2666 à l’Odéon : un voyage de onze heures au coeur d’un roman-monde
2666 D’après Robert Bolaño Mise en scène de Julien Gosselin Avec Rémi Alexandre, Guillaume Bachelé, Adama Diop, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Carine Goron, Alexandre Lecroc, Frédéric Leidgens, Caroline Mounier, Victoria Quesnel, Tiphaine Raffier Les samedis 11, 18 et 25 mars 2017 Les dimanches 12, 19 et 26 mars 2017 Tous les jours à 11h | Maillon-Wacken Durée : 11h + 3h entracte TNS – Théâtre national de Strasbourg |
Du 11 au 26 mars 2017
Le jeune metteur en scène Julien Gosselin, 29 ans, nous avait épatés en créant au Festival d’Avignon 2013 une adaptation magistrale des « Particules élémentaires » de Michel Houellebecq. Avec sa troupe de jeunes comédiens surdoués et multi-langues, il remet le couvert avec une adaptation du roman-fleuve testamentaire du Chilien Roberto Bolaño, un véritable défi pour une oeuvre de plus de 1000 pages en cinq parties qui déploient des personnages aux quatre coins du monde. L’Europe, l’Amérique du Sud, le désert mexicain, un quatuor de jeunes journalistes en quête d’un mystérieux écrivain allemand au nom italien qui se cacherait à Santa Teresa du Mexique, où vit le serial killer auteur des centaines des crimes sur des jeunes femmes assassinées et violées… Le roman embrasse le monde et les 20° et 21° siècle, et sa furieuse cohorte de guerres mondiales, de guérillas et de mafias diverses. C’est à cette folie littéraire, cette multiplicité de points de vue par différents narrateurs à laquelle s’attache Julien Gosselin avec une époustouflante maestria visuelle et sonore. Dirigeant ses comédiens caméléons comme dans des séquences cinéma, il les fait évoluer dans des cubes de verre (Hubert Colas) en alternant scènes jouées en live et filmées, faisant jouer les comédiens en français, anglais, allemand ou espagnol, leur permettant d’exceptionnels numéros d’acteurs. Vincent Macaigne décoiffe par son show d’écrivain shooté au mescal, tandis Frédéric Leidgens est bouleversant dans en vieil universitaire fou en en ex fonctionnaire nazi. Les décibels des tempos électroniques entêtants pulsent à fond, trop parfois, quitte à nous secouer entièrement le corps. La quatrième partie, dédiée aux meurtres de femmes mexicaines violées, est à ce propos à la limite de l’insoutenable, comme doit l’être la liste des dizaines de crimes de femmes violées dans le livre. Bolaño embrasse tout, les anciens nazis corrompus avec les régimes du Sud de l’Amérique, les nouveaux riches narcissiques de Miami, les sectes, les narco-trafiquants protégés par les dirigeants mexicains, et Gosselin et ses comédiens et techniciens font exploser le cadre du théâtre en l’ouvrant au cinéma et la musique avec la violence métallique et sanglante du monde actuel. On n’en ressort pas indemne. Hélène Kuttner A découvrir sur Artistik Rezo : [Photo : © Simon Gosselin ] |
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