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“Scarlett O’Hara, la dernière conférence de Vivien Leigh” ou l’ode au théâtre partagée par Caroline Silhol

Helène Kuttner 21 mars 2025
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©Toubon

La comédienne Caroline Silhol choisit d’incarner, sur le plateau du Poche Montparnasse, l’actrice Vivien Leigh, révélée au monde entier par son personnage de Scarlett O’Hara dans « Autant en emporte le vent ». À travers une conférence où se révèlent sa splendeur et ses failles, Vivien Leigh nous parle à travers son interprète qui partage le même enthousiasme pour l’art théâtral, considéré comme une vocation religieuse. Un monologue d’une stupéfiante intensité.

Scarlett O’Hara

©Toubon

Qu’est-ce qui fait les stars ? Pourquoi, en 1967, lorsqu’ elle décède à l’âge de 53 ans de la tuberculose, tous les théâtres de Londres éteignent leurs lumières pour rendre à Vivien Leigh un ultime hommage ? D’une beauté ravageuse, d’une classe folle, dotée d’un talent aussi puissant que sa ténacité, Vivien Leigh, née en Inde dans une famille bourgeoise, n’aura de cesse de donner corps à ses rêves. Son premier rêve était de devenir actrice. Défiant tous les codes de la moralité et malgré un mariage et un enfant à l’âge de 20 ans, la jeune anglaise décroche en quelques années de travail acharné le rôle qui fera d’elle une icône internationale, Scarlett O’Hara dans Autant en emporte le vent, coiffant au poteau toutes les stars d’Hollywood. Son second rêve était d’épouser un jeune et brillant acteur, Laurence Olivier. Ces deux-là sont mariés, mais qu’importe, leur passion et leur talent réciproque défrayeront la chronique et feront valser les conjoints antérieurs. Le couple mythique, « The Theater Royals » comme on les surnommait à l’époque, fera triompher les plus grandes pièces : Hamlet, Macbeth, Antigone, César et Cléopâtre, Anna Karénine ou un Tramway nommé désir, qui valut à la comédienne un second Oscar, après celui de Autant en emporte le vent. Mais la fragilité psychique de Vivien Leigh, sa bipolarité et ses crises soudaines, mettront fin à cette union parfaite.

Caroline Silhol, interprète vibrante

©Toubon

L’affiche de Autant en emporte le vent est derrière elle, qui étale ses couleurs franches et ses rouges provocants, à l’instar du décolleté scandaleux de Scarlett s’offrant à la bouche moustachue de Clark Gable. Nous sommes bien dans l’atmosphère moite et lourde du sud des États Unis, celle qui colle aux corps imbibés de gin et qui fait monter dans la tête un désir d’absolu. Caroline Silhol est stoïque dans sa robe blanche au tissu mouvant. Elle est Vivien, avec sa fragilité et sa force de femme, son immense courage, à l’écoute d’un monde qui va la happer, bien qu’elle s’y refuse. Elle raconte sa jeunesse bridée par des années de pensionnat anglais, son premier mariage et sa fille qu’elle semble avoir sacrifiés, l’absolu de la scène et du théâtre, le magnétisme des grands rôles et l’amour fou pour son alter ego, Olivier, avec lequel elle danser un tango langoureux et fatal. Caroline Silhol nous emmène, nous embarque sur les tournages interminables où Georges Cukor et David O’Selnick se la disputent. Elle parvient à saisir et à transmettre la folie d’incarner, de jouer et d’aimer, à une époque où le puritanisme terrorisait la société américaine. Le texte de la pièce est signé de Marcy Lafferty, une actrice américaine passionnée par Vivien Leigh. Anne Bourgeois, avec une intime délicatesse, met en scène la comédienne dans de belles lumières de Denis Koransky. C’est un vrai régal.

Helène Kuttner   

 

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