Le Songe d’une nuit d’été – Théâtre de la Porte Saint-Martin
Ce n’est pas une pièce simple de prime abord. S’y entremêlent plusieurs lignes narratives dont les principales sont constituées de deux couples d’amoureux transis. Une dispute entre le roi et la reine des fées n’arrange pas les affaires des tourtereaux et une potion va achever de tournebouler l’ensemble. Mais le tout, nimbé de féérie, de musique et de chant, se prête à toutes les adaptations possibles et parfois les plus indigestes, comme celle, cinématographique, de Michael Hoffman en 1999 où le kitchissime côtoyait le poétiquement discutable malgré une distribution alléchante.
Là où Antoine Herbez, décidément très à l’aise avec les univers enchanté après sa magistrale transposition scénique de La Flute enchantée l’an dernier, a réussi son pari en adaptant cette pièce, la plus accessible de Shakespeare pour les plus jeunes, c’est précisément en ne tombant pas dans le piège du beau livre d’images, bucolique jusqu’à l’écœurement et coloré jusqu’à l’éclatement de la pupille. Bien décidé à ne pas prendre son spectateur pour un demeuré sous prétexte qu’il n’a que 8 ans, il va parvenir à un équilibre parfait pour que son jeune public ne se sente pas dans une quelconque « disniaiserie » mais bien au théâtre avec des personnages sujets autant à des bonheurs qu’à des souffrances. Ainsi le prologue, détonnant, plante-t-il le décor (très noir, presque terrifiant) pour clairement signifier qu’il ne s’agit nullement d’une comédie.
Ainsi annoncé, le drame peut ensuite se jouer et l’intégration de la féérie se justifier pleinement, comme dans la pièce originale. Les éléments du décor, modulables, vont s’intégrer à merveille et se fondre dans le tourbillon chorégraphique que mènent les comédiens. Acrobaties, danses, chants, musique (notamment de Purcell) le tout persillé d’une touche de magie assurent quelques morceaux de bravoure du meilleur goût autant que les quelques anachronismes, légers et libérateurs, permettent de s’éloigner du caractère un peu empesé du propos médiéval. Ainsi, sans parjurer l’auguste William, Antoine Herbez le remet-il au goût du jour, en le réactualisant par touches homéopathiques. Ses comédiens et musiciens, drapés dans des costumes délirants de couleurs, font le reste. Unis et soudés, ils réalisent un sans faute. Les nombreux applaudissements durant la représentation témoignent que le public vit avec ce « Songe » un rêve éveillé et émerveillé…
Franck Bortelle
Le Songe d’une nuit d’été
Mise en scène de Antoine Herbez
Adaptation : Wajdi Lahami
Direction musicale : Didier Benetti
Collaborateur artistique : Laury André // Scénographie : Charlotte Villermet // Costumes : Madeleine Lhopitallier // Lumières : Fouad Souaker // Chorégraphie : Claire Faurot // Magie : Nicolas Audouze // Chef de chant : Ernestine Bluteau
Avec Lucas Anglares, Ariane Brousse, Ronan Debois, Ivan Herbez, Orianne Moretti, Benjamin Narvey, Alice Picaud, Gaëlle Pinheiro, Marie Salvat, Maxime de Toledo et les musiciens Benjamin Narvey (Luth et théorbe), Alice Picaud (Violoncelle), Marie Salvat (Violon)
Du 20 octobre 2012 au 5 janvier 2013
En tournée de janvier à mars 2013
Durée 1h30
Théâtre de la Porte Saint-Martin
18, boulevard Saint-Martin
75010 Paris
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Les pièces à voir à Paris en novembre 2012
[Crédit : Corinne Vaglio/Ecla Théâtre]
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