Richard Hervé est Supersnob au théâtre des Feux de la Rampe
Supersnob De et avec Richard Hervé Mise en scène : Nathalie Vierne Jusqu’au 15 avril 2014 Théâtre des Feux de la Rampe |
Folles Noces !
Un jeune comédien qui nous promène dans son univers, nous entraîne sur des pistes inattendues et finit par nous tendre un miroir à peine déformant de notre propre vécu. Son fil rouge : un mariage. Des piques qui fusent en rafales, des répliques irrésistibles et une présence scénique de chaque instant. Superchouette ! Richard n’est pas vraiment à la noce lorsqu’il lui faut honorer l’amitié qu’il a pour Thierry et Isabelle en se rendant en province à leurs épousailles. Lui qui vit avec Sophie sans vraiment être certain de la pérennité de son couple ni de son hétérosexualité, ainsi que le lui révèle un test dans un magazine, est plutôt du genre à se claquemurer dans la capitale loin de ces ploucs dont les prénoms à eux seuls constituent une insulte à son snobisme parisien. Pourtant, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il se prépare à ce supplice. Et s’y rend. Mariages chiants et noces barbantes… Qui n’a pas un jour connu cette déréliction au milieu des « con-vives » endimanchés, cette envie d’être n’importe où ailleurs plutôt que de jouer le pot de fleurs dans cet aréopage dégoulinant de sourires béats ? Le sujet est une autoroute pour un scénariste. On attend toujours le film qui réussira à le traiter comme il le mérite. Pour l’heure, les planches nous proposent soixante-dix minutes de délire sur ce thème, véritable puits sans fond de comédie humaine. Avec effet boomerang en prime Richard Hervé est, hors scène, une montagne de sensibilité. Son show relève donc bien de la performance d’un comédien qui va interpréter le mec pénible, prétentieux, le snobinard bobo. Et si cela lui va comme un gant, c’est surtout parce qu’il va déjouer bien des codes. Le tableau du casse-bonbon blasé de tout ce qui n’est pas son nombril de parigo est déjà immensément drôle, succession de situations loufoques, de la jouissance à passer l’aspirateur au marabout qui fait raquer 300 euros une demi-douzaine d’œufs à des fins thérapeutiques pour qu’ils finissent fracassés sur le bitume. Mais lorsque s’y mêle plus que de l’autodérision, une autocritique en règle avec effet boomerang assuré, l’acidité du verbe n’en est que plus jubilatoire. Dans un crescendo permanent, l’auteur comédien va donc se mettre en scène (le spectacle est 100 % autobiographique, nous a-t-il confié) sans craindre l’outrance, la démesure, mais surtout cet art difficile de l’exagération contrôlée qu’on appelle la dramaturgie. Nous n’allons bien sûr pas lever le voile sur ce final ébouriffant mais simplement assurer que ce qui le précède regorge déjà de pépites textuelles et piques assassines qui font mouche à tous les coups. Le spectateur est baladé, aspiré dans un tourbillon totalement inattendu. Effet de surprise, textes percutants et comédien brillant : quel beau mariage ! Franck Bortelle [Visuel : Franck Bortelle] |
Articles liés
« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...