“The Servant” : un huis clos démoniaque
The Servant De Robin Maugham Mise en scène de Thierry Harcourt Avec Maxime d’Aboville, Roxane Bret, Xavier Lafitte, Adrien Melin, Alexie Ribes Du mardi au samedi à 19h, dimanche à 17h30 Tarifs : de 10 à 35 € Réservation en ligne et au Durée : 1h25 Théâtre de Poche Montparnasse M° Montparnasse Bienvenüe www.theatredepoche-montparnasse.com |
Du 1er septembre au 8 novembre 2015
De ce huis clos infernal basé sur le renversement de la relation du maître et de l’esclave écrit par Robin Maugham dans les années 1950, le grand cinéaste Joseph Losey avait réalisé un film admirable avec Dirk Bogarde sur un scénario d’Harold Pinter. Thierry Harcourt met en scène la pièce originelle avec cinq acteurs épatants sur le petit plateau du Poche Montparnasse et c’est un régal. De l’ordinaire au fantastique Quoi de plus ordinaire pour un jeune aristocrate anglais, Tony, rentré d’Afrique et habitué à être servi, que de se mettre en quête d’un domestique qui puisse tenir sa maison, une garçonnière londonienne, et accessoirement lui tenir compagnie. Tony est beau garçon, affable et paresseux. Et dès le premier contact avec Barett, le domestique, onctueux et servile à souhait, le courant passe. Mais Richard, son meilleur ami, s’interroge sur cette omniprésence du serviteur et sur l’ascendant qu’il prend sur Tony. Sally, sa fiancée, s’inquiète de ne plus avoir d’intimité avec Tony depuis l’arrivée de Barett. Ce dernier, comme une araignée précautionneuse, tisse sa toile autour du flegmatique aristo. Une direction d’acteurs d’une précision chirurgicale Thierry Harcourt a eu l’intelligence de mesurer l’écueil à éviter : une reconstitution fidèle d’un intérieur bourgeois et des comportements empruntés à l’après-guerre citadine. Les acteurs interprètent des personnages d’aujourd’hui, à la gestuelle contemporaine et au parler vif, grâce à l’adaptation de Laurent Sillan. Dans un décor dépouillé et légèrement stylisé années 70, Xavier Lafitte incarne Tony avec beaucoup d’élégance et de finesse, face à Maxime d’Aboville, diabolique et sidérant dans le rôle du domestique. Maîtrisant totalement ses gestes et ses paroles, le comédien réalise une remarquable composition qui mêle le magnétisme à la froideur. Alexie Ribes campe une Sally pleine d’énergie et de désarroi, fiancée délaissée, tandis qu’Adrien Melin, avec beaucoup de sincérité, est le meilleur ami. Toute jeune mais déjà bourrée de talent, Roxane Bret, dans les personnages de Vera et de Kelly, fait montre d’un tempérament explosif et d’une revigorante spontanéité. Une réussite donc que ce spectacle qui nous interroge sur nos pulsions les plus profondes et les plus refoulées. Hélène Kuttner [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=Xo9o4WoLF50[/embedyt] [Photos © Brigitte Enguerand] |
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