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Hannah O’Neill et Germain Louvet : graines d’étoiles

26 novembre 2014
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Photo_Hannah_ONeil_sebastien_Mathe

Casse-Noisette 

De Tchaïkovski

Chorégraphie de Noureev

Du 26 novembre au 31 décembre 2014

Tarifs : 5 à 130 €

Durée : 2h10

Opéra Bastille
Place de la Bastille
75012 Paris 

La Source

De Delibes et Minkus

Du 29 novembre au 31 décembre 2014

Tarifs : 12 à 130 €

Réservations au
08 92 89 90 90

Durée : 2h15

Palais Garnier
Place de l’Opéra
75009 Paris

www.operadeparis.fr

Ils ont tous les deux 21 ans, un physique qui colle à la danse classique, élégant et racé, et une humilité à la mesure du travail qu’ils ont fourni pour arriver là où ils sont. Entre la préparation aux concours et les répétitions des ballets de fin d’année, Hannah O’Neill et Germain Louvet, “coryphées” de l’Opéra de Paris, se sont posés sur un coin de canapé le temps de dévoiler, juste un peu, qui ils sont et quels sont leurs choix de vie dans l’univers de la danse où tout va très, très vite.

L’engagement

S’engager dans une carrière de danseur classique est comme emprunter une route très tôt, semée d’obstacles, où la compétition est la règle mais où le travail, la discipline et les efforts pour se dépasser peuvent devenir les atouts décisifs pour qui est suffisamment conscient de tout cela, ou alors légèrement inconscient et porté par la grâce. Dans les deux cas, il faut posséder des capacités physiques particulières, une tête très bien faite et un amour de l’art. Pour Hannah O’Neill, moitié japonaise par sa mère et néo-zélandaise par son papa, qui est un ancien rugbyman, la danse, qu’elle a commencé à pratiquer en même temps que le sport, à l’âge de trois ans, est vite devenue une passion. “Ma mère adore la danse classique mais mon père est très sportif. J’ai donc pratiqué assidûment les deux jusqu’au moment où il a fallu que je choisisse. Mais je ne pouvais pas vivre sans danser.” Elle pratique donc la danse classique au Conservatoire puis à 14 ans obtient une bourse pour intégrer l’école de Ballet australien à Melbourne. La voilà dans le circuit des concours classiques en Europe et en Amérique : elle gagne le Prix de Lausanne en 2009, puis de New York en 2010. L’Opéra de Paris, dont le ballet ne faillit pas à sa réputation mondiale, lui tendait les bras.

Le rêve

Photo_Hannah_2“Toute petite, j’ai toujours rêvé de danser à l’Opéra de Paris. L’Opéra, c’est le must pour un danseur classique.” Elle passe donc le concours externe à 18 ans, avant d’être engagée dans le corps de ballet à 20 ans en tant que quadrille, qui est le premier grade de la hiérarchie des danseurs. Trois mois après, elle passe coryphée. De Melbourne à Paris, un parcours remarquable pour une jeune fille qui possède déjà une belle maturité. “À 17 ans, je me suis quand même posé des questions, j’ai eu peur que le concours de l’Opéra ne soit trop difficile et j’ai envisagé le Ballet de Londres. Mais je me suis dit que si je ne le tentais pas maintenant, je ne le ferai jamais et que j’allais le regretter !” Pas trop dur de traverser le monde et de s’installer à Paris, sans sa famille ? “C’était surtout le fait de vivre sans mes amis qui était difficile. Je vivais déjà sans ma famille depuis quatre ans. Mais finalement, j’ai reconstitué mon cercle affectif ici et l’Opéra est devenu ma maison.”

La vie de danseuse

“Mon évolution s’est faite naturellement. À 18 ans, je ne connaissais personne car je n’avais pas fait, comme la plupart des danseurs ici, l’école de l’Opéra. Mais j’ai travaillé, et par mon travail et la reconnaissance des autres, je me suis intégrée. Les danseurs ne sont pas des robots, ce sont avant tout des artistes qui cherchent à se surpasser techniquement en offrant au public un maximum de sensibilité personnelle. C’est notre vie qui nous la donne.” En artiste accomplie, Hannah continue de fréquenter les expositions, de jouer au tennis et de suivre les matchs de rugby, tradition nationale oblige !

Une passion

Germain_2Cette passion pour la danse pratiquée chaque jour, Germain Louvet lui aussi dit l’éprouver, notamment lors des spectacles face au public. “Il n’y a que la passion. C’est ce qui rend nos efforts agréables, on se dit que le jeu en vaut la chandelle. J’exclus le fait de devenir une star. On fait partie d’une génération où n’importe quel inconnu devient une star grâce à Internet. Ce n’est qu’un fantasme. La danse, c’est le contraire d’une loterie. En fait, c’est très ingrat. Il faut commencer très tôt. Il faut avoir le physique qui nous permette de se mettre en scène et un environnement familial et culturel qui favorise cette carrière.” Pour Germain, l’environnement familial se situe en Bourgogne, près de Chalon-sur-Saône, avec des parents travaillant dans le milieu viticole. Rien à voir avec la danse ou la musique. Le père est très sportif. Et Germain, à 4 ans, se met à danser par pur plaisir. Ce plaisir d’enfance perdure et le voilà au Conservatoire régional en classe de danse classique. “C’est là que j’ai acquis toutes mes bases classiques. J’étais en sixième avec des horaires aménagés et le professeur a proposé à mes parents que j’auditionne pour le concours d’entrée à l’école de danse de l’Opéra.” 

L’intégration dans le corps de ballet

“À l’époque, je ne savais pas du tout de quoi il s’agissait. Mes parents ont fait preuve de beaucoup d’ouverture d’esprit : ils ont accepté. Il se trouve que j’ai été pris, mais j’y suis allé très décontracté.” L’inconscience ici a joué comme un atout. “À Nanterre, à l’école de danse, j’ai découvert un monde magique. C’est là que j’ai réalisé que la danse pouvait devenir mon métier. La rigueur de la danse classique, pour moi qui ne suis pas quelqu’un de discipliné, m’a permis de me construire.” Intégré dans le ballet comme quadrille à 18 ans, il “montera” coryphée deux ans après. “Le passage entre deux échelons est très dur. Nous avons cinq minutes pour présenter nos deux variations et il y a très peu de postes vacants.”

Les objectifs

germain“Danser me rend heureux. Être soliste dans un ballet de l’Opéra de Paris, bien sûr que j’en ai envie. Mais j’ai confiance dans ce que l’avenir me réservera. Les 12 et 17 décembre, je vais interpréter l’un des rôles principaux de Casse-Noisette, celui du prince. C’est une grande première pour moi. Je suis très admiratif vis-à-vis du nouveau directeur Benjamin Millepied d’avoir eu l’audace de casser les codes en nous permettant de danser des premiers rôles !” 

Admirations

“J’ai énormément d’admiration pour Nicolas Le Riche, personnalité charismatique avec laquelle j’ai eu le bonheur d’échanger, et actuellement je travaille avec Aurélie Dupont qui me coache pour Casse-Noisette. Je la côtoie tous les jours et c’est une personnalité magnifique. C’est merveilleux d’être ainsi entouré, mais je dois gérer la pression de cette période, entre concours et premiers rôles. La vie privée est un peu en stand by parce qu’il faut préserver toute notre énergie et bien dormir. Mais au mois de janvier, je ferai la fête !”

Hélène Kuttner

[Photos © Sébastien Mathé]

A découvrir sur Artistik Rezo :
Superbe Casse-Noisette de Tchaikovski à l’Opéra Bastille

– Germain Louvet nommé Danseur Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris

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