Simone de Beauvoir réssuscitée au Théâtre Le Lucernaire

Un homme qui partagea avec la figure du féminisme un amour passionné pendant plus d’une quinzaine d’années, alors même qu’elle vivait avec Sartre. Un homme qui vécut avec elle l’avancée de son livre le plus célèbre, devenu un véritable bréviaire pour les adeptes du mouvement féministe, Le Deuxième Sexe. C’est pendant cette période d’écriture que Michelle Brûlé et Oldja Llorca nous propulsent depuis le Théâtre Le Lucernaire afin de nous faire découvrir une grande parenthèse de la vie de Simone de Beauvoir.

Cet homme qui aura su apporter à l’écrivain la passion charnelle, c’est Nelson Algren, romancier américain. De cet amour fusionnel et rendu impossible par l’éloignement géographique d’une femme française et d’un homme américain, naquit une correspondance considérable. En effet, quelques trois cent lettres de Simone de Beauvoir furent publiées de manière posthume par sa fille adoptive dans un ouvrage simplement intitulé Lettres à Nelson Algren. Grâce à ce livre, mis en parallèle avec Le Deuxième Sexe et La force des choses, les deux actrices révèlent avec perspicacité et intelligence, différents traits de caractère de la personnalité.

Avec cette adaptation, Michelle Brûlé s’est quelque peu approchée de ce qui constitue le travail d’un historien. En confrontant les sources, l’artiste parvient avec brio à nous éclairer sur ce que fut la vie de Simone de Beauvoir pendant un moment important de son existence, celui de l’écriture du Deuxième Sexe. Si l’on ne naît pas femme mais qu’on le devient, il apparaît indéniable que l’un des éléments permettant l’accès à ce statut soit bel et bien l’amour.

Deux Simone de Beauvoir

Il y a Simone, il y a De Beauvoir et il y a parfois Simone de Beauvoir. Il y a les Lettres à Nelson Algren, il y a Le Deuxième Sexe et il y a parfois La force des choses. Plus simplement, il y a la femme amoureuse et il y a le grand écrivain, qui, au fond, ne sont bien sûr qu’une seule et même personne. Certes Simone de Beauvoir était tout à la fois, mais grâce à une mise en scène, à une lumière, à des costumes et à des actrices alliant subtilement oppositions et rapprochements, la pièce montre qu’au-delà du grand écrivain féministe, De Beauvoir était avant tout une femme, une femme éperdument amoureuse.

Plus qu’une simple pièce de théâtre, nous sommes ici en présence d’une pièce de théâtre musicale. Effectivement, entre jeu théâtral, accordéon et chant, les deux actrices nous entraînent pour notre plus grand plaisir dans La Ballade de Simone. Une ballade, véritable œuvre lyrique mais également une balade entre les différents aspects de la personnalité d’une des femmes les plus éminentes du XXe siècle.

Créée en octobre 2009 à Saint-Maur, la pièce a déjà été jouée en différents endroits et sera accueillie en 2010 au Montansier à Versailles pour la journée de la femme, puis au Trois Pierrots à Saint Cloud.

En attendant, profitons de son arrêt au Théâtre Le Lucernaire pour passer un réel bon moment. Entre rires, émotion, questionnements et tendresse, le spectateur aura le plaisir de pénétrer, l’espace d’une soirée, la vie privée d’une femme aujourd’hui devenue publique.

Jonathan Hoenig

La Ballade de Simone

Texte : adaptation de Michelle Brûlé d’après Le Deuxième Sexe, La force des choses et Lettres à Algren.

Mise en scène : Nadine Darmon.

Actrices : Michelle Brûlé et Odja Llorca en alternance avec Sarajeanne Drillaud (les 10, 11, 12, 15, 17 et 19 décembre 2009).

Jusqu’au 23 janvier 2010

Du mardi au samedi à 21h (relâches les 16, 18, 25 décembre et le 1er janvier)

Durée : 1h10.

Tarif plein : 30 euros.

Tarifs réduits : séniors : 20 euros / – de 26 ans, chômeurs : 15 euros / enfants : 10 euros.

Théâtre Le Lucernaire

53, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris, VIe.

M° Notre Dame des Champs, Vavin

Réservations : 01 45 44 57 34

http://www.lucernaire.fr/