Roberto Zucco : un serial killer au TGP
Roberto Zucco |
![]() Ultime pièce de Bernard-Marie Koltès, Roberto Zucco retrace la trajectoire fulgurante et mythique d’un jeune homme assassin de ses parents et qui va défier la police avant de se suicider. La violence inexpliquée de ses gestes a fasciné l’auteur en 1988. Richard Brunel monte la pièce avec les acteurs de la Comédie de Valence avec une énergie et une sincérité impressionnantes. Quand Bernard-Marie Koltès écrit sa pièce en 1988, il s’inspire d’un fait divers réel et scandaleux qui le fascine et l’obsède : la cavale insensée d’un tout jeune homme en Italie qui assassine sa mère et son père, avant d’être interné et déclaré schizophrène, de s’échapper au bout de cinq ans et, après des études de géologie, de commettre plusieurs viols et meurtres en France. Poursuivi et emprisonné, dénoncé par sa petite amie, il se suicidera en prison avant d’être jugé. Intelligent, séduisant, mystérieux, le héros de Koltès semble brûler sa vie et enflammer celle de tous ceux qu’il rencontre. Hamlet ou Macbeth, Roberto Zucco semble errer dans une nuit très noire où la rue, le métro, les quartiers glauques à prostituées, les rencontres hasardeuses constituent pour lui des repères lumineux d’une liberté inconditionnelle. Le metteur en scène Richard Brunel fait de son univers un espace en chantier, un no man’s land à ciel ouvert mais rempli de terre brune et humide. Pio Marmaï incarne cet être ambivalent d’une douceur trompeuse et d’une puissance animale, regard sombre et mains d’enfant. Ensorcelée par son magnétisme sensuel, la gamine de Noémie Develay-Ressiguier est formidable d’intensité et de spontanéité rageuse. Tout sauf psychologiques, extrêmement écrits et précis, les répliques et monologues de Koltès exigent des acteurs une justesse et un investissement total. Dans le rôle de la mère de Zucco et de la mère maquerelle, Évelyne Didi fait fureur, tendre et envahissante à la fois, tandis que Luce Mouchel incarne formidablement la dame élégante qui refuse de donner les clés de sa Mercedes à Zucco. Blonde et fine, la comédienne parvient avec une sobriété percutante à dessiner un monde, celui d’une bourgeoisie frustrée par son cadre, assoiffée d’aventures et prête à risquer la vie de sa progéniture par jeu et orgueil social. Il y a de très beaux moments dans ce spectacle qui donne à voir une belle générosité de troupe. Peut-être peut-on regretter le manque de mystère dans cette incarnation d’un anti-héros monstrueux mais cependant poète, qui semble se défier des pesanteurs du monde réel. Hélène Kuttner [Photos © Jean-Louis Fernandez] |
Articles liés

Yazid Assoumani en spectacle au Point Virgule
C’est avec un phrasé exceptionnel que Yazid vous perlera d’un quotidien pas si différent du vôtre, à quelques exceptions près. Dans son spectacle, il vous garantit des rires du début à la fin. Peut-être même (sûrement) que les rires...

Le one-woman-show de Sandra Colombo, “Que faire des cons ?” au Point Virgule
Le monde devient de plus en plus flou et on ne sait plus sur quelle valeur compter… Une seule reste comme un phare dans la nuit : la connerie. Comment repérer les cons ? Comment vivre avec ? Comment...

Vincent Seroussi dans son spectacle “Bien élevé” toujours au Point Virgule !
Vincent réfléchit sur le monde et la société qui nous entour(loupent). Tantôt cynique ou absurde, Vincent partage ses péripéties quotidiennes ou humour et sagacité s’entremêlent joyeusement… Le tout avec un zest de tendresse… parce qu’il est bien élevé !...