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Talking Heads: reprise au Théâtre Marigny !

30 avril 2009
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Les mots d’Alan Bennett sont crus d’une naïveté qui violente en regard de la gravité des sujets convoqués. La maladie, la mort, le crime, l’ennui ou encore la solitude, autant de douleurs que l’on imagine a priori difficilement perceptible au travers du rire. Et pourtant, si l’écriture de Bennett est d’une fulgurante vérité, c’est justement parce qu’elle se déploie sur le fil de la cruauté, là où la nécessité de l’amusement s’impose en parade à la souffrance. On aime que la réalité des maux se cache ici dans la pudeur des interlignes, car c’est pour mieux nous atteindre, et avec finesse.

Laurent Pelly brille d’une mise en scène méticuleuse, qui épate en subtilité à mesure qu’elle étonne en surprises. Toujours sobres, les décors agissent en précision, en nous livrant l’essentiel d’une atmosphère sous des angles originaux qui placent le spectateur en position de cameraman. Entre les tableaux, des bandes sons pesantes ou légères, que l’on désirerait presque voir durer davantage si l’on n’était pas si impatient de découvrir le tableau à venir. L’une des bandes sons va récurrente, et c’est en laissant tonner les rires joyeux d’une assemblée qu’elle nous heurte en renforçant notre sentiment d’isolement pour ces femmes, femmes que l’on comprend si loin d’une joie aussi tumultueuse.

La soirée s’ouvre sur l’enfoncement graduel dans la maladie d’Une femme sans importance, d’une femme seule et simple aux préoccupations risibles, et dont on nous montre qu’elle aussi a tout à perdre dans la déchéance de son corps et jusqu’au crépuscule de sa vie. Nuits dans le jardin d’Espagne agit comme un intermède déjanté, par lequel une femme somme toute ignorante va trouver un sens à sa vie dans la rencontre d’une meurtrière. Femme avec pédicure clôt cet assortiment choisi à merveille, en nous ramenant à la maladie avec une cruauté cinglante. Ici, la maladie vit dans les yeux désabusés d’une vieille fille dont on se demande bien pourquoi elle s’occupe de son légume de frère, puisqu’elle préfère de loin se pervertir enfin dans l’inattendu d’une pédicure aux allures de séances sadomasochistes.

Trois femmes seules donc que la vie va toucher en profondeur pour gagner en sens. Cette pièce est un bijou d’amusement et d’effroi sous l’effet duquel il est bon de sentir monter rires, larmes et vérités.

Christine Sanchez

Talking Heads, d’Alan Bennett
Une mise en scène de Laurent Pelly
Avec Charlotte Clamens, Nathalie Krebs, Christine Brücher

Pièce jouée au Théâtre du Rond-Point du 28 avril au 30 mai

 

 

Du 12 juin au 18 juillet 2009 (relâches exceptionnelles 30 juin, 14 juillet et 18 juillet à 16 h)
Du mardi au vendredi à 20h30
Le samedi à 16 h et 21 h
Location : 0 892 222 333
Tarifs : de 24 à 34 euros
Théâtre Marigny – Carré Marigny – 75 008 Paris – Métro Champs Elysées Clémenceau / Franklin Roosevelt

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