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Thomas Le Douarec

7 juillet 2009
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thomas

 

 

Les débuts d’un garçon turbulent

Thomas Le Douarec  découvre très tôt sa passion pour le théâtre, dès l’âge de 15 ans, il fait partie de l’atelier théâtre du lycée Corneille de Rouen. Néanmoins, suite à son redoublement, les parents de Thomas l’inscrivent à l’Institut Catholique Saint Joseph du Havre.

A la fois pour vivre sa passion et fuir les heures d’études, Thomas s’inscrit au club théâtre dirigé par Joël Pagier. Son Bac B (ES aujourd’hui) en poche, il monte à Paris où il s’inscrit au cours Florent. Il y rencontre Francis Huster et finit par intégrer directement la deuxième année où il subira les critiques acerbes de Michèle Arfaut.

Cantonné au rôle du vilain petit canard, c’est par hasard et suite à la défection du metteur en scène de la pièce Maledictis de Sacha Guitry, qu’il le remplace au pied levé et travaille jour et nuit durant près de trois semaines pour remporter un grand succès au sein de l’école lui ouvrant les portes de la classe libre. La mise en scène s’impose alors naturellement à lui et cette passion ne le quittera plus « pour moi, la mise en scène s’apparente à la création d’un nouveau monde, d’un rêve c’est vraiment passionnant de donner vie à certains de ses rêves ».  En 1991, il met en place Dommage qu’elle soit une putain de John Ford, et c’est avec ce spectacle qu’il crée la compagnie Thomas Le Douarec. Son premier succès se profile avec Les Sorcières De Salem d’Arthur Miller en 1993, « c’était mon premier cachet qui me permettait de vivre correctement » se souvient-il. Puis, le jeune homme grandit et les succès dès lors ne se démentent plus, sautant avec dextérité du répertoire classique au comique.

Un metteur en scène très éclectique

Thomas n’a pas de préférence pour tel ou tel genre de pièce, il regrette simplement ce cas si typiquement français d’enfermer les gens dans un registre sous prétexte qu’ils sont bons dans ce domaine et que ça rassure les professionnels « j’aime aller à l’encontre de ce que l’on attend de moi ». Thomas joueur de saxo à ses heures perdues a toujours eu une grande passion pour la musique que l’on retrouve dans ses spectacles et notamment dans Le Cid version flamenca qui connaît un succès retentissant en 2009. La pièce met en scène des danseurs évoluant autour de Rodrigue et Chimène. « Je voulais montrer à la fois  les racines, l’inconscient et l’énergie de chacun, les danseurs incarnent une sorte de moi profond qui rappelle aux protagonistes d’où ils viennent et leur permettant ainsi de sauver l’honneur du clan ».

En 1998, Thomas avait déjà monté Le Cid selon le même concept, cependant, il souhaitait revisiter cette œuvre avec de nouveaux comédiens, costumes et décors. Le personnage du roi a également soulevé de nombreuses réactions, Thomas souhaitait en faire un être à la croisée des chemins entre Louis XIII et Louis XI, « un personnage au désir de devenir monarque absolu tout en possédant ce côté coquet propre à Louis XIII. C’est un roi assez machiavélique, qui fait semblant d’être dépassé par les évènements tout en se mettant en scène notamment dans son habit de toréador à paillettes le rapprochant du roi soleil si scintillant. » Thomas a mené de longues recherches avant de monter sa pièce car il considère qu’ « il faut posséder parfaitement son sujet et s’approprier l’époque et les sources d’inspiration de l’auteur pour être crédible aux yeux du public ».
C’est donc sur la première version tragi-comique du Cid paru en 1636 que Thomas a choisi de travailler. « J’ai voulu moderniser cette pièce dans le but de revenir à la tradition d’un vrai théâtre populaire, en le  rendant plus accessible à tous et même aux plus jeunes. Je reste cependant certain que même les puristes y trouveront leur compte. »

Une passion pour le théâtre à grand spectacle

Thomas nous confie sans fard  qu’il aime monter une grosse machine où le spectacle est total mêlant à la fois le chant et la danse, « mon rêve serait de monter une pièce avec plus de soixante personnes! Malheureusement, les budgets alloués pour le théâtre sont de plus en plus serrés rendant impossible ce genre de grosse production ». Vous l’aurez compris, Thomas aime travailler avec plaisir et surtout pour le plaisir, « à chaque nouveau spectacle je donne la priorité à l’ambiance au sein du groupe de manière à recréer cette dynamique qui existe dans les  troupes de théâtre. Tous mes comédiens sont logés à la même enseigne, ils perçoivent tous le même salaire ! » Les spectacles de Thomas ne comportent jamais de têtes d’affiches et pour cause, c’est un choix revendiqué de la part de celui-ci de ne pas travailler avec des vedettes « je ne suis pas là pour faire de la communication et supplier un tel ou un tel de jouer dans ma pièce. En outre, je veux avant tout que le spectateur vienne voir un concept et tant pis si l’affiche a l’air moins vendeuse parce qu’il n’y a personne de connu. »

Thomas présente en septembre une nouvelle pièce intitulée Grasse Matinée au théâtre du Petit Maturin avec Marie Le Cam, Cyrielle Claire et René de Obaldia de l’Académie Française. Il prépare également une création pour le Splendid ainsi qu’un projet de long métrage pour le cinéma.

Qu’est-ce que vous aimez ?
Le baroque et tout ce que représente ce mot, cette sensualité qui en découle et qui caractérise si bien le théâtre. J’ajouterai aussi les excès et l’exubérance.

Qu’est-ce que vous n’aimez pas ?
Les mondanités.

Quelle est votre idée de la consécration artistique ?
Réaliser quelque chose pour le cinéma.

Quel est le premier évènement artistiquement marquant de votre vie ?
Je dirais qu’il y en a eu deux. D’une part, l’Indiade ou l’Inde de leurs rêves d’Hélène Cixous mise en scène par Ariane Mnouchkine avec la troupe du théâtre du Soleil à La Cartoucherie. D’autre part, l’œuvre autobiographique titanesque de Philippe Caubère  Le Roman d’un acteur composé de 11 spectacles m’a beaucoup impressionné.

Existe-t-il un espace qui vous inspire ?
L’écran de mon ordinateur (rire), j’ai vu les nouvelles technologies naître et évoluer devant moi et il en a découlé une sorte de fascination pour ces outils.

Morgane Guimier

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