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Saïef Remmide : “La danse c’est une énergie qui va donner lieu à une expression”

Charlotte Gaillard 19 juillet 2021
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© Crédit photo: Alexandre Castaing Spectacle NaKaMa

Saïef Remmide est un jeune danseur et chorégraphe. Il nous explique son rapport à la danse, les sources de ses créations, ses projets et sa carrière en tant que chorégraphe. Rencontre.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Saïef Remmide, je suis danseur, interprète et chorégraphe. J’ai commencé la danse par le Hip-Hop et peu à peu je me suis ouvert à d’autres formes et types de danse, comme la danse contemporaine et d’autres formes qui vont au-delà de la danse, comme les arts martiaux par exemple. Ensuite j’ai été amené à travailler avec différents chorégraphes dans le champs chorégraphique Français et Européens, tel que Rachid Ourdamane qui est aujourd’hui à la direction du Théâtre National de Chaillot à Paris. J’ai aussi travaillé avec Mourad Merzouki qui est directeur du centre chorégraphique National de Créteil.

Qu’est-ce-que la danse pour vous ?

Vaste question ! Mais dans un premier temps, la danse pour moi c’est du mouvement qui est souvent dirigé par une attention, une énergie qui va donner lieu à une expression. Cette expression peut être dirigée de différentes manières : par exemple, une expression pour soi, c’est à dire pour jouer, pour s’amuser, ou pour prendre simplement du plaisir. Dans le monde professionnel, ce sera plutôt dirigé vers de l’interprétation, dans le but de servir des projets chorégraphiques ou des performances.

Plutôt danse classique ou danse contemporaine ?

Pour ma part je suis plutôt danse contemporaine. L’idée que j’ai du mot “contemporain” n’est pas directement reliée à une forme de danse, car pour moi, “contemporain”, c’est ce qui appartient à l’époque présente, aujourd’hui et maintenant. Qu’a-t-on, quelque part, à dire, raconter, ou à montrer ? La danse contemporaine est un domaine très vaste. En effet, il y a peut-être autant de danse contemporaine qu’il y a de danseurs, de chorégraphes qui cherchent à travailler autour du mouvement. J’aime les formes de danse qui impliquent le corps dans une certaine physicalité et fluidité.

Quelle forme prend la danse dans vos divers chorégraphies ?

Pour moi la danse va prendre la forme d’un lien, elle va être le vecteur du lien qui est pour le moment la notion fondamentale que je traite dans mes différents spectacles. Elle va s’exprimer de différentes manières, à la fois par le fait d’aller croiser des cultures qui sont différentes (des danseurs de certaines origines, avec des savoirs faire différents), et de voir quels types de lien on peut créer.

De manière plus concrète, je vais m’appuyer sur une gestuelle et un vocabulaire qui va beaucoup utiliser la physicalité de la danse. Notamment dans tout ce qui est rapport au sol, aux hauteurs, aux déplacement… C’est aussi une danse où l’on va chercher notre partenaire en vue de le taquiner pour aller le stimuler. Cela permet de voir à travers l’autre comment je peux bouger et non pas me faire bouger, mais comment l’autre peut me faire bouger.

Quels sont et quels ont été vos objectifs dans votre carrière ?

Venant des cultures urbaines, je me souviens que quand j’ai commencé à danser, je voulais faire des compétitions et pouvoir voyager à travers le monde, dans le but d’aller me confronter à différents danseurs dans le monde entier. J’ai expérimenté cela un temps puis, quand je suis allé dans la direction de la chorégraphie, dans les compagnies, mon objectif (si j’ai à le conscientiser aujourd’hui, parce qu’avant je n’en avais pas forcément conscience), c’était de travailler avec des personnes qui allaient plutôt vers des formes de danse assez physiques avec une esthétique et une qualité qui me parlait. Je me suis donc formé dans certaines techniques de danse contemporaine. En Belgique, avec la compagnie Eastman de Sidi Larbi Cherkaoui et notamment avec ses danseurs dont Damien Fournier et Damien Jalet ; puis avec David Zambrano créateur des techniques de danse Passing Through et Flying Low. J’ai donc appris pas mal de choses et je pense que ce qui m’animait le plus, c’était de rencontrer des personnes que j’admirais, dont j’appréciais le travail. Concernant la partie chorégraphe, mon objectif est de pouvoir aller au bout de mes ouvrages chorégraphiques, de pouvoir les créer et les montrer. D’être juste avec les intentions que je veux aborder. D’avoir une large diffusion pour rencontrer différents publics, pouvoir échanger et mettre en rapports nos différentes idées.

© Crédit photo: Yannick Perrin

Qu’est-ce-qui vous inspire, quel est votre processus de création ?

Mes inspirations sont assez diverses. Je m’inspire non seulement des différentes chorégraphes avec qui j’ai travaillé mais aussi de choses qui sont complètement extérieures à la danse mais qui sont aussi relatifs au mouvement. Par exemple, je m’inspire de certains arts martiaux comme le Systema et le Wing Chun. Je m’inspire aussi de ce que la société me renvoie, ce qui va me permettre d’aborder certaines problématiques et de tenter d’en parler par le geste. Je me nourris aussi des rencontres que je fais, je me suis beaucoup inspiré de la culture Japonaise. D’ailleurs, mon premier spectacle NaKaMa était un peu tourné autour de cette culture confrontée à la mienne, le collectif face à l’individu.

Mon processus de création est déjà basé sur la rencontre que je fais avec mes interprètes. De là, c’est un petit peu un jeu de Ping Pong, où je vais essayer de leur rapporter déjà l’idée du spectacle, de certains mouvements et de voir comment eux s’en emparent avec leur corps. Je travaille ainsi, que ce soit avec ceux qui sont à la lumière, à la technique, à la danse en elle-même etc… et ensuite j’essaye de veiller à ce que les mouvements et l’ensemble du spectacle puissent vraiment aller dans le sens des problématiques que j’aborde et des intentions que je me fixe.

Avez-vous un projet chorégraphique ou un spectacle en cours de réalisation aujourd’hui, malgré la crise sanitaire ?

En ce moment même je suis en train de travailler sur mon prochain spectacle qui s’appelle “Ex- Change” et qui est co-écrit avec un circassien. La danse et le rapport au cirque vont être mis en présence et on se posera la question de l’altérité. Nous voulons ainsi voir comment à travers l’autre je peux me nourrir et comment peut-on se nourrir dans le but de se construire et évoluer. À quel point l’altérité est-elle nécessaire pour se découvrir soit même ? Le cirque a un rapport au mouvement qui est différent de la danse, différent aussi des arts martiaux et donc nous verrons à travers ce projet comment on peut sortir de son confort et créer du dialogues.

« La crise sanitaire a été pour moi une bulle pour l’introspection. J’ai vu quelle formes de création je pouvais aborder pour cette année (car au niveau diffusion c’est un peu compliqué, les théâtres sont fermés donc il est difficile de montrer ses spectacles, j’espère que ça va se rétablir prochainement). J’essaye donc de m’adapter en cherchant et en essayant de créer diverses choses, en continuant surtout à être dans l’action de faire ! »

Propos recueillis par Charlotte Gaillard

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