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Sergi Lopez : « Au théâtre j’interprète, au cinéma je joue…»

17 juillet 2014
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Sergi-Lopez

Sergi Lopez : « Au théâtre j’écris et j’interprète, au cinéma je joue »

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Avec « 30/40 Livingstone », un spectacle en français présenté dans le cadre d’ « Avignon à la Catalane » au Théâtre de la Luna jusqu’au 27 juillet, Sergi Lopez, l’acteur espagnol le plus populaire en France propose avec son ami Jorge Pico un moment de théâtre inédit, étonnant et mystérieux, une fable métaphysique et burlesque qui ne ressemble à rien de connu.

L’engagement des deux acteurs, la présence exceptionnelle de Sergi Lopez dans ce voyage qu’ils ont écrit à deux mains fait déjà de ce spectacle le « must » du festival OFF, un de ceux qui font depuis le début salle comble.
Attablé à l’ombre du soleil de la Cité des Papes, l’acteur de 48 ans se confie et nous explique la genèse de son projet et son attachement au théâtre.

Revenir au théâtre, c’est un désir qui vous chatouillait depuis longtemps ?

-Oui. Je vis depuis quelque temps une super histoire d’amour avec le cinéma, ce qui était pour moi assez inattendu. J’ai toujours vécu cela comme un accident. J’ai commencé par faire du théâtre en Espagne, puis je suis venu à Paris et j’ai continué d’étudier à l’Ecole Jacques Lecoq où j’ai connu Jorge Pico. Quand j’ai fait mon premier film je n’avais pas conscience de faire du cinéma et je suis rentré en Espagne pour jouer au théâtre. Le théâtre est pour moi l’origine de tout. D’autant que pour ce spectacle, nous sommes les auteurs et interprètes de ce que nous jouons, contrairement au cinéma où on vous demande d’incarner des personnages déjà écrits. Au théâtre, j’écris, tandis qu’au cinéma je joue.

davidruanoSur la scène, vous vous exprimez à travers des mots mais aussi beaucoup avec votre corps que vous exhibez à la manière d’un jeu, tantôt enfantin, tantôt grave. C’est assez intime. Comment est né ce spectacle ?

-Nous avions déjà créé « Non Solum », un monologue humoristique qui a eu beaucoup de succès en 2005 et nous avions envie de retravailler ensemble. Mais il nous fallait trouver nos personnages en respectant nos différences de jeu. Nous sommes des extra-terrestres de différentes planètes. Je suis concret, il est plus aérien. Notre spectacle s’est construit par touches successives sans savoir vraiment où on allait ! Les personnages sont apparus au fur et à mesure de nos désirs et je suis encore étonné par la fin de la pièce. Nous ne voulions pas qu’elle soit explicite, le public doit être déstabilisé. Tout peut être vu comme un rêve.

On a l’impression que vous vous autorisez une liberté totale sur la scène. Est-ce comme cela que vous voyez les choses ?

-Dans ma vie, je suis plutôt timide ! Je ne m’autorise pas à me regarder ! Mais sur scène, j’obéis aux pulsions de mon personnage, qui ne sont pas forcément les miennes. C’est comme au cinéma, il y a beaucoup d’acteurs qui me parlent de leurs personnages comme s’ils se projetaient en eux. Moi, je ne me pose pas la question, ce n’est pas parce que je joue un homosexuel que je me pose la question de l’homosexualité ! Dans la pièce, mon père est un juge qui regarde les matches de tennis. Mon vrai père n’est ni juge, ni amateur de tennis. Reste que dans le spectacle le père que je joue est aussi mon père avec ses règles patriarcales auxquelles j’essaie d’échapper !

Vous parlez aussi des choses qui vous énervent dans la vie quotidienne, du tennis, des VIP. Vous vous mettez en colère !

-Jorge et moi ne concevons pas un spectacle sans nous préoccuper de l’actualité. On lit les journaux et le spectacle doit parler de la manière dont nous vivons aujourd’hui et de la société.

ruanoMais vous êtes vous-même un « people », vous avez eu un César, vous avez la carte VIP, non ?

-C’est vrai ! Mais je ne vais jamais à Roland Garros ! Je suis un « people » à ma manière et c’est pour cela que j’en parle. Je vis à Vilanova en Catalogne et les gens qui m’entourent n’ont pas vu tous mes films. Je m’aperçois que je suis un « people » quand je suis sur des tournages mais pas du tout dans ma vie.

Comment allez-vous faire pour combiner la tournée de ce spectacle, vu le succès, et l’organisation de vos tournages de films ?

-Je vais m’adapter, je jouerai au théâtre et le cinéma s’adaptera.

Hélène Kuttner


[David Ruano de la pièce 30/40 Livingstone]

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