assez jeune pour encore aller à l’école, assez âgée pour remettre en question l’autorité de ses parents. On est bien loin de l’alcool interdit… Vraiment ?
Car dans cette atmosphère de carnaval, où les personnages se cachent derrière des masques, des marionnettes, pour mieux cacher ou entendre la vérité, tout n’est qu’histoires et fariboles. Dans un clair-obscur aux tons chauds, le drame familial se dévoile peu à peu, alors que des fantômes se cachent derrière des humoristes ventriloques et que des révélations sortent de la bouche de squelettes dignes d’Halloween.
Si le loufoque règne dès le début de la pièce, entre costumes décalés, langue surannée et répliques déconnectées de toute logique, il va en s’accentuant au fur et à mesure que l’intrigue se tend, et que les personnages découvrent que tout n’est pas aussi simple qu’ils le pensaient. Pierre-Yves Chapalain, inspiré par le monde du cirque et des saltimbanques, dirige ses comédiens dans un véritable esprit de troupe, comme un ensemble : ainsi, alors que la cellule familiale gravitant autour d’Absinthe se délite, la rupture est-elle encore plus forte, encore plus nette, encore plus traumatisante pour chacun des personnages.
Des trouvailles de mise en scène et de scénographies rythment cette pièce possédée par un esprit malin : la mère arpente le plateau, les mains couvertes de sang, en répétant que c’est normal, elle fait des gâteaux. Absinthe, la tête couverte d’une perruque bleu électrique, réclame la vérité à corps et à cris alors que la scène se couvre de confettis et de cotillons. Au fur et à mesure que l’atmosphère se fait de plus en plus festive, la famille implose avec plus de violence encore, donnant à ce carnaval un parfum de danse macabre…
Le texte est porté par une ferveur langagière hors normes et soutenu par des comédiens qui jouent véritablement en troupe ; alors que la mise en scène est alimentée par des jeux savants de clair-obscur et un désordre maîtrisée. Le tout pour un théâtre véritablement monstrueux et profondément jouissif.
Audrey Chaix
enjoy the theatre
Lire aussi sur Artistik Rezo, Identité au Théâtre de la Bastille.
© Elisabeth Carecchio
Absinthe
Texte et mise en scène de Pierre-Yves Chapalain
Avec Patrick Azam, Philippe Frécon, Perrine Guffroy, Laure Guillem, Yann Richard, Airy Routier, Catherine Vinatier, Margaret Zenou
Du 13 janvier au 11 février 2011
Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 17h, relâche le lundi
Réservations au 01 43 57 42 14 et sur le site du théâtre
Tarifs : de 14 à 22 €
Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette
75011 Paris
Ligne 2, 5 et 8
Articles liés

Christinia Rosmini en concert à la Divine Comédie
Artiste méditerranéenne aux origines espagnoles, corses, et italiennes, nourrie de flamenco, de musiques sud-américaines, orientales, indiennes… et de Chanson française, Christina Rosmini a mis au monde un univers artistique qui lui ressemble. Dans INTI, (Dieu du Soleil chez les...

“GRAFFITI X GEORGES MATHIEU”, avec JonOne, Lek & Sowat, Nassyo, Camille Gendron et Matt Zerfa à la Monnaie de Paris
En parallèle de l’exposition monographique des salons historiques, La Monnaie de Paris a souhaité montrer les échos de l’œuvre de Georges Mathieu dans les pratiques et les gestes artistiques de l’art urbain en invitant des artistes du graffiti de...

“Voltige” : le nouveau single du pianiste virtuose indie pop Mathis Akengin
Dès son plus jeune âge, Mathis Akengin a développé un lien profond avec le piano, ce qui l’a conduit à un parcours musical éclectique. Après des années de formation classique, il a élargi ses horizons au blues-rock, à la world-soul et au jazz, collaborant avec...