Sankai Juku : Sept danseurs-moines
Chorégraphie et conception de Ushio Amagatsu
Musique de Takashi Kako, Yas-Kaz, Yoichiro Yoshikawa
Lumière : Satoru Suzuki
Son : Junko
Avec Ushio Amagatsu, Semimaru, Sho Takeuchi, Akihito Ichihara, Ichiro Hasegawa, Dai Matsuoka, Norihito Ishii, Shunsuke Momoki
Durée: 1h25
Sceaux, Théâtre Les Gémeaux
Vendredi 16 mai 20h45 Samedi 17 mai 20h45 Dimanche 18 mai 17h00
www.lesgemeaux.com
Grenoble, MC2
Mardi 13 mai 20h30 Mercredi 14 mai 19h30
www.mc2grenoble.fr
Théâtre de St Quentin en Yvelines
Mardi 20 mai 20h30 Mercredi 21 mai 20h30
www.theatresqy.org
Scène nationale de Sète
Samedi 24 mai 20h30
www.theatredesete.com
Limoges, Opéra
Mardi 27 mai 20h30 Mercredi 28 mai 20h30
www.operalimoges.fr
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Comme nul autre, Amagatsu sait provoquer une sensation de frayeur à travers le sublime. Beau et effrayant à la fois, un danseur de Sankai Juku ne possède ni sexe ni chair. Il est le cri muet du tableau d’Edvard Munch, devenu faisceau de lumière. Dans ses rites blanchâtres, Amagatsu n’est pas immatériel, il est en transition. Le corps contient ce qu’il était et ce qu’il deviendra. 20 ans plus tard, les premiers spectateurs se souviennent toujours aussi vivement des danseurs suspendus par les pieds.
Le butô émergea dans le Tokyo du début des années 1960. Pourquoi a-t-on mis vingt ans avant de le découvrir? Vue depuis l’Europe, il s’agit d’une danse venue d’une île mystérieuse et donc d’une histoire artistique d’avant la mondialisation. Vu du Japon, c’est moins sûr. Le butô est une forme à moitié occidentale sous forte influence de l’expressionisme allemand et d’Antonin Artaud. Et Amagatsu s’est formé en ballet et danse moderne avant d’explorer la tradition chorégraphique et spirituelle de son pays. Mais au grand dam de Tatsumi Hijikata, père fondateur du butô, il a rapidement cherché à plaire au public occidental, avec le succès que l’on sait.
L’influence expressionniste, évidente chez Hijikata, a laissé la place, chez Sankai Juku, à des images spirituelles, à un reflet de l’âme humaine dans son lien avec le cosmos. Les premières créations d’Amagatsu pouvaient investir l’espace public, les danseurs étant suspendus par les pieds, la tête en bas. Ces performances plutôt grinçantes ont cessé après la chute mortelle d’un danseur en 1985.
Aujourd’hui, la tragédie de Fukushima inspire à Amagatsu une création dont le titre signifie « Mémoires d’avant l’histoire », histoire de lancer comme un appel à tous les hommes de la terre à méditer sur l’équilibre de la nature, sur la mort et nos émotions fondamentales.
Thomas Hahn
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