0 Shares 1496 Views

Rien de moi, une histoire d’amour et de solitudes à la Colline

7 octobre 2014
1496 Vues
Rien_de_moi_1

Rien de moi

De Arne Lygre

Mise en scène de Stéphane Braunschweig

Avec Chloé Réjon, Manuel Vallade, Luce Mouchel et Jean-Philippe Vidal

Du mercredi au samedi à 21h, mardi à 19h et dimanche à 16h

Tarifs : de 9 à 29 euros

Réservation : 
01 44 62 52 52

La Colline
15, rue Malte Brun
75020 Paris
M° Gambetta

www.colline.fr


Lorsque seuls les mots forment l’action, le théâtre prend une dimension métaphysique où tout devient possible, l’amour fou comme le désir le plus cru. Quelque part en Norvège, au bord d’une mer glacée, un couple se découvre et s’invente physiquement devant nos yeux. La nouvelle pièce du dramaturge Arne Lygre, montée de manière très clinique par Stéphane Braunschweig.

Le metteur en scène Stéphane Braunshweig aime les poètes nordiques. Après Ibsen, c’est au tour d’Arne Lygre, 46 ans, en résidence actuellement au Théâtre National d ‘Oslo, d’être exploré au Théâtre de la Colline. « Rien de moi » est un texte sans concession, fort et ciselé, d’une précision tranchante comme une arme. Il raconte l’installation d’un couple qui vient de se rencontrer et qui commente, en agissant, chacun de leurs faits et gestes. La pièce est écrite du point de vue de la femme, « moi » incarnée par Chloé Réjon. Elle vient de quitter son mari et son enfant, après le deuil de sa fille et rejoint « lui » (Manuel Vallade), son jeune amant, pour construire une nouvelle vie.

Rien_de_moi_2Dans la boite blanche que le metteur en scène et Alexandre de Dardel ont conçue, les deux comédiens s’avancent l’un vers l’autre sans se toucher, manifestant leurs actes, leurs désirs à travers le langage. Ils disent ce qu’ils font, ce qu’ils désirent, et leur volonté s’accomplit. Comme si seule la force du désir immédiat, sans contrainte et sans morale, suffisait à mouvoir leur histoire. Comme si le langage, avec sa force et son emprise, avait la capacité d’enfermer les gens dans l’image que chacun se fait d’eux. D’ailleurs, que viennent faire les fantômes familiaux, la mère et les deux enfants, sinon brouiller la limpidité de cette intrigue ?

De l’espace et du temps, pour mieux ciseler le langage qui opère. La mise en scène souligne la distanciation des personnages et dessine autour de chacun d’eux une bulle de solitude avec des lumières rasantes et blanches. On aurait aimé davantage d’intensité derrière la froideur formelle de la langue, comme un feu qui brûle sous la glace. C’est Luce Mouchel, frémissante et fragile, interprétant tour à tour la mère et les deux enfants, qui fait basculer la pièce à l’endroit du drame. Elle est splendide de finesse et de réactivité à fleur de peau. Jean-Philippe Vidal, le mari de la femme, parvient le temps d’une courte scène à alourdir le présent de sa gravité charnelle. Car la pièce parle de l’illusion que nous confère le pouvoir des mots sur nos proches, tout en laissant les situations en suspens. Libre au spectateur de réinventer la suite. Nous nous contenterons de révéler que comme la Norvège, le plateau de scène se laisse envahir par l’eau.

Hélène Kuttner

[Photos : Elisabeth Carecchio]

Articles liés

“La Ménagerie de verre” de Tennessee Williams : une création inédite à découvrir pour la première fois au Lucernaire !
Agenda
33 vues

“La Ménagerie de verre” de Tennessee Williams : une création inédite à découvrir pour la première fois au Lucernaire !

Nous sommes chez les Wingfield, à Saint-Louis, dans l’Amérique des années 30. Amanda élève seule ses deux grands enfants, Tom et Laura. Elle est dépassée par l’éducation de ses enfants, connaît des difficultés financières et une sorte de crise...

Après un beau succès, “L’Alchimiste” de Paulo Coelho revient au Lucernaire
Agenda
34 vues

Après un beau succès, “L’Alchimiste” de Paulo Coelho revient au Lucernaire

À la suite d’un rêve lui révélant l’existence d’un trésor caché, Santiago, jeune berger andalou, décide d’entreprendre un voyage. Ce périple le conduit d’Andalousie jusqu’au pied des pyramides, en passant par Tanger et le désert du Sahara… Ce voyage...

“Scarlett O’Hara, la dernière conférence de Vivien Leigh” ou l’ode au théâtre partagée par Caroline Silhol
Spectacle
110 vues

“Scarlett O’Hara, la dernière conférence de Vivien Leigh” ou l’ode au théâtre partagée par Caroline Silhol

La comédienne Caroline Silhol choisit d’incarner, sur le plateau du Poche Montparnasse, l’actrice Vivien Leigh, révélée au monde entier par son personnage de Scarlett O’Hara dans « Autant en emporte le vent ». À travers une conférence où se...