Le roi se meurt, vive Michel Bouquet ! au Théâtre Hébertot
Le roi se meurt De Ionesco Mise en scène de Georges Werler Avec Nathalie Bigorre, Pierre Forest, Lisa Martino et Sébastien Rognoni Du 26 février au 27 avril 2014 Places de 15€ à 45€ Réservation en ligne ou par tél. au 01 43 87 23 23 Durée : 1h20 Théâtre Hébertot
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Du 26 février au 27 avril 2014 Âgé de 88 ans, Michel Bouquet se meurt chaque soir, sur les planches du théâtre Hébertot, dans le rôle du roi Bérenger. Un spectacle qui parle de la mort ? Honni soit qui mal y pense ; une leçon de vie et de théâtre ! Ce souverain de l’art dramatique, farceur, fait montre d’une énergie sans cesse renouvelée, celle d’un jouvenceau qui croque la vie à pleines dents et donne un souffle neuf à l’œuvre de Ionesco. Dans ce fief parisien aux couleurs rouge et or, le théâtre Hébertot, Bérenger 1er rayonne. Roi Soleil, il régit l’univers. Astre incontournable, le Monde entier vit et tourne autour de son illustre couronne. Jusqu’à ce qu’un beau jour, la sentence tombe ; le monarque que l’on croyait immortel s’éteint. Il ne dispose que d’une heure trente de sursis. Vaines tentatives de rappel à l’ordre, le Cosmos fait la sourde oreille, échappe à son pouvoir jadis absolu pour sombrer peu à peu dans le chaos et l’obscurité. L’étoile Michel Bouquet, plus radieuse que jamais, régit, à l’instar de son personnage, l’univers théâtral qui l’entoure. De son jeu percutant de justesse et d’évidence, il illumine le plateau. La force de sa présence et de sa personnalité irradient. Sa superbe éblouit. Dès son entrée sur scène, le spectateur égaré comprend qu’il donne sens, tel un chef d’orchestre, au jeu de ses partenaires. Ceux-ci, fidèles à la signification de la pièce, évitent soigneusement tout phénomène d’éclipse. S’ils s’effacent délibérément devant la vedette, les différents comédiens n’en demeurent pas moins remarquables. Le duo formé par les deux épouses royales, la reine Marguerite, femme peu commode, qui martèle l’inexorable à son époux, et la reine Marie, fraîche amoureuse, pleine de vie et d’espoir, incarne ce contraste tragique qui nous étreint. On aurait cependant aimé entendre un peu mieux Juliette Carré, au-delà du débit précipité et du ton monocorde de sa parole. Car, métronome implacable, le rythme pulse comme ces battements de cœur qui frappent lors de l’agonie finale du roi. Le phrasé des comédiens, rapide, enlevé, la logorrhée finale que la reine Marguerite assène à son mari, essoufflent. Seul Michel Bouquet s’autorise quelques respirations. Les instants suspendus de silence dont il s’empare, poignants, angoissants, laissent résonner le vide comme une arythmie cardiaque. À la barbe du fatum, jusqu’à son dernier souffle, le roi facétieux s’amuse. Le comédien a plus d’un tour dans son sac et se plaît à dérouter le public. Pense-t-on qu’il ait dit son dernier mot, il nous réserve encore quelques soubresauts de vie ou de rire. Le héros s’autorise une liberté fondamentale; il manie parfaitement les différents registres et invite le comique au cœur du drame. Au fil de son agonie il renaît dans le royaume immortel de l’enfance qui est aussi celui de l’artiste…Finalement, dans cette joute féroce entre les pouvoirs de la mort, du roi ou de l’amour, c’est l’Homme dans son humanité, grâce à l’art qui triomphe. Du grand théâtre ! Jeanne Rolland A découvrir sur Artistik Rezo : [Visuels : PhotoLot] |
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